Notre-Dame de Paris

Au delà du symbole et de l’émotion

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Tribune libre

L’empressement du pouvoir politique et économique à voler au secours de Notre-Dame de Paris a de quoi laisser pantois. Ces mêmes élites qui font tout pour liquider la France, dilapider son héritage et dissoudre le peuple se font maintenant les défenseurs du patrimoine. Ça sent la récupération.


C’est que Notre-Dame est un puissant symbole d’une culture qui a unit les Français à travers les siècles. Alors pourquoi le pouvoir ne s’en servirait-il pas pour rétablir l’unité compromise par la révolte des Gilets Jaunes?


Pourquoi ne sauverait-il pas ce symbole si cher à la mémoire du peuple en profitant de l’émotion provoquée par le choc du sinistre? C’est que le symbole se réfère à une culture et un esprit que partageaient toutes les classes de la société. L’organisation sociale qui en découle se décrit comme :


« Un système, à la fois sacré et pratique, fait de hiérarchie et de réciprocité où le guerrier sécurise le prêtre et le travailleur; le travailleur nourrit les deux en échange de sa sécurité; tandis que le prêtre (…) est spécifiquement en charge du trésor spirituel. Ce qui implique, outre les rites et la théologie codifiant la révélation, la conservation du savoir, les soins aux malades, la charge des faibles et des indigents, soit - et c’est là que se situe le retour du don – l’éducation, la médecine et la charité. [1] »


Cette organisation sociale a pris fin à la révolution de 1789. Certes il y a eu des abus qui ont mené à la révolution, mais les classes étaient liées par cette culture de réciprocité et de solidarité. C’était la culture chrétienne à l’oeuvre.


La révolution a prétendu instaurer les principes de «Liberté, Égalité, Fraternité». Dans les faits, elle a remplacé les castes dirigeantes par celle des marchands. La réciprocité et la solidarité sont devenus le chacun pour soi du libéralisme. Et le parasitisme qu’on reprochait à l’Ancien Régime est devenu la règle de la société libérale actuelle.


Alors pourquoi le pouvoir voudrait-il sauver ce trésor du patrimoine, aussi précieux soit-il, alors qu’il rejette tout ce qu’il symbolise? Il aurait plutôt un mobile pour le détruire. Est-ce pour restaurer un modèle de société plus humain en s’inspirant de cet héritage? Ou est-ce pour masquer le rejet des valeurs traditionnelles qu’on s’attache au symbole, à l’apparence plutôt qu’à la réalité? En fait, la cathédrale éventrée représente davantage notre époque et les méfaits du libéralisme.


En tout cas, sa restauration ne saurait remplacer la lutte pour la justice sociale que prescrit la culture chrétienne.


 




Références




  1. ^ Alain Soral, Comprendre l’Empire, Éditions Blanche, Paris, 2011, p.78



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