Les souverainistes, pas un «champ de ruines», soutient Lucien Bouchard

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Le rôle de Lucien Bouchard dans la division du PQ se met à émerger

(Québec) Le Québec a toujours un bel avenir et les souverainistes ne sont pas devant un «champ de ruines», comme l'a suggéré Jacques Parizeau récemment.
Lucien Bouchard a lancé cette réflexion à l'occasion d'un échange avec le public qui a assisté, mardi soir, au Palais Montcalm, à la projection d'un documentaire que lui a consacré le cinéaste Carl Leblanc.
Après 1995, M. Bouchard a succédé à Jacques Parizeau à titre de chef du Parti québécois et de premier ministre du Québec. Il n'a pu s'empêcher de réprimer un sourire quand Le Soleil lui a demandé si lui aussi avait l'impression que les militants péquistes se retrouvent devant un «champ de ruines».
«Il me semble que j'ai entendu cette expression quelque part. Moi, a-t-il repris plus sérieusement, je n'emploierais pas ces mots.»
«Je ne suis pas de ceux qui connaissent l'avenir, a-t-il commencé par répondre. Mais une chose est sûre et certaine : le peuple du Québec a un avenir devant lui. Nous sommes une société très avancée, économiquement très développée, avec un grand système d'éducation, un des systèmes de santé les meilleurs au monde.
«C'est sûr qu'on a des déficiences, des problèmes de finances publiques, beaucoup de grandes décisions à prendre. Mais on est capable de les prendre.»
Lucien Bouchard a rappelé une entrevue qu'a accordée son prédécesseur à Paul Arcand. M. Parizeau aurait laissé tomber «qu'on ne sait pas les chemins qui vont être empruntés par les générations qui viennent. C'est ce que je pense», a repris M. Bouchard.
«J'ai confiance dans l'avenir du Québec et je ne crois pas que nous sommes en face d'un champ de ruines. Le Parti québécois est un très grand parti. Le jour où il fera son bilan, il montrera tout ce qu'il a apporté au Québec.»
L'ex-chef charismatique du camp du Oui en 1995 en a profité pour décocher une flèche vers les «purs et durs» de la souveraineté, «ceux qui disent au sein du PQ qu'ils ne sont pas intéressés à gouverner une province. Si on veut me blesser, qu'on me dise des choses comme ça.»
«Gouverner une province, c'est ce que Jean Lesage [premier ministre libéral de 1960 à 1966] a fait avec de grandes réalisations. C'est ce que René Lévesque a fait», à la tête du premier gouvernement péquiste, «en réalisant des choses extraordinaires», comme la loi 101 et le zonage agricole.
Référendum écossais
Le documentaire se termine sur un constat qui a évolué depuis la sortie de Nation : huis clos avec Lucien Bouchard. Des phrases apparaissent à l'écran pour signaler qu'en un siècle, 150 référendums ont été tenus, mais que trois seulement ont été perdus par vote, dont les plébiscites québécois de 1980 et 1995. À cette courte liste s'ajoute, depuis jeudi, la défaite du Oui en Écosse.
M. Bouchard n'a pas voulu tirer d'enseignement ou de parallèle entre la situation au Québec et celle des Écossais. «De loin, il m'est apparu que la campagne [référendaire] a été bien différente de celle de 1995. Les enjeux n'étaient pas les mêmes. Il n'y avait pas le même niveau d'émotion. Il y avait d'autres débats économiques et, je dirais, domestiques.»
Il n'a pas ressenti de sentiment particulier devant une défaite des indépendantistes écossais qui s'est déroulée devant les caméras du monde entier. «J'ai pensé tout le long que le Non était pour l'emporter. Je n'ai jamais eu un doute. Je n'ai pas eu beaucoup d'émotions à suivre ça. Ça se passait ailleurs.»
Un public épars a assisté à la projection et à l'échange avec le cinéaste et celui qui a fait l'objet du film. Dans la salle se trouvait Jean-Roch Boivin, ex-chef de cabinet de René Lévesque et ancien conseiller du premier ministre Bouchard.


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