À l'école de Pierre Bourgault

Les leçons de l'histoire

Tribune libre


Il arrive parfois, dans l’histoire d’un peuple, qu’il doive faire une pause et se retourner vers les idées qui ont été gravées dans les ouvrages écrits par ceux et celles qui ont vécu cette histoire. Parmi ceux-ci, Pierre Bourgault représente sans aucun doute l’un des plus fervents défenseurs de l’indépendance du Québec. Aussi ai-je senti le besoin, au milieu de toutes les interrogations qui m’habitent, de faire ce retour aux sources en me replongeant dans son livre intitulé « Maintenant ou jamais! », publié chez Stanké en 1990.
D’entrée de jeu, Bourgault explique en ces termes les raisons qui, selon lui, ont conduit à l’échec du référendum de 1980 :

« Dans les années soixante-dix, nous nous sommes emmêlés dans des stratégies compliquées et souvent contradictoires. Les stratégies étaient devenues l’objectif plutôt que le moyen…Elles servaient trop souvent de prétexte à nos atermoiements et à nos tergiversations…À tel point que nous avions fini par oublier le but que nous nous étions fixé… »

Par contre, cinq ans avant le référendum de 1995, Bourgault est convaincu que le Québec a un rendez-vous avec l’histoire pour autant que les acteurs de la cause souverainiste gardent constamment à l’esprit leur objectif et qu’ils le rappellent sans cesse à tous ceux et celles qui veulent bien les entendre. Et, insiste Bourgault, « cet objectif est le même depuis plus de 30 ans, c’est l’indépendance du Québec. »
Quelles sont les raisons qui, selon Pierre Bourgault, convergent vers l’occurrence d’une victoire du oui en 1995?
« Dans l’histoire, les choses arrivent quand il y a conjonction entre les acteurs et les mouvements… Les acteurs, bien qu’éparpillés, sont plus nombreux que jamais et il s’en faudrait de peu pour qu’ils se rassemblent au sein d’une organisation puissante. Le mouvement est palpable jusque dans la rue. Les sondages nous répètent à l’envi que le peuple bouge et qu’il va dans le sens que nous souhaitons. Il semble donc qu’il y a conjonction entre les acteurs et le mouvement. »

À mon sens, deux constats se dégagent des réflexions de Pierre Bourgault : d’abord, le fait que les « stratégies compliquées » des acteurs souverainistes d’aujourd’hui, comme dans les années soixante-dix, deviennent souvent
« l’objectif plutôt que le moyen », ensuite, qu’il doit y avoir « conjonction entre les acteurs et le mouvement » pour aspirer accéder à notre indépendance.
En résumé, la leçon de Pierre Bourgault est claire : il faut mettre le cap sur l’indépendance autour d’acteurs convaincus qui réussiront à créer le mouvement nécessaire pour arriver au grand jour! Saurons-nous tirer profit des leçons de l’histoire?
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2089 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 juillet 2011

    D'une façon, un modèle d'affirmation indépendantiste pourrait être le Scottish National Party. Pris à se battre contre le même ennemi que nous. Ils ont sans doute la même motivation que les Irlandais: la langue déjà perdue. Or, un politicien qui les a bien fréquentés, Daniel Turp s'est même affairé à rédiger une politique identitaire. A servi aussi au Bloc? S'est présenté comme président du PQ... battu par CETTE VOIX de radiocadenas... pourquoi?... cela explique ceci?...
    M'enfin, on aura beau ressasser l'histoire pour nous flatter la bedaine avec notre langue belle qui se parle de plus en plus en Afrique... ce que nous vivons ici et maintenant, le problème primordial qui doit se régler par l'ensemble des Québécois dans un vote UNI de tous les INDÉPENDANTISTES, c'est que le dialecte qui nous est venu des Francs, il se parle de moins en moins à Montréal, en complicité incontestée avec l'actuel gouvernement du Parti Libéral du Québec (Christine St-Pierre et les adorateurs (trices) de JJ Charest)

  • Archives de Vigile Répondre

    14 juillet 2011

    [1] On le dit, on l'écrit, on le redit, on le réécrit, on le répète, mais il n'y a rien à faire avec les électoralistes, c'est-à-dire les députés qui veulent se faire réélire et ceux et celles qui veulent accéder à la classe politique privilégiée, et leurs supporters et fidèles serviteurs.
    [2] Alors on tergiverse, on dilue, on gagne du temps, on élude, on invente des chemins de traverse, on étire le temps de glace sur la patinoire provinciale, on pratique la langue de bois, on se gargarise avec des mots, des programmes, des promesses et on joue avec des formules ambiguës et passe-partout, comme la "gouvernance souverainiste", le summum de la manipulation et de la fraude intellectuelle.
    [3] Tout cela pourquoi? Pour le pouvoir provincial. Le petit pouvoir provincial de merde.
    [4] C'est quand même incroyable quand on y pense sérieusement : un parti qui se prétend "souverainiste" la main sur le coeur et qui est incapable, absolument incapable de se présenter devant l'électoral avec ce qui est censé être le coeur de son programme et de son engagement politique. Cela dépasse l'entendement.
    [5] En plus, on jette l'anathème, on prononce des fatwas, on traite de traître et d'espion à la solde du fédéral tous ceux et celles qui refusent d'embarquer dans ce petit jeu.
    [6] Et comble de goujaterie, on nous fait du chantage en nous disant que si on ne vote pas pour cela, on fera le jeu des fédéralistes. Quelle connerie!
    Pierre Cloutier