Les méchants, c'est nous autres

un Québec sans Québécois est en train de voir le jour

Anglicisation du Québec



Dix personnes ont été arrêtées au terme de violences commises contre des manifestants pacifiques au centre-ville de Montréal, samedi dernier. Imaginez-vous donc que des Québécois (cela va de soi) ont été molestés par des fanatiques qui ne toléraient pas la présence de gens exhibant le drapeau bleu et blanc.
Vous vous demandez peut-être de quoi je parle puisque les incidents que je rapporte ici ont à peine attiré l'attention des gens de ma profession. Pourquoi? Parce que ce sont seulement des Québécois qui ont été agressés, alors ce n'est pas grave.
C'est difficile de s'émouvoir pour une ethnie aussi peu exotique que la nôtre, même si elle est en voie de disparition dans un continent où sa marginalité la condamne à disparaître. Nous nous sentirions égoïstes de pleurer sur notre propre mort programmée. «Tendre l'autre joue», voilà qui devrait remplacer notre devise nationale puisque, de toute façon, nous ne nous souvenons plus.
Samedi dernier, vers midi, il flottait donc un parfum de violence politique à la mode du Montréal de l'avant-dernier siècle: «Des pierres et des bouteilles ont été lancées en direction des manifestants et des policiers, des armes qui avaient vraisemblablement été apportées par les assaillants», d'expliquer mon collègue Ian Gauthier, du Journal de Montréal.
Cela se passait à l'angle du boulevard René-Lévesque et de la rue Guy, qui borde la très québécoise Concordia University, où ça grouille de gentils allophones anglicisés favorables à la bonne entente à l'égard de la naïve société d'accueil. Comme la censure le veut, c'est-à-dire la rectitude politique, il ne faut pas se plaindre quand on nous attaque. Les méchants, c'est nous.
Quoi que nous fassions, nous inspirerons de l'horreur et du dégoût aux gentils «néos», qui ont parfois la chance de ne pas parler le français et d'être indemnes de la souillure de notre culture.
UN QUÉBEC SANS QUÉBÉCOIS
Cette indifférence hostile à notre culture n'est que la conséquence du travail de sape entrepris depuis quelques années contre le Québec français, comme nous le faisait remarquer le chroniqueur Jean- François Lisée dans un texte intitulé Is the Unilingue anglais back paru sur son blogue pour la revue L'actualité. Hélas ! Tout cela n'est que trop vrai. J'ajouterai pour ma part que les immigrants les moins assimilables, les plus arrogants, proviennent souvent du Commonwealth et qu'ils servent de fer de lance à nos éternels red necks qui, depuis notre Conquête, ne supportent pas que le français soit une langue parlée à Montréal.
L'émission Day Break, à la radio de la CBC, n'a pas craint, récemment, d'inviter des xénophobes semblables à Sherwin Tjia, un jeune Torontois d'origine installé à Montréal dans l'outrecuidant quartier «trop francophone» du Mile End.
M. Tjia vit «parmi nous» (façon de parler) depuis huit ans et il hurle qu'il refuse d'apprendre le français. Bravo et félicitations,
M. Tjia !
Quels beaux citoyens que ces vaillants chevaliers de la langue anglaise ! Depuis la loi 101, notre centre-ville est devenu si foncièrement français ! Il y a des limites à malmener une minorité comme nous le faisons dans la fun city de Gilbert Rozon.
Regardez notre équipe de hockey: les étrangers n'y ont plus leur place et ça ne parle que le français dans le vestiaire ! Écoutez le lucide Maxime Bernier et le patriote Marc Garneau ! «Assez, c'est assez !», nous aurait dit le bon Pierre Elliott Trudeau. Accueillons donc à bras ouverts ces esprits universels qui se battent pour ne pas parler notre langue et pour ne pas nous connaître. Voilà, chers cocus contents, où nous en sommes rendus: un Québec sans Québécois est en train de voir le jour.


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