La catastrophe de l’Isle-Verte nous replonge bien sûr devant le drame inhumain vécu par des personnes âgées à mobilité réduite emprisonnées entre les flammes et la fumée en pleine nuit. Toutefois, au-delà de cette tragédie, le sort de ces personnes âgées remet aussi en exergue le drame sociétal auquel elles sont quotidiennement confrontées.
Je veux parler de la lourde solitude que plusieurs de nos personnes âgées côtoient du matin au soir…de cette solitude si bien décrite par Jacques Brel dans sa chanson « Les vieux » dont voici un extrait : « Les vieux ne bougent plus, leurs gestes ont trop de rides, leur monde est trop petit Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit »
Et pourtant, nos « vieux » demandent si peu à la vie pour les « dérider », ne serait-ce que la présence d’un enfant avec qui ils peuvent développer une touchante complicité, tel le spectacle merveilleux d’un vieillard s’amusant à se lancer un ballon dans un parc avec un enfant.
Et, de lancer Brel : « Est-ce d´avoir trop ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d´hier Et d´avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupières? » Qu’attendons-nous pour les visiter et leur donner l’occasion de rire encore à la vie et de simplement parler d’hier?
Un jour pas très lointain où mes signes de vieillissement semblaient plus lourds à supporter, je me suis laissé aller à pondre ce petit poème…
Aux temps lointains de leur enfance
Aux temps jadis où tout petits
Les grands les couvaient dans leur nid
Les vieux ont cru en dame chance
Aux temps de leur adolescence
Vinrent les temps de la turbulence
Ballottés tels des cerfs-volants
Les vieux ont rencontré les grands
À leur tour ils devinrent grands
À l’écart du monde des petits
Jusqu’au jour où devenus vieux
Ils redevinrent les enfants
D’un monde infiniment petit
Où les vieux ne sont que des vieux
« Les vieux ne bougent plus, leurs gestes ont trop de rides »
Nos vieux
Tribune libre
Henri Marineau2093 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
1 février 2014Autrefois, dans le Québec d'antan, les personnes âgées dans les campagnes demeuraient à la maison familiale avec leurs enfants et petits-enfants.
Aujourd'hui, à cause du rythme de vie rapide et inhumain exigé par le Système qui demande aux gens en âge de travailler de performer et de se courir comme des queues de veaux afin de répondre aux besoins du marché pour leur survie et qui demande et à l'homme et à la femme de travailler tous les deux pour joindre les deux bouts, les gens ne peuvent plus s'occuper de leurs parents et grand-parents. D'ailleurs, ils peuvent à peine s'occuper de leurs enfants qu'ils doivent conduire et récupérer dans les garderies à tous les jours et qu'ils voient à peine.
Le sort des personnes âgées ne changera pas tant que nous vivrons sous l'emprise du Système.
Autrement dit, les personnes âgées vont continuer à souffrir de la solitude pour longtemps puisque le Système, c'est un peu la nouvelle religion des citoyens du Québec et du monde, celle qui a remplacé la religion chrétienne, si l'on veut, et les citoyens vouent un culte au Système.
Cela est déprimant et c'est aussi le signe d'une civilisation décadente qui va probablement connaître le même sort que la civilisation du temps de Noé, c'est à dire que notre restant de civilisation sera probablement emportée par une quelconque catastrophe naturelle d'envergure.
D'ailleurs, un volcan se réveille à toutes les semaines depuis quelque temps et la météo fait des siennes dans bien des pays, un signe que la nature est en chamaille.