Lorsqu'André Pratte cultive l'ambivalence et l'ambiguïté

Tribune libre

Si l’ambivalence consiste à faire porter ses démons intérieurs par les autres, André Pratte est un expert en la matière.
Prenons-en pour preuve son article dans la Presse du 19 juillet courant au sujet de la tragédie de Lac-Mégantic.
Il commence d’abord par une flatterie à l’adresse de Madame Marois et son gouvernement, comme pour se donner contenance et bonne conscience. Message subliminal : « Voyez comme je suis impartial et objectif ».
Puis il attaque « les critiques » québécoises à l’égard de Stephen Harper et son gouvernement préciser de qui émanent ces critiques. Première ambivalence doublée d’ambiguïté.

Il cite ensuite les propos de la journaliste Hélène Buzetti, du Devoir, sur les ondes de Radio-Canada, qui juge ces critiques « en partie injustes, puisqu’au Canada, la gestion des sinistres relève des provinces, le « rôle » du gouvernement fédéral se limite généralement à appuyer financièrement la province touchée ». Deuxième ambiguité.
D’abord il ne s’agit pas de « rôles » mais de fonctions. Nous ne sommes pas au théâtre ou à l’opéra. En fait, le terme le plus approprié, puisque nous sommes en politique, est « responsabilités ». Qui est responsable de quoi et quelle est l’étendue et la limite des responsabilités de tous les concernés, en commençant par les mesures de prévention et les limites de l’action à entreprendre.
Une fois clairement définie, la responsabilité doit se traduire en action, suivant les treize principes fondamentaux qui gouvernent toute stratégie d’État.
À Lac-Mégantic, la stratégie a été élaborée en partant par nulle autre que la mairesse rapidement aidée par la première ministre du Québec, sans le moindre engagement du fédéral.
Pourtant, Môssieu le premier ministre Stephan Harper n’avait pas hésité un instant à s’engager tout de suite envers l’Alberta inondée.
Le Québec n’existe pas. C’est lui Stéphane Harper qui l’a décidé en ces circonstances. Nous n’existons pas ? Alors cessons de payer taxes et impôts au fédéral !
Il y a bien eu la visite impromptue de Dame Lisa Raitts et du Sieur Christian Paradis, mais il se sont bien gardés de prendre quelque engagement que ce soit. Ils sont venus uniquement pour objet le jeu. C’est du mépris au sens le plus fort.
Et d’autant plus grave que la responsabilité du transport ferroviaire relève du Fédéral, ce que reconnaît André Pratte sans élaborer davantage, En matière de prévention d’accident et de catastrophe, qui va mettre la main au collet de l’entreprise sans s’exposer à se faire traiter de communiste ou autre chose du genre? Pas question de critiquer l’Argent.
Dans cet imbroglio politique et juridique, personne, sauf au Québec, ne s’est intéressé directement aux responsabilités de la compagnie de chemin de fer. Elle est là pour faire de l’argent, et qui fait de l’argent n’est responsable de rien. Même en cas de catastrophe, le fédéral va chercher à sauver l’entreprise et n’osera pas jeter ses dirigeants en prison pour négligence criminelle.
Voilà pourtant ce qui nous sortirait de l’ambivalence qui nous fait porter les démons intérieurs des autres.
André Pratte n’ose pas trop s’engager dans cette voie qui pourrait sonner le début de la fin pour l’État unitaire et centralisateur d’Ottawa, en commençant par l’élimination des postes inutiles de gouverneur général du Canada et des lieutenant-gouverneurs des provinces, tout aussi ambivalents et qui nous jettent leurs propres démons sur les épaules.
Pour employer une expression commune : on est toujours mieux servi que par soi-même. L’ambivalence origine de la hiérarchie des pouvoirs.
JRMS

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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