Montréal vaut bien une messe papale

Bb51a78320b1c851a1e804d64127002c

Alleluïa ! Habemus Coderre

En 2017, Montréal soulignera son 375e anniversaire de fondation. Ce sera l’occasion de célébrer son identité. Cet événement exceptionnel a besoin d’un cérémonial. Le maire de la ville, Denis Coderre, y a vu une possibilité de convier le pape François.


Cette fête symbolique essentielle doit être telle que tous les citoyens et citoyennes puissent s’y reconnaître. Or, le pape ne représente, toutefois, qu’une partie de la population montréalaise. Est-ce à dire que l’autre partie constituée de croyants de différentes obédiences ainsi que des non-croyants ne sera point représentée à cette cérémonie?


Je vous rassure d’emblée, je n’ai rien de personnel contre le pape François, que je trouve d’ailleurs à certains égards plutôt sympathique comparé à plusieurs pontifes franchement réactionnaires de l’Église catholique.


Les monothéismes ont évincé le deuxième sexe


Mais par moment, il faut arrêter de se raconter des histoires et de nier l’évidence. S’agissant du Vatican, la frontière entre politique et religion est évidemment très fine. Le clergé continue de se mêler de la vie des femmes exerçant à leur endroit un chantage d’un autre âge. Que l’on pense à la contraception ou à l’avortement ou encore au sida ou à l’homosexualité, l’Église a toujours son mot à dire. Je conviens, aisément, qu’elle n’est pas la seule dans ce cas de figure. La synagogue et la mosquée manifestent la même obsession. Et puis? Puis, rien du tout. La bêtise des uns ne justifie aucunement celle des autres.


Trop souvent, et ce pendant trop longtemps, l’Église a tourné le dos aux femmes. Les monothéismes ont largués les animaux, la nature et évincé la moitié de l’humanité. Parce que le ciel, on le voulait à l’image de la terre. Recentrer le pouvoir autour d’UN gars, le catapulter au sommet de la pyramide était dans l’ordre des choses. Ce n’est guère fini, malheureusement. Il faudra des années, voire des décennies, peut-être plus, pour parvenir à rétablir une forme de  justice. Il faudra surtout, que l’Église témoigne d’un désir profond d’égalité. Ce qui est loin d’être le cas.


Célébrer Montréal, c’est l’élever à l’universel


Au Québec, heureusement que nous avons tracé une ligne entre l’Église et le pouvoir politique. Il ne s’agissait pas tant de casser le catholicisme que de permettre aux femmes une véritable autonomie. Cette émancipation née avec la Révolution tranquille est la seule qui leur a permis de se libérer, de se réaliser et de sortir de leurs chaumières.


Bâtir un espace commun où toutes les citoyennes et tous les citoyens sont conviés, à travers l’exercice de leur raison naturelle, à participer à la définition de l’intérêt général, a été notre ambition collective.


Sauf que voilà, de bons apôtres du multiculturalisme présentent le religieux comme remède alors qu’il n’est bien souvent que l’alibi des communautarismes. Ces politiciens n’ont aucun scrupule ; ils sont à l’œuvre sur les perrons des églises, dans les mosquées et les synagogues, mêlant les cartes et brouillant les pistes entre le profane et le sacré. Ils sont prêts à défaire ce que nous avons mis des siècles à concevoir. Ils se foutent comme de l’an quarante de l’intérêt général. Leur boussole se résume à leurs ambitions personnelles oubliant que le monde dans lequel nous sommes entrés avec cette représentativité excessive des religions est difficile. Il ne nous fait et ne nous fera pas de cadeaux. Souffler sur les braises peut s’avérer dangereux.


La refondation citoyenne est une tâche autrement plus vaste. Il faut mettre l’accent sur ce qui unit et non sur ce qui divise, sur ce qui rassemble et non sur ce qui sépare. L’accès à la citoyenneté se fait par l’éducation et la culture et ne se négocie aucunement avec les chapelles religieuses. Cela prend du temps mais cela donne du sens à la politique.


Célébrer Montréal c’est l’élever à l’universel et non l’enfermer dans les particularismes religieux.


Si la volonté politique ne fait pas défaut, Montréal pourra montrer le chemin à un monde qui a besoin d’être éclairé par des valeurs humanistes et laïques.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé