Pour mon centième...

MERCI

Tribune libre

Mon premier vote fut pour le R.I.N. Je crois bien avoir toujours été séparatiste. Je le suis encore. Je n’ai pas peur ni du mot, ni de l’éventualité, ni des turbulences ni de rien.
Je me suis mis à détester l’idée du référendum dès avant le premier, celui de 1980, lorsque j’ai pu voir le libéral Gérard D. Lévesque, à la période des questions de l’Assemblée Nationale, « questionner », quotidiennement et longtemps avant la tenue elle-même du référendum, « questionner » La Question à venir, jeter de la suspicion et du discrédit sur elle, qui n’était sans doute pas encore écrite, et miner le processus du référendum lui-même, sans que le gouvernement me semblât alors capable de remettre ce fédéraliste à sa place, ce qu’il aurait pourtant mérité cent fois.
Le gouvernement m’avait l’air de tenir une patate chaude dans ses mains plutôt que l’avenir de tout un peuple. Ni René ni Gérard D. ne mirent leur tête sur le billot, mais ils mirent ensemble la tête et le cœur du peuple québécois dans une situation vulnérable, c’est-à-dire humiliante. Croire ou faire croire qu’un peuple ait dit non à sa liberté, c’est consentir à son humiliation. Ce n’est pas vrai qu’un peuple peut-être humilié à répétition sans qu’il ne bronche. On en voit aujourd’hui les résultats pour Nous, de cette jeunesse qui chante en anglais.
Et la « Question » vint finalement, longue et laborieuse, qui semblait donner raison aux turpitudes du rouge, Gérard D Lévesque, et tort à René Lévesque, le maudit séparatiste. L’humiliation vint aussi, bien sûr, qui n’a pas cessé depuis, même si elle est niée.
Je n’ai pas cessé d’être séparatiste, mais je suis alors devenu orphelin de parti. J’ai alors cessé de m’intéresser à la question nationale après avoir voté oui.
D’autres, plus fidèles que moi, n’avaient jamais cessé de s’intéresser à La question. J’en ai retrouvé plusieurs beaucoup plus tard, récemment et par hasard—était-ce un si grand hasard ?—sur Vigile.
J’ai beaucoup lu Vigile avant de lui envoyer un premier texte. Je suis fier mais surpris d’en être à mon centième texte. J’ai lu et je lis encore Vigile au quotidien, bien évidemment, mais j’y lis encore de vieux textes gardés dans la mémoire du site. Quelle mémoire ! Quel site et quelle fidélité !
Plusieurs textes et plusieurs commentaires sur la Tribune m’ont fait changer d’opinions. Il y a ici de redoutables polémistes. Barberis-Gervais, Richard Le Hir et Pierre Cloutier, sont des jouteurs de haut calibre, des joueurs qui ne craignent pas de jouer dans le trafic. Je salue les collaborateurs et chroniqueurs de Vigile : certains textes sont très souvent parmi les meilleurs de toute la presse, en même temps qu’ils sont les plus fidèles à ce que Nous sommes. Comment alors oublier André Vincent et M. Bousquet ? Je remercie G. Verrier et Pierre Bouchard de m’avoir intéressé à Vigile. Je salue aussi, enfin, certains pseudos, tout particulièrement Gébé Tremblay et l’Engagé, non moins fidèles.

Je guette toujours et encore, et encore, et en-co-re les textes d’Andrée Ferretti, aussi les déclarations de Pauline Marois, bien évidemment, toutes deux capables de tenir le gouvernail du navire Liberté quand le vent se lève…
Lorsque j’ai connu Vigile, en 2008, j’ai ressenti à l’égard de ces deux politiques, et à l’égard d’elles seules, quelque chose comme une gêne, une dette, celle d’avoir déjà abandonné longtemps et oublié. Mais si on abandonne, on n’oublie pas… Je sais maintenant que je me suis rajouté une autre dette, celle-là envers Bernard Frappier. Je sais aussi que c’est le cas de toute la famille indépendantiste envers Vigile.
Cent fois merci, Bernard Frappier.
Cent fois merci à tous les fidèles de Vigile, jeunes et moins jeunes.
Vive l’indépendance.




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3 commentaires

  • Élie Presseault Répondre

    8 juillet 2011

    Merci à vous pour cette commémoration. Nous pouvons être surpris d'une fidélité vivace envers la cause. Tout comme vous enrichissez les perspectives et les discussions du site, vous êtes d'autant plus méritant de saluer les collaborateurs fidèles et de longue date. Longue vie au site Vigile.net!

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juillet 2011

    Vous le savez aussi bien que moi, cher monsieur Haché, peut-être mieux que moi, ce qui ne me surprendrait aucunement, être indépendantiste, au Québec, est une manière fondamentale d'être, de penser et d'agir qui gouverne notre vie personnelle autant que politique, une manière exigeante d'être présent au monde. Ce qui exclut toute action accomplie pour un quelconque intérêt particulier. Ce qui éclaire notre jugement.
    Je vous remercie donc d'exprimer ici votre accord avec ma manière spécifique d'être engagée dans notre lutte commune.
    Je vous remercie pour votre égal engagement.
    Nous vaincrons. Peut-être après notre mort,peut-être de notre vivant.
    Ce que je nous souhaite ardemment,
    Andrée Ferretti.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juillet 2011

    Mon cher Marcel Haché
    Je serai bref et sans pudeur.
    Ton texte a provoqué chez moi une vive émotion.
    C'est un chef-d'oeuvre d'engagement et de synthèse.
    A mon tour de te remercier de l'avoir écrit.
    J'ajoute à ces 100 textes tes nombreux commentaires
    toujours pertinents.
    Robert Barberis-Gervais, 8 juillet 2011