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Alors que les intellectuels et les organismes juifs du Québec sont demeurés silencieux en ne prenant aucunement part au débat public sur un conflit étudiant qui a secoué le Québec et a perturbé le secteur postsecondaire depuis plus de trois mois, voici que des groupes et des représentants juifs se manifestent et dénoncent les jeunes qui, par naïveté mais surtout par défiance, narguent les policiers en les associant à des SS, ce qui explique le salut nazi de certains d’entre eux.
Mais pas un mot de la part de ces mêmes organismes à propos d’une loi, adoptée à l'Assemblée nationale du Québec par la majorité libérale (et les députés de la CAQ) qui limite sévèrement les droits fondamentaux, selon plusieurs juristes et divers groupes dont des associations de défense des droits, qui l’ont dénoncée.
Ne faudrait-il pas demander au B’nai Brith, organisme qui s’occupe si bien des droits, pourquoi il ne s’est pas prononcé sur cette loi ?
C’est le salut nazi que certains étudiants ont fait pour narguer les policiers qui a suffi pour que le B’nai Brith se manifeste dans ce conflit et s’insurge en condamnant le geste des jeunes.
Et voilà sortis les gros canons de la souffrance juive : injure à la mémoire, morts de l’Holocauste et Deuxième guerre mondiale.
« Même si cela a pour but d'insulter les policiers et non d'exprimer leur soutien au nazisme, la reprise de symboles du régime hitlérien constitue une injure à la mémoire de ceux qui sont morts durant l'Holocauste, des survivants et de ceux qui se sont battus contre les nazis durant la Deuxième Guerre mondiale», dit son communiqué, repris, bien sûr, immédiatement par Radio-Canada.
Même l’hyper-silencieux député libéral de D’Arcy-McGee, Lawrence Bergman, est sorti de son mutisme. «C’est vraiment dérangeant, a-t-il déclaré. Ça démontre une ignorance. L’histoire nous montre que les génocides ont commencé avec des mots qui au départ semblaient innocents et on n’y portait pas attention». Et de faire référence aussi à «l’Holocauste, (à) la stratégie de l’Allemagne nazie qui consistait sous Adolph Hitler, à éliminer le peuple Juif pendant la Deuxième Guerre Mondiale.»
«Ce n’est pas la société québécoise que je connais et que j’aime», d’ajouter le président du caucus des députés libéraux, qui est de confession juive, précisent les journaux.
Quel rapport existe-t-il, devrait-on demander à M. Bergman, entre le geste des étudiants, geste qui s’adressait aux policiers, et le Québec qu’il connaît et qu’il aime ? Allez comprendre. Est-ce que cet auguste représentant de la communauté juive (et du parti libéral) a compris le geste des étudiants ? On peut se permettre d’en douter.
A-t-on mesuré, dans ces milieux, l’injustice dont se disent victimes les manifestants, autant de la part des policiers que des autorités en place, et les inégalités socio-économiques que crée la hausse des droits de scolarité, inégalités décriées par les mouvements étudiants et syndicaux ainsi que par d'autres groupes et individus qui les appuient ?
N’est-ce pas désolant qu’une communauté aussi importante de la société québécoise ne puisse avoir d’autres cadres de référence que ce qu’Esther Benbassa a appelé «La souffrance comme identité» (Fayard, 2010) ?
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