«N'importe qui sauf Stephen Harper» qu'ils disaient...

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« N'importe qui sauf Trudeau » sera-t-il le mot d'ordre pour 2019 ?


Il s’agit d’une année électorale au Canada. Et bien des yeux seront rivés sur le Québec. Au premier chef, ceux du Parti libéral de Justin Trudeau.  


À plus forte raison est-il important que les citoyens du Québec s’intéressent de plus près à ce qui se passe en politique fédérale. Et ça devrait commencer par ce texte percutant de Paul Wells dans le Maclean’s qu’on aurait pu intituler : «De l'inutilité des ministres au sein du cabinet Trudeau.»  


Ce texte est absolument dévastateur pour Justin Trudeau. Un texte qui se doit d'être lu.  


Paul Wells n'est pas le dernier venu, une référence en ce qui a trait à l'analyse de la politique canadienne. On peut d'ailleurs l'entendre, à l'occasion, comme panéliste occasionnel du segment «Grand angle» à Midi-info, à la Première chaine de Radio-Canada.  


Et Wells frappe là où ça fait mal comme l’indique le titre de son texte : «Dans le cabinet de Justin Trudeau, à quoi ça sert de faire un remaniement ministériel?»  


D’entrée de jeu, l’analyste tue l’exercice dans l’œuf. «Hormis les détails qui entourent la carrière des protagonistes qui seront nommés ministres, en matière de gouvernance, ce remaniement est futile.»  


Ayoye.  


Pourquoi cet exercice serait-il aussi inutile? Car au sein du gouvernement Trudeau, selon Wells mais bien d’autres observateurs aussi, le pouvoir n’est pas entre les mains des ministres, mais plutôt au sein d’une très petite garde rapprochée du premier ministre, au bureau du Conseil privé.   


Exactement ce que l’on reprochait, à l’époque, au gouvernement Harper.   


Paul Wells l’explique, non sans effet de style...  


«Ce n'est rien contre les ministres concernés, qui sont des gens sérieux. Mais il est difficile d’infléchir la trajectoire de l’État, même d’un poste aussi exaltant qu’un siège au sein du Cabinet fédéral. Et, comme cela devient de plus en plus évident pour tous les observateurs, c’est encore plus difficile si ce gouvernement est géré de façon chronique, en sous-main, par un groupe restreint de membres du personnel du Conseil privé, dépassé par les événements, et opérant à partir d’un bâtiment anciennement nommé Langevin.»  


Récapitulons.   


Ça ne sert strictement à rien de changer le nom des ministres quand de toute façon ceux-ci seront incapables d’influencer le cours des choses, car tout se passe au bureau du Conseil privé, la garde rapprochée du PM Trudeau.   


D’ailleurs, Paul Wells ironise en ce sens dans son texte en donnant l’exemple hypothétique de la nouvelle ministre des Anciens combattants Jody Wilson-Raybould qui voudrait proposer des solutions aux vétérans :   


«Je me demande vraiment s’il y a de l’espoir compte tenu des habitudes du Conseil privé du premier ministre. Wilson-Raybould aurait besoin de pouvoir rencontrer des groupes d’anciens combattants et de les convaincre qu’elle peut être considérée comme une véritable interlocutrice, capable d’appuyer ses promesses par des actions, et libre d’intervenir et de provoquer des changements. Toutefois, la réalité est toute autre! Elle devrait plutôt renvoyer ses propositions au bureau du Conseil privé, qui, dans des semaines ou des mois, renverrait les modifications diluées de ses propositions, le tout accompagné de lignes de communication approuvées qui, chaque fois qu’elles sont utilisées, font en sorte que celui ou celle qui les prononce sonne comme un zombie. Tôt ou tard, les interlocuteurs de la ministre se rendraient compte qu’ils ne parlaient pas à une ministre, mais bien à une machine dont la partie la plus importante est dissimulée et hors scène et dont l’émissaire visible, très contrainte, était Jody Wilson-Raybould.»  


Sans farce! Ça fait sourire, ce style, cette prose digne de 1984 ou du monde des robots d’Isaac Asimov!    



«N'importe qui sauf Stephen Harper» qu'ils disaient...

Photo courtoisie




Mais il n’y a rien de drôle là-dedans.   


En démocratie, toute concentration trop grande du pouvoir décisionnel entre les mains d’une garde restreinte, très exclusive, et non-élue, érode inévitablement l’exercice du pouvoir dans le sens même des principes du bien-commun au sens large.   


Le remaniement ministériel de Justin Trudeau, quand on le considère sous l’angle de la très petite capacité d’influence de ceux qui sont nommés ministres, devient strictement cosmétique. Et du point de vue des apparences, tous auront compris que le Parti libéral fédéral sait fort bien que sa réélection passe par le Québec.  


Car au jeu des apparences, le Québec y gagne au change. Un ministre de plus au cabinet et les ténors du parti qui sillonnent la belle province afin d’y consolider l’avance du PLC.   


Le chemin de l’Ontario s’annonce plus complexe pour Justin Trudeau. Notamment dans le 905, la couronne de Toronto, où Libéraux et Conservateurs se livreront une chaude lutte.   


Aux Québécois alors de bien saisir l’importance du prochain scrutin fédéral cet automne. En 2015, on nous l'a tellement répété, il fallait à tout prix sortir le méchant Stephen Harper.    



«N'importe qui sauf Stephen Harper» qu'ils disaient...

Caricature d'Ygreck




Le Québec y a-t-il gagné au change? Justin Trudeau gouverne-t-il de manière radicalement différente de son prédécesseur?   


Poser la question, c’est y répondre.   


Contrôle excessif des mécanismes du pouvoir, avalanche de selfies, promotion indécente du multiculturalisme, déficits à perte de vue, entrées «irrégulières» à 95% au Québec, et achat d’un pipeline pour sauver la face des bonzes de l’industrie du pétrole...   


Pourquoi y fallait absolument se débarrasser de Stephen Harper donc?