Le terme aristocrate est de plus en plus utilisé pour caractériser ce groupe particulier que sont les médecins. A-t-on raison de les affubler d’une étiquette qui ne leur donne pas une très bonne image dans l’opinion publique?
En effet les aristocrates, par définition, n’ont jamais eu bonne presse surtout depuis que certaines révolutions les ont définitivement chassés du pouvoir.
Toutefois le concept d’aristocratie, lui, est bien vivant. Mais que signifie ce terme d’aristocratie? Il s’agit essentiellement d’un groupe bien identifié de personnes qui profitent du travail d’un autre groupe sans faire le moindre effort.
Oui mais, me direz-vous, les médecins ont des compétences acquises par des études universitaires poussées et par une pratique professionnelle qui exige un jugement sûr et un grand sens des responsabilités. Ceux-ci travaillent dans des conditions quelquefois difficiles et sous pression. Et leur travail est très bien rémunéré.
Ce constat, me direz-vous, ne fait certainement pas d’eux des aristocrates. Et pourtant une partie de leur revenu leur tombe du ciel sans qu’aucun effort ne soit consenti de leur part pour l’obtenir. Ils s’enrichissent pendant leur sommeil. N’est-ce pas merveilleux?
Mais comment une telle chose peut-elle se produire? Il suffit d’attendre l’effet de la mobilisation de plus de 400,000 travailleuses et travailleurs de l’État, réunis en Front commun, négociant actuellement le renouvellement de leurs conventions collectives.
Les augmentations salariales qui seront obtenues par l’effort déployé de tous ces travailleurs et travailleuses de la santé, de l’éducation et de la fonction publique, notamment en faisant la grève, seront automatiquement consenties aux médecins par l’effet magique d’une clause remorque qui leur est accordée par le gouvernement.
Certains articles de journaux du début du mois de décembre 2015 nous apprenaient que les médecins omnipraticiens et les médecins spécialistes auraient droit à une augmentation de 200 millions de leurs revenus si un pourcentage de 3% leur était accordé comme la proposition du président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, le prévoyait par l’effet de la clause remorque.
Depuis cette proposition, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et l’offre salariale atteint maintenant 9,15% sur cinq ans. Cette offre fait suite à l’entente de principe du 17 décembre 2015 qui sera soumise aux membres du Front commun dans les premiers mois de 2016.
En considérant donc qu’un point de pourcentage équivaut à environ 67 millions, il est mathématiquement plausible que les médecins aristocrates recevront collectivement une augmentation de leur masse salariale de plus de 600 millions sans avoir fait le moindre effort.
L’entente de principe entre les représentants syndicaux du Front commun et le gouvernement ne fait pas l’affaire de tous les syndicats. La principale fédération des services publics de la CSN, la FSSS (Fédération de la santé et des services sociaux) propose à ses membres le rejet de l’entente de principe.
Et on sent sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter un mouvement d’opposition à cette entente de principe dans tous les secteurs des services publics concernés par la négociation.
Si le gouvernement et les associations médicales concernées annulaient d’un commun accord cette clause remorque accordée par le gouvernement Couillard aux médecins omnipraticiens et aux médecins spécialistes, les acteurs syndicaux et patronaux du Front commun retrouveraient immédiatement une marge de manœuvre de plus de 600 millions.
Cette cagnotte supplémentaire aiderait certainement les parties négociantes à bonifier l’entente de principe et à la faire accepter par les membres du Front commun.
Et puis la caste des médecins aristocrates est suffisamment puissante pour négocier par ses propres moyens ses conditions de travail sans s’appuyer sur le levier de la mobilisation des membres du Front commun.
Il ne faut pas être un grand sorcier moderne comme le médecin pour constater sa capacité à tirer un grand profit de son savoir.
Les informations des derniers mois de l’année 2015 ont fait largement état de leurs privilèges. À tel point que certains membres de cette caste médicale et même le premier ministre, médecin de son état, considèrent qu’ils en ont dorénavant suffisamment.
N’en jetez plus, la cour est pleine.
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