Monsieur Drainville,
Écouterez-vous le chant des sirènes? Ou garderez-vous la tête assez froide pour continuer à tracer judicieusement votre chemin d’homme politique à qui l’avenir ouvrira sûrement « en temps opportun » les portes sur les avenues que vous souhaiterez emprunter? Vous faites du bon boulot.
Et vous en ferez du meilleur avec le temps; c'est évident.
Mais on vous fait de plus en plus la cour... Du côté des médias; du côtés des adversaires - ceux du PQ et ceux de Mme Marois mais n'ont-ils pas bien des intentions en commun? - Du côté aussi, dit-on, des « jeunes » du Parti... On fait chœur de plus en plus pour voir en vous l’ « Homme » de la situation. Dans quel but? Vous laisserez-vous séduire? J’imagine que cela doit être drôlement flatteur pour l’ego que de se faire chanter la pomme ainsi. Mais j’aimerais pouvoir vous rappeler parfois la fable de Lafontaine : celle du « Maître Corbeau"... : "Que vous me semblez beau » , disait-il à ce renard un peu trop crédule (...) « Si votre ramage ressemble à votre plumage! »... etc!
Et ce renard-là a laissé tomber son fromage! Ne laissez pas tomber le nôtre! Je vous en prie!
Je vous espère plus « lucide », quoique différemment de ceux de Bouchard, Facal ou Legault. Vous venez à peine de vous amener en politique; Pauline Marois est là depuis longtemps. Elle a vu neiger. Et, contrairement à Jean Charest, elle est prête! Cela se sent, quoiqu’en disent ses douteux détracteurs! Et elle n'est pas prête que pour la gouvernance, vous le savez sans doute bien mieux que moi. Et si elle avait eu autant d"ambition malsaine qu'on veut lui en prêter, elle ne serait pas restée aussi longtemps dans l'ombre. Et ça, je crois que vous êtes plusieurs à le reconnaître, à moins que l’hypocrisie habite les rangs de la députation. Ce qui ne semble pas le cas.
Je viens tantôt cependant de déchanter un peu en prenant connaissance des déclarations de Mme Lisette Lapointe. Qui me surprennent. Ont-elles subi le filtre journalistique ou manipulateur qui déforme tout et ce, de plus en plus? La députée préférée de Jacques Parizeau vient-elle de parler avec une procuration de ce dernier, dont le silence m'inquiète toujours? Si oui, ce grand homme que j’admire viendrait de laisser une tache dans mon livre sur lui. On dirait bien que pour certainEs, le Référendum a plus d’importance que la Souveraineté! C’est un outil, le référendum! On ne tient pas le marteau ou la pelle en permanence dans sa main droite - ou gauche - au cas ou... On les garde à portée de main, d’accord, mais, est-ce que l’on pourrait permettre à ce peuple que nous sommes de poursuivre sa « thérapie » jusqu’au moment « opportun »? Car nous sommes en thérapie...
En effet, nous avons comme peuple entrepris une cure de désintoxication à notre aliénation vers la fin des années soixante. Après avoir maladroitement bien que légitimement rué d’abord dans les brancards. Quarante ans de réhabilitation de son autonomie et de sa fierté dans la vie d’un peuple ça équivaut environ à 5 ans de thérapie dans la vie d’unE dépendantE. Ça se compare assez raisonnablement. Peut-être était-ce cela l’erreur en 1980 plutôt que l’étapisme. Tout comme en 1995, bien qu’alors, je continue à croire plutôt au vol.
J’ai confiance en votre honnêteté, Bernard Drainville. Pour ma part, je constate que les gens autour de moi commencent à cheminer; à se libérer. Il n’est pas temps de leur proposer encore un changement de chef au PQ. Et en ce qui me concerne, j’attends toujours de connaître les propositions concrètes de ceux/celles qui s’impatientent tellement. Je n’ai encore jamais reçu ici de réponses sur le COMMENT les saboteurs de PQ voudraient que la Souveraineté/Indépendance se fasse DANS LES FAITS. À LEUR soi-disant préférable façon. Quelle est-elle? Et que croit-on vraiment que ferait de mieux demain matin un Bernard Drainville, un Bernard Landry (?) ou un Gilles Duceppe? Ils ne seraient pas aussitôt en poste qu’ON les soumettrait à la parfois terrible gérance d’estrade ou aux tirs dans le dos ou dans le ventre.
Méfiez-vous des sirènes, M. Drainville. Mais vous le savez, bien sûr. Je parle pour parler... J’espère que Pauline Marois peut compter sur vous. Ne soyez pas trop impatient.