Les vraies affaires: Fatima Houda-Pepin et la Charte

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Fatima Houda-Pepin a une connaissance et une expérience de l’islam dont nous serions un peu idiot de nous priver

La sortie , cette semaine, de la députée libérale, Fatima Houda-Pepin, apporte un nouvel éclairage sur le dossier de la « charte des valeurs ». Sa contribution, si ce n’est que pour rappeler que, dans une démocratie il est justifié de poser des balises du vivre ensemble, est importante. Je ne me rappelle pas ses mots exacts, mais la majorité de ses propos sont, à mon avis, justes.
Quand j’entends des chefs de parti affirmer qu’au Québec, il n’arrivera jamais que nous ayons des députés avec un habit les identifiant à leur religion, je les trouve bien naïfs. Pourquoi n’y aurait-il pas un citoyen avec kippa ou une citoyenne avec hijab, qui se présenterait à de futures élections québécoises? Pourquoi ne siégeraient-ils pas avec leur marque religieuse ? On aurait vite fait de crier au racisme au Québec, si on l’interdisait à ce moment-là, le cas échéant.
Rappelons d’abord que l’Assemblée Nationale du Québec a été la première assemblée législative au Canada a accepter qu’un juif siège à l’Assemblée Nationale. Personnellement, je n’ai jamais vu un de mes collègues porter la kippa à l’Assemblée. Peut-être y a t-il un règlement interdisant un couvre-chef à l’Assemblée. Je ne me souviens pas. Mais là n’est pas mon propos.
Mme Houda-Pepin a pris le temps et le soin d’écrire sa dénonciation de la position du Parti libéral du Québec sur la question de la charte. Elle a aussi précisé qu’elle n’était pas en accord avec cette charte. La moindre chose serait de l’entendre. Il est vrai qu’elle ne détient pas la vérité, pas plus que ses collègues des deux partis. Par contre, cette femme a une connaissance et une expérience de l’islam dont nous serions un peu idiot de nous priver.
Elle n’est pas la seule à posséder une connaissance de l’islam. Mais dans le groupe de députés actuellement à l’Assemblée Nationale, c’est la seule qui vit son islam. C’est également une femme instruite et articulée. Elle sait de quoi elle parle et peut très clairement l’exprimer.
Cela étant dit, j’ai côtoyé Mme Houda-Pepin à l’Assemblée et je sais tous les préjugés que certains de ses collègues entretiennent sur elle. Cette femme est déterminée. Elle s’exprime fermement et peut soutenir une argumentation avec patience sans perdre le fil de sa thèse. À lire et à entendre ce qui se dit sur elle en ce moment, je vois déjà le fiel de certains de ses collègues qui ne peuvent soutenir ses argumentations, couler dans les journaux. Cela me déplait souverainement!
Ce qui semble se tramer contre elle est mesquin et n’aide pas à la démocratie.
Il n’y a pas une femme qui a fait sa marque au Québec ou ailleurs, sans avoir ébranlé l’ordre établi par ses propos ou ses façons d’être tout simplement. Dans nos sociétés qui se disent modernes, les femmes doivent encore « déranger » pour se faire entendre. Les hommes eux n’ont qu’à surprendre ou apporter une idée en apparence nouvelle.
Comme je la connais, Mme Houda-Pépin a tenté de se faire entendre. Comme elle l’a écrit, il a fallu qu’elle exprime publiquement ses idées pour qu’on l’écoute. Reste à voir si cette écoute aboutira à plus de maturité dans ce débat ou si elle sera tout simplement maintenue dans la marginalisation parce que ses collègues en auront peur, comme cela arrive souvent aux femmes aux idées un peu trop différentes.
Personnellement, j’espère que Mme Houda-Pepin sera entendue. Ce qu’elle a à dire est important comme n’importe lequel député. Elle doit être entendue et surtout comprise. Ensuite ,le Gouvernement prendra ses décisions comme il l’entend.
La vérité n’est pas détenue par une seule personne, mais à plusieurs on peut prendre la meilleure décision pour l’avenir de la société québécoise. C’est l’invitation de notre Première Ministre et de son ministre responsable dans le projet de loi sur « la charte ».
Espérons que les partis d’opposition répondront d’une manière plus intelligente que par une réponse du genre « ça n’arrivera pas ici » ou du genre « c’est de la politique fiction ».
Ce n’est pas en cachant la poussière sous le tapis que la maison est propre. Cela au moins tout le monde le comprend!


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