Macron et Le Pen incarnent la nouvelle configuration politique française - mondialisation / souverainisme

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Pourtant, les listes souveraino-souverainistes ont fait moins de 2% aux européennes

Les partis politiques traditionnels sont morts, cela est acté, car ils ne correspondent plus au clivage idéologique de notre société. Il ne s’agit plus de droite ou de gauche, le véritable enjeu aujourd’hui est celui de la dissolution de l’Etat dans la mondialisation ou de la préservation/restauration de sa souveraineté. C’est ce nouveau paradigme qui est incarné par Emmanuel Macron et Marine Le Pen, quelle que soit la manière dont on apprécie ces personnalités.



Selon un sondage Ifop pour Paris Match, CNews et Sud radio, si les élections présidentielles avaient lieu maintenant, Emmanuel Macron et Marine Le Pen seraient en tête, loin devant les représentants des partis traditionnels.









 

Deux ans après son élection, Emmanuel Macron recueillerait 30% des voix contre 28% pour Marine Le Pen. A eux deux, ils capteraient donc les suffrages de près de six Français sur dix contre 45% (24% + 20,5%) en 2017.





Il serait pour autant abusif d’en conclure que Macron ou Marine Le Pen puisse être personnellement élus aux prochaines présidentielles : Marine Le Pen, car elle est à son maximum et ne passera jamais en deuxième tour : Macron, car le rejet personnel de plus en plus massif qu’il provoque dans la population peut empêcher une réélection.



En revanche, ces deux personnalités, quelle que soit la manière dont on les apprécie individuellement, incarnent le changement de paradigme politique dans nos sociétés. Ce qui explique la chute vertigineuse des partis traditionnels, positionnés autour d’un axe droite / gauche, qui n’intéresse plus personne, les enjeux venant de l’acceptation des réglementations extérieures ou de la défense et la reconnaissance d’un intérêt national. La perte de souveraineté de la France, suite à son intégration dans l’Union européenne, a déplacé le centre de pouvoir, le centre de prise de décision. La plus grande partie des actes normatifs nationaux sont issus de la réglementation européenne, les pouvoirs nationaux peuvent de moins en moins décider des grandes politiques nationales : ils ont perdu le contrôle de la politique monétaire, doivent coordonner leur politique étrangère, ne maîtrisent plus la politique migratoire après avoir abandonné leurs frontières, etc.



Quelle importance, dans cette logique, que l’on ait un parti de droite ou de gauche ? Aucune. D’autant plus que la question de la personnalité à élire au sein de ce parti est beaucoup plus révélatrice de l’orientation générale, que l’appellation du parti lui-même. Entre un Fillon (souverainiste) ou un Juppé (mondialiste), l’on voit bien que le clivage idéologique traverse les partis politiques traditionnels, qu’ils sont donc dépassés, car ne permettent plus d’incarner les véritables choix de société.



C’est ce vide, autant que la pression médiatique, qui a permis à Macron d’arriver au pouvoir. Les tendances mondialistes existaient bien avant lui, mais elles étaient cachées, niées, laissées en arrière de la scène médiatique, pourtant le travail de détricotage de l’Etat allait bon train depuis le traité de Maastricht. L’arrivée de Macron a marqué ici une rupture : c’est le premier dirigeant à assumer une position mondialiste, dite "pro-européenne" active, ouvertement néolibérale et anti-sociale. Il gouverne objectivement avec la minorité et pour la minorité, contre la majorité. Ce qui pose de sérieuses difficultés pour se maintenir au pouvoir, plus que pour y arriver, l’illusion ne pouvant pas durer éternellement.



En effet, plusieurs facteurs concordants lui ont permis d’être élu. Tout d’abord, l’aide sérieuse apportée par le système médiatico-judiciaire, qui a fait tomber son véritable concurrent - Fillon. Ensuite, le rejet de la population envers Hollande, et l’image de "l’ancien monde" qu’il véhiculait, ont poussé les électeurs vers une figure vendue comme neuve, même s’il fut ministre et alors décrié. La rhétorique politique a été profondément modifiée et la Novlangue utilisée par le clan macroniste a permis de reconstruire un discours creux emportant les convictions sur le mode affectif/instantané et non rationnel (pour les non convaincus). Ce mode de fonctionnement affectif, impliquant le fanatisme, faisant de Macron une sorte de gourou pour ses acolytes explique la haine et l’agressivité qu’ils dégagent dès qu’une critique est portée Les macronistes sont effectivement enfermés dans un paradigme simplifié au maximum : nous sommes le Bien, les autres sont le Mal. Il en découle une vision du monde primitive, le fanatisme ne permettant pas la nuance. Enfin, la seule configuration de second tour garantissant la victoire d’un protagoniste déterminé est celle opposant un candidat à Marine Le Pen. En montant le FN, rebaptisé RN, Macron se protège et garantit son accès au pouvoir.



Dans tous les cas, ces deux figures, Macron et Le Pen incarnent ce nouveau paradigme politique, qui a devancé l’organisation partisane. Et la réaction absolument justifiée de Macron suite aux élections européennes le démontre à raison :




Avec un taux record de participation à 52,7% aux élections européennes, ce n’est pas un parti concret qui a gagné, les députés européens sont noyés les groupes qui ne correspondent pas au découpage politique national ( voir notre texte ici), le véritable gagnant de ces élections est l’Union européenne, relégitimée par vos voix, par votre participation. Et Macron a bien raison : en votant, les Français ont voté pour lui, ils ont voté pour un Etat dilué dans la mondialisation.


Lorsque les Français auront intégré ce nouveau paradigme et en tiendront compte dans l’exercice de leurs droits politiques, nous serons enfin en position de tenter de défendre la souveraineté du pays.