Les États-Unis augmentent la pression, même sur le Canada

3ee9b6f6997436fcf7c04e0e96bc8c19

Trump ne lâche pas le morceau

Dans sa guerre commerciale, Washington a accru la pression sur ses partenaires économiques. La liste des exemptions a été élargie, mais devient soumise à une date butoir du 1er mai. Le Canada n’y échappe pas.


Le gouvernement Trump a clairement fait le lien vendredi entre la tarification punitive sur l’acier et l’aluminium et la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Auparavant exemptés sans autres contraintes des nouveaux tarifs, le Canada et le Mexique font désormais partie d’une liste d’exemptions élargie soumise à la date butoir du 1er mai. Selon ce que rapportaient les agences de presse citant un nouveau décret présidentiel, au-delà du délai, la tarification s’appliquera à tous. Annoncés le 8 mars, les tarifs sur les importations mondiales d’acier et d’aluminium de 25 et 10 % respectivement devaient entrer en vigueur 15 jours plus tard.


Le conseiller commercial de Donald Trump, Peter Navarro, avait déjà fait l’association cette semaine dans une entrevue à CNN, soutenant qu’en l’absence d’un ALENA renégocié favorable aux États-Unis, quelque chose se passerait du côté des tarifs, a-t-il prévenu.


Le 8 mars M. Trump avait soufflé le chaud et le froid en précisant que l’exemption pour le Canada et le Mexique était en vigueur pour l’instant, et que l’ALENA était important pour la sécurité économique et nationale. Il ajoutait que « si nous n’avons pas d’entente sur l’ALENA, et si nous mettons fin à l’ALENA […] nous allons tout recommencer du début. Ou nous allons procéder autrement. Mais nous allons mettre fin à l’ALENA, et ça sera tout. Mais j’ai l’impression que nous allons nous entendre sur l’ALENA […] Si nous le faisons, il n’y aura pas de tarifs pour le Canada, et il n’y aura pas de tarifs pour le Mexique. »


Réplique chinoise


Ailleurs, la Chine esquissait sa réplique vendredi, au lendemain de la signature d’un mémorandum menaçant Pékin de sanctions américaines pouvant totaliser 60 milliards de dollars, sans autres précisions. Une première réponse est venue vendredi de l’ambassadeur de Chine aux États-Unis évoquant sur la chaîne Bloomberg une baisse des achats de bons du Trésor américain. Pékin est le plus gros détenteur étranger de dette fédérale américaine. À une question sur le sujet, il a répondu : « Nous considérons toutes les options. » Pour ajouter : « C’est pourquoi nous croyons que toute initiative unilatérale et protectionniste serait dommageable pour tout le monde, y compris les États-Unis eux-mêmes […] Cela aurait certainement un impact négatif sur la vie quotidienne de la classe moyenne américaine, sur les compagnies américaines comme les marchés financiers. »


Après avoir annoncé des mesures punitives contre des importations chinoises pouvant atteindre les 60 milliards de dollars, le gouvernement américain a 15 jours pour détailler les produits ciblés. Washington a aussi lancé une procédure contre la Chine devant l’Organisation mondiale du commerce contestant les pratiques chinoises qui enfreignent les droits de propriété intellectuelle.


Pékin avait immédiatement répliqué en dévoilant une liste de 128 produits américains sur lesquels seront appliqués de nouveaux droits de douane.


Wall Street secouée


Ajoutées aux déboires de Facebook, les secousses de cette guerre commerciale sur le point d’éclore ont été solidement ressenties en Bourse. Le Dow Jones a perdu 1,8 % vendredi, creusant sa perte hebdomadaire à 5,7 %. Plus large et plus représentatif, le S & P 500 a glissé de nouveau, de 2,1 % vendredi, gonflant sa perte à près de 6 % sur la semaine.


Pour sa part, l’indice Nasdaq, à forte saveur technologique, a affiché un recul de 2,4 % au cours de la séance de vendredi pour tomber sous les 7000 points. Sur la semaine, sa chute atteint 6,5 %.


« C’est la première fois depuis une année ou deux que l’on connaît un tel niveau d’incertitude », a commenté Adam Sarhan, de 50 Park Investment. « Le plus grand défi des marchés aujourd’hui est de naviguer dans cet environnement trouble, ce qui est très compliqué », a renchéri Nate Thooft de Manulife AM.


Pour Luciano Orengo, gestionnaire de portefeuille chez Gestion d’actif Manuvie cité par La Presse canadienne, « la crainte est de voir cette guerre commerciale progresser de façon incontrôlable, ce qui pourrait essentiellement mettre les freins sur la croissance du PIB mondial. Et alors cela aurait un impact négatif sur les prix des matières premières ».


> La suite sur Le Devoir.



-->