Ayant reçu depuis le Québec cet article du journal de Montréal de Mathieu Bock Côté, paru hier 14 juillet, au moment où nous célébrions notre fête nationale française, je vous le transmets pour ceux qui ne l'auraient pas lu.
Samedi, 14 juillet 2018 05:00
Notre peuple a des racines françaises. Longtemps, nous l’avons su, même si maintenant, nous l’oublions. Le moment inaugural dans notre histoire s’appelle la Nouvelle-France.
La France était notre mère patrie et c’est la Conquête qui nous y a arrachés, alors que nous conservions un lien vital avec celle que l’historien Michel Brunet appelait notre métropole nourricière.
Québec
L’histoire nous a séparés de la France, mais elle est demeurée au fil des siècles dans notre conscience collective comme une référence positive. Malgré nos déboires comme peuple vaincu et conquis, nous étions les enfants d’une grande civilisation.
La preuve que nous n’avons jamais rompu mentalement avec la France, c’est qu’avec la Révolution tranquille, qui fut une authentique renaissance québécoise, nous nous sommes rapidement lancés dans de grandes retrouvailles avec elle. En renouant avec la France, le Québec renouait avec une part de lui-même.
Si le Québec avait fait le choix de l’indépendance nationale, elle nous aurait certainement accompagné.
Tout cela pour dire qu’aujourd’hui, c’est le 14 juillet, la fête nationale française, et que les Québécois ne devraient pas y être indifférents. La France n’est pas qu’un pays ami : c’est la famille. Et plus qu’un peuple cousin, c’est d’un peuple frère dont on devrait parler.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de la France alors que nous assistons à une américanisation extrême de nos mentalités.
Dans un monde qui devient homogène, la France rappelle que la culture de chaque pays doit être défendue, parce qu’elle exprime son génie et son identité.
Dans un monde qui industrialise les saveurs et l’alimentation, elle conserve un art de vivre bien plus proche d’une existence vraiment humaine.
Dans un monde qui devient puritain, elle rappelle que les sexes doivent moins se faire la guerre qu’ils ne doivent tisser une civilisation qui n’a pas à censurer le désir ou la séduction.
Dans un monde qui se soumet au multiculturalisme, et qui racialise les rapports sociaux à nouveau, elle chante les vertus d’une laïcité qui émancipe et qui peut contenir les communautarismes.
La France, en d’autres mots, incarne une résistance à certaines des tendances les plus toxiques des temps présents. Elle n’est pas parfaite, naturellement, et elle résiste souvent imparfaitement au monde qui se défait. Mais elle résiste quand même, et admirablement.
Toutefois, elle paie cher cette résistance.
Résistance
Les pays anglo-saxons, aujourd’hui, regardent la France de haut, à la manière d’un pays archaïque, autoritaire, qui soumettrait sa diversité au bulldozer et qui serait en retard sur les exigences de la modernité. Ce procès est non seulement caricatural : il est injuste et malveillant. Il témoigne de l’intolérance idéologique des Anglo-Saxons, qui ne sont tout simplement pas capables d’imaginer qu’on veuille porter un autre modèle de civilisation que le leur.
Tant pis.
Les Québécois, en Amérique, poursuivent leur propre histoire. Ils sont un peuple à part entière. Mais avec leur résistance sur un continent, ils poursuivent, à leur manière, une histoire qui a une dimension française. Ils incarnent sur ce continent le combat pour la diversité du monde.
Nos deux peuples, au fond d’eux-mêmes, sont liés par le destin.
Rien ne devrait nous interdire de dire : « Vive la France ! »
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