Texte publié dans Le Devoir du mardi 13 mars 2012

11 mars 2012

Mes petits-enfants ne seront pas de la chair à canon

Je me réveille, en ce dimanche matin du 11 mars, encore choqué et bouleversé : l’armée canadienne était hier soir à Boisbriand pour tenter de séduire et de recruter les centaines de jeunes femmes et de jeunes hommes qui assistaient à une partie de hockey de la Ligue junior majeur du Québec. Drapeaux, fanfare, kiosque de promotion, tout y était. Avant la partie, on a présenté quelques soldats et souligné leur courage au combat. Ils étaient devenus des héros qui avaient défendu, au péril de leur vie, notre pays en Afghanistan. L’un d’eux avait même survécu alors que son camion était en feu. À l’une des pauses, un camion militaire sillonnait la glace pendant qu’un soldat lançait aux jeunes dans les gradins des chandails à la gloire de l’armée canadienne, en anglais évidemment.

Mais, à quoi les dirigeants de l’Armada de Blainville-Boisbriand ont-ils pensé? Quel intérêt ont-ils à s’associer à l’armée canadienne et à la glorification de la guerre? Ont-ils demandé la permission des parents qui amènent leurs enfants se divertir en assistant à une partie de hockey : le public cible de l’Armada est composé en bonne partie de jeunes qui ne sont pas majeurs. Ces dirigeants de l’Armada ne savent-ils pas qu’une majorité de Québécois sont des pacifistes et qu’ils sont contre la guerre et la présence de l’armée canadienne en Afghanistan?

On interdit avec raison la présence de l’armée canadienne dans nos écoles, je ne comprends pas davantage qu’on lui permette de conter fleurette à nos enfants et nos petits-enfants dans nos arénas. J’attends des explications des dirigeants de l’Armada de Blainville-Boisbriand, de la Ligue junior majeur du Québec ainsi que des villes de Blainville et Boisbriand qui sont partenaires dans cet aréna. Je serai bientôt grand-père et je ne veux pas que mes petits-enfants servent de chair à canon.

Claude Bachand, Laval