Liberté, masques, matraques…

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Pendant que la majorité dort au pétrole…

« Fuck toute! »
Ce n’est pas très élégant mais ça résume la situation. Et ça ne laisse ni oeil au beurre noir, ni commotion, ni vitrines cassées, ni contravention.
Les représentants.es des jeunes grévistes ne l’expriment pas ainsi, bien sûr. C’était plutôt la façon de le dire d’une pancarte, hier, à Montréal.
Droit de manifester ? Droit de grève ?
Les étudiants, enfin un certain nombre, ont opté pour la grève. Certains ont souhaité ou souhaitent une grève générale, voire une grève sociale. Pour réagir, disent les associations, »à l’austérité libérale et aux hydrocarbures ». Précisons: aux méfaits de la vénération massive inconsciente des hydrocarbures et des noires promesses qui en découlent pour l’avenir de ces jeunes. Il n’est qu’à penser au saccage projeté à l’Ile d’Anticosti comme tout le long de notre fleuve abusé et de voir le nombre de « chars » dans les stationnements universitaires pour se réjouir que quelque-un.es s’inquiètent.
Ici et là, on s’en moque un peu; on dénature le propos: « ce n’est pas demain la veille ».. « Gréve-bidon« … J’admire la volonté de ceux qui ont voté cette grève de vouloir réagir en outre, cette fois en notre nom ou à notre place, à cette entreprise de destruction du modèle québécois, bâti en même temps qu’un syndicalisme qui a peut-être oublié et parfois bafoué ses idéaux depuis, mais qui repose sur des valeurs d’équité, de partage social et de solidarité. Par ailleurs, il est triste de voir le déchirement entre ceux-là et ceux de leurs consoeurs et confrères qui désirent simplement, dans le confort et l’indifférence, poursuivre leurs cours sans dérangement. Et qui seront soutenu.es par le pouvoir dans leur prise de « grands moyens ». L’austérité et le pétrole, tout comme l’avenir qu’ils leur préparent, au fond ils s’en balancent…
Mais encore plus triste de voir, déjà, dans cette première manifestation hier, se faufiler des visages masqués dont on n’arrive pas à connaître l’identité, à savoir de quel bord ils sont vraiment, ce qu’ils veulent provoquer et de quel bois ils se chauffent. Les masques se mêlent à des filles et des garçons qui sont là en toute sincérité, en toute bonne foi, à visages découverts et à mains nues. Ils imputent à ces jeunes, de par leur seule présence, des intentions douteuses et leur font porter des gestes qui ne leur appartiennent pas. Ils dénaturent l’entreprise. Bas les masques! Les lâches attendent l’occasion de s’approprier le courage des autres et se camouflent pour le faire.
Et, face à ces lâches intentions de « casse », il y a tous ces policiers casqués, bottés, matraques impatientes… Syndiqués pourtant. Concernés par cette société qui demande qu’on la soigne, qu’on la relève, bien plus qu’elle ne mérite qu’on la punisse pour ses moindres sursauts de conscience. Le détestable scénario est hélas en place.
Et pendant ce temps, comme le concluait Jean-François Nadeau, sur un tout autre sujet, dans un texte du Devoir, « les machines du néolibéralisme continuent de conspirer la nuit afin de rendre nos journées infernales. Et pourtant on reste là, à assister béats à la mise en place d’un désastre culturel et social où de nouvelles formes d’exploitation se boulonnent les unes aux autres »
Et si c’était là ce que ces jeunes perçoivent et cherchent à dénoncer pendant que la majorité dort au pétrole et choisit de croire aux mensonges des « grands » manipulateurs ?…
Nicole Hébert


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