La vedette libérale a travaillé à l'établissement d'une commission des valeurs mobilières unique

Marois accuse Gignac d'être un traître à la nation

AMF - Québec inc. VS Toronto inc.

La chef péquiste a fustigé le candidat-vedette du Parti libéral dans Marguerite-Bourgeoys, l'économiste Clément Gignac, hier, parce qu'il a travaillé dans les officines à Ottawa au projet cher au gouvernement Harper de créer une commission pancanadienne des valeurs mobilières. Un dessein auquel s'opposent unanimement le gouvernement du Québec et les partis d'opposition.
Québec -- Pauline Marois a accusé hier Clément Gignac, le candidat libéral dans Marguerite-Bourgeoys, de traîtrise, lors d'un échange en Chambre avec Jean Charest. Le premier ministre venait de relever que Mme Marois avait elle-même consulté cet ancien économiste de la Financière Banque Nationale depuis qu'elle était arrivée à la tête du Parti québécois. «Dans certains cas, "qui a trahi, trahira"», a rétorqué la chef péquiste.
Traîtrise à l'égard du Québec ou à l'égard du PQ? Le Devoir révélait hier que M. Gignac, jusqu'au 20 mai, travaillait activement, à titre de conseiller spécial du sous-ministre des Finances à Ottawa, à un projet cher au gouvernement Harper mais rejeté par le gouvernement du Québec et par l'Assemblée nationale de manière unanime: la création d'une commission pancanadienne des valeurs mobilières. Au PQ, on a précisé en fin de journée que Mme Marois avait fustigé le candidat pour son rôle au fédéral et non pas parce qu'il aurait tourné le dos au PQ. «Son sens de la loyauté est fort douteux», a-t-on ajouté à propos du candidat-vedette dans l'entourage de Mme Marois.
En 2006, dans une entrevue à La Presse, M. Gignac se déclarait explicitement favorable à la création d'une commission unique des valeurs mobilières. «Sur le plan intellectuel [...], je crois que c'est la direction vers laquelle nous nous dirigeons. [...] [C']est un pas dans la bonne direction.» Jean Charest a refusé hier de désavouer les positions passées de son candidat, comme l'opposition le réclamait. Il a souligné que, de toute façon, M. Gignac a changé son fusil d'épaule: «Ce qu'il défend, c'est la position du gouvernement du Québec», a répété le premier ministre. Quant au principal intéressé, il a refusé hier de s'exprimer sur son changement de cap. Malgré de multiples coups de fils, son attaché de presse, Éric Prud'homme, n'a pas rappelé le Devoir.
M. Charest en a profité pour réitérer la mise en garde suivante: Québec est prêt à «faire un renvoi à la Cour d'appel du Québec sur la constitutionnalité de ce que le gouvernement fédéral propose». Le premier ministre n'a pourtant pas fermé la porte à un éventuel compromis avec Ottawa dans ce dossier. Soulignant que le gouvernement Harper n'avait pas encore proposé d'autre option que son projet de janvier, il a laissé tombé: «On fera affaire avec ces hypothèses-là si jamais elles se présentent. Mais ce n'est pas le cas aujourd'hui.»
Pour l'Action démocratique, le parcours de Clément Gignac a quelque chose d'«inquiétant»: «Quand on va chercher l'homme, on va chercher aussi ses idées», a fait valoir François Bonnardel, critique en matière de finances. Ce dernier croit du reste qu'il faut relativiser les «prétendues qualités d'économiste» de M. Gignac. En septembre 2008, ce dernier soutenait encore que le Québec éviterait la récession, a-t-il noté.


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