Les "JUSTES" israéliens seront-ils ceux qui transporteront des Palestiniens dans leur voiture ?

17. Actualité archives 2007


Collectif Bellaciao - A partir d’aujourd’hui, vendredi 19 janvier 2007, tout Israélien transportant un Palestinien dans sa voiture en Cisjordanie est passible de lourdes peines. Une ordonnance qui fait franchir un pas de plus à la barbarie que nos "justiciers" ont omis de dénoncer lors de la "Journée des Justes".
"Ce règlement raciste n’est rien de plus qu’un nouveau boulon, particulièrement abject, dans la machine engagée, avec diligence et efficacité, à dépouiller les Palestiniens de leur dignité humaine, à les isoler, à les séparer, à les piétiner et à réduire en poussière ce qui reste de leurs droits", estime B. Michael dans le Yediot Aharonot du 12 janvier.

Il rappelle qu’il ne s’agit pas de l’entrée des Palestiniens en "Israël" (les guillemets sont nécessaires car on ne sait toujours pas où commence et où s’arrête Israël, dont les frontières demeurent inconnues) interdite depuis bien longtemps, par tous les moyens, sous toutes les formes.
Il s’agit d’empêcher "tout déplacement commun" entre un Israélien et un Palestinien, tout rapprochement
"Il y a bien sûr des exceptions, note B. Michael : les seigneurs féodaux des colonies pourront continuer de conduire leurs esclaves indigènes sur leur lieu de travail. Après tout, il est impensable que la routine confortable des maîtres soit troublée"..."A dire vrai, même le mot « apartheid » est trop modéré pour décrire cette abomination. Mes aïeux se sont vus eux aussi interdire de voyager dans le même véhicule avec des membres de la nation dominante. Mes aïeux se sont vus eux aussi interdire l’usage de moyens de transport, sauf pour rejoindre leur lieu de travail avec leurs maîtres. Mes aïeux se sont vus eux aussi interdire de circuler, de travailler, d’étudier, de se soigner, de prendre des congés ou d’honorer leur dieu, sauf si leurs maîtres leur en donnait la permission. Et maintenant, je prends l’ordonnance du commandement central, je la contemple, désemparé et, l’estomac noué, je lis : « Il est interdit aux Palestiniens de voyager en voiture avec des Israéliens ». Les Palestiniens ne sont autorisés à se déplacer dans une voiture israélienne que pour rejoindre leur travail. Quel malheur que cette honte ! Quel malheur que cette disgrâce ! Quel malheur que le judaïsme se piétine ainsi lui-même.
Un drapeau plus noir que noir flotte au-dessus de cette ordonnance. Toute personne civilisée, toute personne attachée au droit doit se garder d’y obéir. Parce que cette ordonnance n’est pas seulement illégale. Elle est aussi malfaisante."
(Traduction de l’anglais : Michel Ghys)
Ce n’est pas un coup d’éclat dans un ciel serein, fait remarquer de son côté Amira Hass, dans Haaretz du 17 janvier, en s’en prenant à l’ensemble des politiques et des médias qui se taisent, laissant quelques associations israéliennes des droits de l’Homme se débattre avec le problème.
"La Cour suprême ne s’est pas pressée parce que l’ordonnance du général Naveh est logique, très demandée, et que la voie qui y mène a été pavée au fil des dernières années, minutieusement, graduellement, par une série d’ordres et ordonnances, de lois parlementaires, par la politique des routes séparées et le tracé de la clôture des services de la Défense. Et toujours avec l’approbation de la Cour suprême. La nouvelle ordonnance s’accorde parfaitement avec d’autres interdictions de déplacement imposées par Israël aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, dans un territoire où les juifs ont le droit de se déplacer, de résider, de commercer et de faire des affaires sans obstacles. Ces interdictions de se déplacer empêchent depuis des années des milliers de Palestiniens de Cisjordanie de rendre visite à leur famille et à leurs amis à Gaza. Elles sont responsables de milliers de sagas où des gens ne sont pas autorisés à vivre avec leur famille, dans leur propre maison, à prendre soin de leurs parents sur leur lit d’agonie. Elles empêchent des étudiants de choisir leurs études dans des institutions convenables. Elles éloignent les malades des cliniques, les parturientes des maternités, les élèves des écoles, les travailleurs de leurs lieux de travail. Ces interdictions ont fait d’un tiers de la Cisjordanie - la vallée du Jourdain - un territoire vide de Palestiniens, sauf les 50.000 qui sont, d’après leur carte d’identité, domiciliés dans la vallée.
L’ordonnance dont il est question ici complète un ordre qu’un général a lancé en octobre 2000 et qui, au motif connu de la sécurité, a interdit aux Israéliens l’entrée dans les « territoires A » de Cisjordanie. La nouvelle ordonnance sera particulièrement efficace car elle mettra tout spécialement en danger les Palestiniens qui la violeront : pour des raisons juridiques, il sera difficile de poursuivre les Israéliens devant un tribunal civil. Mais les Palestiniens « criminels » se retrouveront, eux, brimés à l’intérieur et à l’extérieur des tribunaux militaires, persécutés par la Sécurité générale [Shabak] et exposés à des peines de prison pouvant aller jusqu’à cinq ans. Ce fait-là dissuadera des Israéliens de recourir à la désobéissance civile non-violente du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King - ou de violer cette ordonnance parfaitement illégale. Les fondateurs de l’apartheid en Afrique du Sud auraient été fiers d’une ordonnance pareille."
(Traduction de l’hébreu : Michel Ghys)
CAPJPO-EuroPalestine


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