Les surdoués, trésors de la civilisation européenne

49031f059dd670189d2a1a99b1200f06

L'égalitarisme est une entrave à la civilisation

Surdon, Haut Potentiel, Surefficience mentale…. Quel que soit le terme retenu, la « douance » est à la mode et de nombreux psychologues se sont empressés d’exploiter ce juteux filon. Aux yeux des sceptiques, cet engouement suspect achève de décrédibiliser un concept qui semblait déjà au départ un peu fumeux. Ce serait pourtant une erreur de jeter le bébé du surdon avec l’eau du bain de l’époque car il s’agit d’une réalité observable et observée de longue date sur laquelle les psychologues ont tout simplement fini par mettre un nom.




Une réalité biologique


Sur les plans biologiques et neurologiques, l’existence du surdon est aujourd’hui admise de façon indiscutable. Pour résumer, le cerveau d’un surdoué se distingue par une concentration plus importante de neurones dans le cortex préfrontal et par un meilleur gainage de la myéline neuronale. Ces différences biologiques qui pourraient être d’origine génétique et constituer un exemple d’adaptation évolutive permettent aux surdoués de traiter beaucoup plus rapidement l’information et de disposer d’une meilleure mémoire de travail. Ces différences neuronales et biologiques, se manifestent par ailleurs sur le plan comportemental par un ensemble de traits clairement définis et identifiés.


Les traits les plus saillants du surdon sont : une soif de connaissance qui se manifeste dès l’enfance, une hypersensibilité souvent invisible de l’extérieur, une pensée en arborescence qui fonctionne souvent par intuitions et fulgurances, une capacité de concentration et une mémoire largement supérieure à la moyenne, une maturité intellectuelle souvent en décalage avec la maturité affective, un perfectionnisme qui peut parfois être paralysant.


Pour résumer, comme l’explique avec humour, l’association de de surdoués Mensa : « Tu sais que tu es surdoué quand tu as voulu écrire ta propre encyclopédie à sept ans parce qu’il manquait des trucs dans celle que tu avais… »


Des tests de QI imparfaits pour repérer les surdoués ?


Traditionnellement, la détection du surdon s’est faite par le biais de tests de QI, le standard retenu étant un résultat standard de 130 sur l’échelle de Wechsler. Cependant, de nombreux spécialistes considèrent, à l’instar du philosophe et statisticien Nicolas Taleb, que les tests de QI ne sont pas des outils adaptés pour mesurer la grande intelligence et ne rendent pas compte de la capacité à extraire et manipuler l’information dans un environnement réel et par conséquent, complexe.


En réalité, le meilleur moyen de détecter le surdon reste d’observer le fonctionnement du cerveau en temps réel via un IRM. Malheureusement, pour d’évidentes raisons financières et logistiques, cette méthode reste limitée à des activités de recherche et ne peut être largement déployée à l’échelle d’une population dans le cadre d’une campagne de détection du surdon, pour le plus grand bonheur des psychologues et autres spécialistes du développement personnel.


Ceci étant dit, l’observation reste encore le meilleur moyen de détecter les surdoués.


Avec l’expérience et en sachant identifier les traits caractéristiques, il est possible de détecter le surdon chez un interlocuteur au bout de quelques secondes d’interaction. Cette identification est facilitée par le fait que les surdoués ont tendance à se regrouper : les surdoués épousent d’autres surdoués, travaillent avec des surdoués et ont des amis qui sont eux-mêmes surdoués, les membres du groupe ignorant le plus souvent cette spécificité qui pourtant les réunit.


Pourquoi est-il si important de parler du surdon ?


La première raison est d’ordre psychologique.


Pour beaucoup, se savoir surdoué, c’est le soulagement de mettre enfin un mot sur une différence constatée et ressentie de longue date mais qui ne pouvait jusque-là être précisément nommée.


Face à cette révélation, le premier réflexe de nombre de surdoués consiste à rejeter le diagnostic car comment concilier ce sentiment de n’être jamais assez bon, jamais à la hauteur, toujours imposteur avec cette étiquette de surdoué ? L’ironie du surdoué, c’est d’être justement excellent parce qu’il n’est jamais satisfait.


Se savoir surdoué, c’est aussi connaître ses forces, ses failles et éviter les pièges tendus par la vie.


La spécialiste Christel Petitcollin a montré dans plusieurs livres que les surdoués étaient extrêmement sensibles à la manipulation par les pervers et les psychopathes dont ils sont les véritables « proies naturelles ». Quand on se sait surdoué, on apprend à détecter les signaux d’alerte et on se protège, dans son travail comme dans sa vie, des personnalités et des organisations toxiques pour notre psychologie.


La deuxième question posée par le surdon est d’ordre politique.


Pour commencer, les surdoués sont en France, et de loin, la minorité la plus discriminée.


Contrairement à d’autres pays comme la Suisse, la Belgique, la Russie ou Israël, la France, au nom de l’égalité, républicaine ne propose pas d’écoles ou de véritables filières adaptées aux enfants surdoués. Cette ignorance et cette négation de la différence conduisent souvent à l’échec scolaire, et plus tard professionnel, d’enfants qui ne demandaient pourtant qu’à apprendre, gravant définitivement en eux l’idée qu’ils ne peuvent pas être surdoués puisqu’ils n’étaient pas bons à l’école.


La discrimination se poursuit dans le monde du travail où le surdoué peut rapidement devenir au pire un souffre-douleur et au mieux, un bourreau de travail qui fait tourner la boutique à lui tout seul.


Posant des questions que personne ne se pose, voyant des choses que personne d’autre ne voit et refusant de surcroît l’autorité non légitime, le surdoué se retrouve souvent en conflit avec un monde du travail qui célèbre sur le papier la différence et l’altérité mais la refuse et la rejette lorsque cette dernière dépasse le cadre du simple slogan pour responsable des ressources humaines.


Bien qu’il existe aujourd’hui des RH et des chefs d’entreprise sensibilisés à la question ainsi que des cabinets de recrutement spécialisés, la différence neuronale et cérébrale continue d’être la seule diversité qui ne soit pas valorisée et encouragée dans le monde de l’entreprise.


Ceci étant dit, la question du surdon dépasse de loin la simple question de l’épanouissement personnel ou du bien-être au travail. Il s’agit en effet d’un véritable enjeu de civilisation.


Le surdon, enjeu de civilisation


Le travail de recherche que je mène depuis des années sur cette question m’a convaincu que, s’il existe des surdoués sur tous les continents et dans toutes les ethnies, il existe en revanche des groupes humaines contenant une plus forte concentration de surdoués que d’autres et surtout, des groupes dont la culture permet l’épanouissement et la pleine expression des qualités latentes des surdoués.


Ce fut notamment le cas de la civilisation européenne.


L’histoire de l’Europe, c’est l’histoire d’une civilisation de surdoués et l’histoire de la France, c’est l’histoire d’une nation de surdoués, qui jusqu’à récemment, avait réussi l’exploit d’attirer à elle les surdoués du monde entier qui y trouvaient enfin une patrie. Pour des raisons évidentes, il est pratiquement impossible de tester cette hypothèse à grande échelle, il faudrait faire passer dans des IRM un échantillon représentatif de milliers de personnes de tous les pays du monde mais je suis certain qu’un jour, probablement via la détection des marqueurs génétiques du surdon, cette hypothèse se trouvera validée.


Pour l’instant, ce qui devrait inquiéter les sociétés européennes, c’est le fait que les surdoués soient rongés par un véritable mal-être lié à l’évolution récente de ces dernières.


Dans le cadre de mon travail, j’ai rencontré des policiers surdoués en burn-out qui n’en pouvaient plus de l’impunité et du laxisme, des fonctionnaires surdoués en dépression qui ne supportaient plus la perte du bien commun et la gestion de services publics comme des entreprises privées, j’ai également rencontré des entrepreneurs et des commerciaux surdoués qui n’en pouvaient plus des normes, des règles, des barrières érigées par des médiocres pour empêcher ceux qui font d’agir.


Et je ne parle même pas des enfants surdoués persécutés à l’école, parfois jusqu’au suicide et de tous les penseurs, écrivains, journalistes surdoués pourchassés et interdits d’antenne par les chiens de garde du système.


Les surdoués, espèce en voie de disparition ?


Confronté à cette situation désastreuse, ma théorie est la suivante :


La grandeur de la civilisation européenne fut d’avoir su poser un cadre politique, social et philosophique dans lequel le talent des surdoués a pu pendant des siècles s’épanouir. Or, depuis la moitié du XXème siècle, en grande partie via le développement de la technique et des phénomènes sociaux comme l’immigration de masse, le multiculturalisme et l’accès massif à l’éducation supérieure, une sorte d’étau s’est peu à peu refermé sur les surdoués réduisant leur autonomie, niant leur différence et surtout punissant tous ceux osant penser hors des clous. Dans la société actuelle, les traits distinctifs des surdoués que sont la curiosité, l’esprit critique, la propension à poser les questions qui dérangent, la volonté farouche d’ indépendance et d’autonomie et surtout la recherche du bien commun ne sont non seulement plus valorisés mais ils conduisent le plus souvent à la stigmatisation et à l’exclusion sociale. De plus, l’accès massif à l’éducation supérieure a noyé les surdoués dans la masse des diplômés alors que, de Napoléon à l’après-guerre, le lycée et l’enseignement supérieur étaient de facto réservés pour l’essentiel aux seuls authentiques surdoués.


Au lieu de mettre à profit les immenses talents de surdoués comme elle sut le faire par le passé, la civilisation européenne est en train d’étouffer, voire de tuer les individus qui ont rendu possible sa prééminence. Pire, elle valorise et porte au pouvoir des médiocres ou des surdoués dévoyés qui mènent une guerre sans pitié contre le surdon et ses manifestations.


Au sein de l’Europe, la France est le pays où ce phénomène trouve son expression la plus avancée.


Aujourd’hui, la France ne tient que parce que des surdoués malmenés, méprisés, humiliés continuellement dans les entreprises, dans les services publics, dans les hôpitaux, dans les commissariats, dans les casernes à porter le pays à bout de bras. Leur cas, étendu à toute une nation, est un cas d’école du surdoué qui « ne voit pas le mal » manipulé par des pervers narcissiques et qui au lieu d’assumer de « voir ce qu’il voit » et sortir du petit jeu de manipulation de ses tortionnaires passe son temps à douter de lui et à se culpabiliser.


Aujourd’hui, cette France des surdoués est arrivée au bout de ses forces.


Arrivé à ce stade, soit le surdoué se suicide, soit il se réveille et découvre à quel point, il a été trompé, manipulé, blessé. Dans ce cas, sa fureur et sa soif de justice ne connaissent plus de limites. C’est pour cela que la France est depuis toujours un pays qui se réforme à coups de révolutions.