«Multiculturalisme» et «trahisons»; les motivations de l'auteur allégué des attentats d'Oslo

Actualité internationale - Oslo attaquée




Alors que la Norvège endeuillée se recueille, dimanche, à la mémoire des victimes de l'attentat à la bombe d'Oslo et de la fusillade de l'île d'Utoya, qui ont fait au moins 93 morts, on en apprend un peu plus sur leur auteur présumé, Anders Breivik, un Norvégien de 32 ans présenté comme un fondamentaliste chrétien proche de l'extrême droite, qui avait apparemment mis en ligne un long manifeste dénonçant le marxisme, le «multiculturalisme et l'islamisation».
Anders Breivik a avoué les deux attaques, mais rejette toute responsabilité pénale, a indiqué dimanche le chef de la police norvégienne Sveinung Sponheim. La police n'a pas voulu dire s'il était bien l'auteur du manifeste publié sur Internet, mais son porte-parole John Fredriksen a confirmé que le document avait été mis en ligne vendredi.
L'avocat de Breivik, Me Geir Lippestad, a lui-même expliqué que son client avait passé plusieurs années à écrire ce document, long de 1500 pages, selon l'agence norvégienne NTB. Le manifeste détaille les opinions du suspect qui, d'après la police, était proche de l'extrême droite et avait publié des messages sur des sites fondamentalistes chrétiens.
«Actes de trahison» des «multiculturalistes»
Intitulé «2083: une déclaration d'indépendance européenne», le manifeste, signé «Andrew Berwick», une apparente anglicisation de son nom, promet aux «multiculturalistes» et «artisans de l'islamisation» qu'ils seront punis pour leurs «actes de trahison». Il y déclare une «guerre préventive» à «toutes les élites marxistes/multiculturalistes de l'Europe occidentale». Et laisse entendre qu'une attaque est imminente: «Afin de forcer avec succès la censure des médias marxistes/multiculturalistes, nous sommes forcés d'employer des opérations beaucoup plus violentes et spectaculaires».
D'après Me Lippestad, l'auteur présumé des attentats voulait «un changement dans la société et, de son point de vue, il fallait forcer (ce changement) par une révolution». Il a indiqué dimanche à la radio-télévision nationale NRK que le jeune homme dit avoir agi seul, alors que certains témoignages ont évoqué un second tireur.
Action longuement préparée
Anders Breivik préparait apparemment son action depuis longtemps et il avait loué une ferme où la police a découvert entre quatre et cinq tonnes d'engrais. D'après une porte-parole de la compagnie Felleskjopet, Oddny Estenstad, six tonnes d'engrais chimiques, pouvant servir à la fabrication de bombe, lui avaient été livrés le 4 mai dernier. Lorsqu'il a été arrêté sur l'île, le suspect disposait encore de beaucoup de munitions, ont indiqué les enquêteurs.
Breivik, inculpé dans le cadre de la législation antiterroriste, sera présenté lundi à la justice, qui se prononcera sur son maintien en détention. Me Lippestad a assuré que son client entendait «s'expliquer» publiquement.
Des larmes
L'heure était par ailleurs au recueillement avec un service religieux à la mémoire des victimes célébré dans la matinée en la cathédrale d'Oslo en présence du roi de Norvège Harald V et de la reine Sonja, qui n'ont pas caché leurs larmes. Des fleurs et des cierges recouvraient une bonne partie de l'esplanade devant la cathédrale. A l'intérieur, l'édifice était comble et nombre de personnes ont suivi la cérémonie dehors, sous des parapluies. Le roi et la reine se sont ensuite rendus sur le site de l'attentat d'Oslo.
Au moins 93 personnes ont été tuées, dont 86 dans la fusillade d'Utoya, selon la police, et près d'une centaine d'autres blessées dans les deux attaques, mais ce bilan restait provisoire. Des personnes étaient toujours portées disparues sur les deux sites et des plongeurs ont poursuivi leurs recherches dimanche dans les eaux autour de l'île d'Utoya.
Les deux sites visés étaient liés au Parti travailliste, qui dirige la coalition gouvernementale. L'attentat à la voiture piégée à Oslo s'est produit dans le quartier des ministères et la fusillade qui a suivi sur l'île d'Utoya s'est déroulée lors de l'université d'été des jeunesses travaillistes.
Anders Breivik s'est rendu à la police lorsque les forces de l'ordre sont arrivées sur cette île située à environ 35 km d'Oslo. Les policiers n'ont atteint le site qu'au bout d'une heure environ après les premiers coups de feu. Entre temps, 86 personnes avaient trouvé la mort dans la fusillade. Le tireur avait dupé plusieurs de ses victimes en se faisant passer pour un policier, selon de jeunes rescapés.
Une équipe des forces spéciales d'intervention est arrivée sur les lieux plus de 50 minutes après que la police a été alertée par des campeurs qui ont signalé avoir entendu des coups de feu de l'autre côté du lac, selon Sveinung Sponheim. Il a fallu vingt minutes au commando pour se rendre au lac en voiture, faute d'un accès rapide à un hélicoptère, puis vingt minutes de plus pour trouver un bateau pour rejoindre l'île, distante d'environ 800 mètres des berges du lac Tyrifjorden.


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