Les troupes seront maintenues à Kandahar jusqu'en 2011

Afghanistan - le vote aux Communes


Joël-Denis Bellavance - Le Canada maintiendra ses 2500 soldats dans la région de Kandahar, la province la plus dangereuse de l'Afghanistan, jusqu'en juillet 2011.


Le gouvernement Harper, appuyé par les libéraux de Stéphane Dion, a adopté une motion hier soir à la Chambre des communes afin de prolonger la mission canadienne en Afghanistan au-delà de février 2009 à condition que l'OTAN envoie des renforts de 1000 soldats ainsi que des hélicoptères et des véhicules aériens sans pilote d'ici 11 mois.
Cette motion a été adoptée facilement par un vote de 198 à 77. Les députés du Bloc québécois et du NDP et le député indépendant de la région de Vancouver, Blair Wilson, un ancien libéral, ont voté contre la motion. Du haut de la tribune réservée au public, un groupe de manifestants a réclamé la fin immédiate de la mission pendant tout le temps que les députés conservateurs et libéraux se levaient pour voter.
Une vingtaine de députés libéraux étaient toutefois absents durant ce vote crucial pour la survie du gouvernement conservateur minoritaire, le premier ministre Stephen Harper ayant décidé d'en faire une question de confiance.
M. Harper a donc remporté son pari de convaincre les libéraux de Stéphane Dion, qui réclamaient la fin de la mission de combat dans la région de Kandahar en février 2009, de prolonger le séjour des troupes canadiennes en sol afghan au-delà de cette date. Toutefois, les soldats canadiens devront mettre davantage l'accent sur la formation des forces armées afghanes pour qu'elles puissent assurer la sécurité du pays d'ici 2011.
M. Harper doit maintenant convaincre les alliés de l'OTAN d'envoyer des troupes en renfort lorsqu'il participera à une réunion au sommet de l'alliance militaire au début avril à Bucarest, en Roumanie.
«C'est un vote historique. Cela envoie un message fort aux troupes comme quoi il existe un consensus fort au pays au sujet de leur travail», a affirmé le ministre de la Défense, Peter MacKay, quelques minutes après le vote.
«Maintenant nous avons une mission qui n'est pas une mission conservatrice ou une mission libérale, mais une mission canadienne. Nous avons eu un large consensus à la Chambre des communes. () Le premier ministre va aller à Bucarest avec un mandat fort dans ses poches pour pouvoir convaincre encore les alliés de nous appuyer et d'envoyer d'autres troupes», a pour sa part affirmé le ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier.
Au cours des dernières semaines, M. Harper et ses ministres Bernier et MacKay ont multiplié les pressions auprès des alliés de l'OTAN afin qu'ils donnent suite aux demandes du Canada.
Devant les journalistes, hier, le ministre Bernier a dit avoir confiance que les pays membres de l'OTAN répondront favorablement à l'appel du Canada à Bucarest.
Pour l'heure, les 1000 soldats supplémentaires pourraient venir soit de la France ou des États-Unis. «Je suis convaincu qu'on va trouver un partenaire, car si on ne réussit pas à Kandahar, l'OTAN ne réussira pas en Afghanistan. Les gens le comprennent bien autour de la table», a-t-il dit.
Le chef du NPD, Jack Layton, qui réclamait le retrait immédiat des troupes canadiennes, a dénoncé la coalition entre les libéraux et les conservateurs pour prolonger la mission. «C'est une sombre journée. Le Canada a décidé de continuer sur le chemin de la guerre pendant encore trois ans», a-t-il affirmé.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a déclaré qu'il était «irresponsable» de prolonger la mission jusqu'en 2011 alors que le gouvernement n'a toujours pas précisé combien coûtera ce séjour prolongé des soldats canadiens.
Par ailleurs, le gouvernement Harper a aisément survécu plus tôt en journée à un autre vote de confiance portant sur la mise en oeuvre du budget de février dernier. Une motion de voies et de moyens a été adoptée à cette fin par 124 voix contre 87. Les conservateurs ont été seuls à se prononcer en faveur du texte, qui a notamment pour conséquence de tuer dans l'oeuf le projet de bonification des régimes enregistrés d'épargne étude (REEE) souhaité par les trois partis de l'opposition.
Avec La Presse Canadienne.


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