Maintenant qu'il est reparti

Obama et le Québec



La courte visite du président Obama a pris les accents d'une visite papale. Un déplacement à grand déploiement. Une foule qui l'attendait avec une ferveur presque religieuse. Le culte que suscite ce politicien plus grand que nature en raison des symboles qu'il représente et de l'espoir qu'il suscite.
Malgré tout ce que représente Barack Obama, il y avait aussi quelque chose de gênant là-dedans. Aussi remarquable qu'il soit, M. Obama est le chef d'État d'un pays étranger, qui défend des intérêts qui ne sont pas nécessairement les nôtres, même si les deux pays sont proches. Et face à qui il faut quand même garder une certaine distance.

Maintenant qu'il est retourné à Washington, et qu'on peut revenir à une certaine sobriété, on peut faire le point, non pas sur la visite princière, mais sur la rencontre de travail. Tout indique que cette visite s'est bien passée et qu'elle semble avoir été fructueuse.
Elle ne changera pas le monde, mais constituera une bonne base de travail qui est de bon augure pour la suite des choses dans les relations entre les deux pays. Les échanges, manifestement cordiaux, montrent aussi que la rencontre a été fructueuse pour le premier ministre Harper.
En partant, au plan symbolique, il était important que le nouveau président renoue avec la tradition que son prédécesseur George W. Bush avait délaissée, et réserve son premier voyage officiel à son voisin canadien, pour reconnaître l'importance de son principal partenaire. Ce message a sans doute bien passé. Le voyage présidentiel a été suivi aux États-Unis, moins par intérêt pour le Canada, il est vrai, mais parce que c'était le premier déplacement officiel du nouveau président. Par exemple, le réseau CNN a diffusé au complet la conférence de presse de M. Obama et M. Harper.
Et ce message, sur l'importance du Canada, M. Obama, bien briefé, l'a parfaitement livré, en disant les bonnes choses, sans aucun faux pas, ce qui n'est pas insignifiant pour le premier voyage officiel d'un nouveau président. Et on peut supposer que ce qu'il a appris sur le Canada, il ne l'oubliera pas. Ses propos sur les dangers du protectionnisme, sans tout régler, étaient rassurants. Sur l'Afghanistan aussi. Les deux hommes ont parlé d'action commune pour la relance économique, ce qui ne veut pas dire grand-chose, en raison de la différence dans l'état des deux économies, et des différences des philosophies d'intervention économique. Mais ce souci de collaboration peut mener à un travail en commun dans les interventions multilatérales, sur le renforcement du système financier, ou pour les rencontres du G7 ou du G20.
Mais c'est sans doute sur l'environnement que les résultats pourraient être les plus intéressants, avec cette volonté commune de travailler ensemble, surtout sur les technologies. Une collaboration qui mettra le Canada à la remorque des États-Unis, mais qui le forcera à aller plus loin et plus vite.
Il y a aussi des messages de politique intérieure dans cette rencontre. La conférence de presse comune a montré à quel point Barack Obama est un politicien remarquable, qui maîtrise ses dossiers, qui répond aux questions, qui expose ses idées avec passion. Et qui est capable de faire un détour pour acheter une queue de castor au Marché By!
Il est évident que M. Harper souffrait de la comparaison, comme ça aurait été le cas pour n'importe quel autre chef de gouvernement. Mais le contraste le plus frappant était plutôt du côté des idées. La façon de voir de Barack Obama sur l'environnement ou sur l'intervention économique est aux antipodes de l'approche de M. Harper. Et c'est le président américain que les Canadiens adulent.


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