Lisée et la promotion du français comme langue commune au Québec

Faire la différence entre une pensée personnelle et une pensée collective

Tribune libre

sommaire: Dans le dossier de la promotion du français au Québec et à Montréal en particulier, Monsieur Lisée a démontré un amateurisme nuisible aux objectifs urgents à atteindre. Après l’indifférence des libéraux de Jean Charest, nous assistons à l’inconscience d’un Ministre du Gouvernement Marois.
Monsieur Lisée aurait avantage, en toute urgence, de s’imprégner des positions défendues jadis par le Dr Camille Laurin. En négociation perpétuelle, la communauté anglophone de Montréal en redemande pour plus d’anglais dans les institutions publiques. Qu’obtiendra Monsieur Lisée en retour de sa mollesse sinon le mépris ? Notre malheur découle du fait que Monsieur Lisée ne fait pas la différence entre sa pensée personnelle et une pensée collective.
Cher Monsieur Lisée,
Le germe de votre erreur remonte à votre interview à la radio de CJAD le 18 janvier 2013 lorsque vous avez dit, je cite: «STM, Are you listening ?» Vous avez fait la démonstration par la négative, que quoique bon bilingue, en diplomatie comme en politique, on n’est jamais aussi pertinent que dans sa langue maternelle.
Dans une tentative de correction de votre erreur, vous envoyez au Devoir une libre opinion qui paraît le 30 janvier 2013, intitulée, je cite: «Français: mener les bons combats.» Vous cherchez à couvrir votre erreur par des mesures correctives futures qui seront contenues dans une mise à jour de la loi 101. La situation minoritaire du Gouvernement Marois rend bien improbable l’actualisation de vos options futures. Comme dans la chanson, « Paroles, paroles ... »
Dans le dossier du français à Montréal, vous n’avez pas besoin de vous ingéniez à réinventer la roue. En lieu, vous devriez vous inspirez du travail accompli par le Dr. Camille Laurin, vous l’approprier et vous en imprégner. Je m’explique en comparant votre premier paragraphe dans votre Libre opinion d’une part, avec un extrait du discours du Dr Laurin présenté le 2 juillet 1977 devant le Canadian Club.
Votre paragraphe: « Le président de la SSJB, Mario Beaulieu, est mécontent. Il m’accuse de promouvoir « l’anglicisation » des services publics. Mon crime ? Avoir simplement dit tout haut, et en anglais, ce que stipule la loi 101 depuis 30 ans : si un employeur fait la démonstration que la connaissance de l’anglais est requise pour un poste, il peut réclamer la connaissance de l’anglais dans l’embauche pour ce poste. »
L’extrait du discours du Dr Camille Laurin du 2 juillet 1977:
« Certains disent: «Le bilinguisme institutionnel est un impératif économique au Québec.» Voilà un autre mythe. Nous l’avons dit dans le Livre Blanc, certaines personnes -- cadres de sociétés, membres des bureaux de direction, administrateurs de l’État -- doivent savoir l’anglais. Mais affirmer que la population tout entière du Québec doive être bilingue pour des raisons économiques, ce serait affirmer du même coup que, pour gagner sa vie dans ce pays, à n’importe quel poste et dans n’importe quel travail, il faille parler anglais. Heureusement, nous n’en sommes pas arrivés à ce degré d’esclavage culturel.»
Le Dr Camille Laurin dans son discours du 2 juillet 1977 apporte une importante distinction entre le «bilinguisme institutionnel» et le «bilinguisme personnel» . Le Dr Laurin donne des exemples très précis de postes éminemment bilingues mais la fonction de guichetier à la STM n’y apparaît pas. Pour avoir écouté votre interview du 18 janvier 2013, vous n’avez jamais apporté cette importante nuance.
Vous en aviez la chance et vous auriez dû en tant que Ministre dans le Gouvernement Marois. Pourquoi avez-vous omis d’être clair en prenant parti pour le renforcement du français en retenant une approche pédagogique auprès de votre auditoire anglophone de Montréal ?
Le 13 avril 2013, un autre personnage bien connu, Richard W. Pound, avocat-conseil au cabinet Stikeman Elliott et vice-président du Comité international olympique se commet publiquement dans le dossier de la langue au Québec.
Monsieur Pound écrit des énormités, je cite: « Quel état d’esprit peut bien animer les politiciens du Québec (en êtes-vous ?) qui se plaignent du «bilinguisme galopant» dans une ville de renommée mondiale comme Montréal ?» Et le sage Pound confond tout, je cite: « Ça leur est égal si le Québec risque de devenir un ghetto, si son importance diminue, son économie stagne et sa dette explose. » Monsieur Pound a omis d’inclure dans sa liste de calamités les révélations de la Commission Charbonneau. Qu’avez-vous répondu à Monsieur Pound ?
Lui, tout comme vous, ne mentionne pas du tout cette distinction entre le bilinguisme institutionnel et le bilinguisme personnel, notions expliquées en 1977 par le Dr Camille Laurin dans des discours qu’il a prononcés devant la communauté anglophone de Montréal et du Québec. Où étaient Messieurs Lisée et Pound en 1977 ? Vous aviez 19 ans.
Que des subtilités de la société du Québec et particulièrement des données du dossier de la langue française échappent à l’anglophone Pound, il peut en être excusé à la limite. Mais que vous, Jean-François Lisée, Ministre dans le Gouvernement Marois, manquiez à votre devoir de pédagogue ferme et juste auprès de la communauté anglophone du Québec, cela est grave.
Le texte de Richard W. Pound qui paraît dans La Presse du 13 avril 2013 et intitulé «Le mur de la langue» montre à quel point votre vision complaisante dans le dossier de la langue est néfaste pour le français à Montréal et au Québec.
Vous annoncez la mollesse devant la communauté anglophone de Montréal. Qu’obtiendrez-vous en retour de vos concessions ? Il vous répugne de penser d’être assimilé aux idées du Dr Laurin ? De toute évidence, vous ne semblez pas posséder la fibre psychologique de l’emploi dans le dossier de la langue.
Votre initiative envers la STM le 18 janvier 2013 démontre une démarche personnelle improvisée. Vous avez fait montre d’une ignorance ou d’un rejet de la pensée du Dr Laurin qui bien avant vous a fait un travail d’éducation des esprits des anglos de Montréal et du Québec. Ce n’est pas parce que aujourd’hui, des anglos répandent le mythe que Montréal est déjà une «ville bilingue» qu’il faille glisser dans leur sens. Le dossier de la langue au Québec est un tout que vous ne semblez pas capable de promouvoir et de défendre.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 mai 2013

    Les Québécois indépendantistes sont très fatigués, cela tombe mal, j'ai 60 ans et jamais je n'ai senti autant de riposte fédéraliste pour attaquer la nation Québécoise. Les gens expriment leur fatigue, découragement, dénonce le manque de solidarité et cohésion etc. Nous sommes bombardés tous les jours de propagande, de désinformation et lorsque l'on veut souffler un peu pour ne pas étouffer on se lance sur vigile, on recherche un article de Aussant, on reprend un de nos livres d'histoire, on écrit un commentaire quelque part sur un blogue puis là c'est l'impuissance devant tout ce qui se passe.
    Malgré la valse des minables à la commission Charbonneau, malgré le % des libéraux qui impliqués dans les malversations de toutes sortes, malgré les grossièretés des vols rien n'y fait, au prochaine élection ce sera l'économie le thème et non l'identité hurle notre père Ovide national à la radio. De la même façon qu'il nous a cassé les oreille 3-4 fois par jour avec Coderre et Justin pendant un an.
    Oui je suis par terre mais je continue pareil mais j'aimerais tellement avoir le frisson une fois de temps en temps de la résistance et de l'effort pour garder le feu du Pays.

  • Marcel Haché Répondre

    18 mai 2013

    Il manque deux choses au gouvernement Marois.Et ces deux choses sont complémentaires. Premièrement il lui manque cruellement une majorité. En second, il lui manque un ministre capable de lui parler dan'l cass au West Island.
    Ces deux élément sont incontornables,si on pense indépendance bien évidemment...

  • Claude Richard Répondre

    18 mai 2013

    Quel désolant spectacle que ce pourfendeur de naufrageur et de tricheur devenu un piteux reculeur! Camille Laurin nous a fait avancer, Lisée nous fait régresser. À Québec, on n'a pas besoin d'un arbitre pour faire la part entre anglos et francos, on a besoin d'un défenseur du français. Si Lisée ne veut pas faire le travail, qu'il se tire et aille se mettre au service du Quebec Community Group Network.