Les enragés planétaires

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La peur s'installe chez les complices du système





Nos pays regorgent de gens envahis d’abord par la rage, le sentiment d’échec et l’impuissance. Pour des raisons souvent justifiées. Alors, on parle désormais de l’agonie de la démocratie.


Donald Trump surfe sur cette vague déferlante. Car l’homme, par sa propre violence, sa hargne, a trouvé, grâce à ces revanchards, sa voie pavée vers le pouvoir le plus mystérieux, le plus saoulant, à savoir le pouvoir politique.


Son royaume immobilier ne le satisfait plus. Le journal Le Monde a présenté vendredi dernier une carte géographique de sa puissance financière. Les possessions de Trump sont tentaculaires: États-Unis, Amérique du Sud, Euro­pe, Moyen-Orient, Arabie saoudite, Chine. Comme Charles Quint au 16e siècle, Trump peut affirmer, «sur mon empire le soleil ne se couche pas». Ses amis milliardaires, de toutes religions, toutes couleurs et toutes cultures, sont prêts à faire affaire avec lui.


Mais pour Donald Trump, créé par Dieu pour sauver le monde, tout cela n’est pas suffisant.


Protecteur


À l’image des paranoïaques caricaturés dans les films de James Bond, le président élu des États-Unis veut imposer sa vision du monde. Il n’incarne pas le diable, mais le bon, le protecteur du peuple trompé par de faux héros, menteurs, méprisants, incom­pétents


Dans son aveuglement indissociable de son sentiment de toute-puissance, il s’offre en sauveur, lui qui croit appartenir au club sélect des figures mythi­ques de l’histoire universelle.


Comment expliquer qu’en Russie, en Chine, au fond de la Côte-Nord ou sur les bords du Rhin, le cœur des populistes vibre pour lui?


Les enragés planétaires ne croient plus à la civilisation occidentale. Ils tournent le dos à la politique traditionnelle qui a fait d’eux des désillusionnés et des sceptiques permanents. Ils méprisent ceux qui gouvernent, ceux qui les leurrent, ceux qui les déçoivent et ceux qui s’enrichissent à leurs dépens.


Simplisme


Partout, ils sont prêts à donner la chance aux nouveaux coureurs. Dans nos pays respectifs, ils appuient des leaders populistes à la pensée gangrenée, qui offrent des solutions simplistes à la complexité de nos systèmes mis à mal par une mondialisation qui laisse les travailleurs sur le carreau. Ces sociétés où l’égalité ne s’applique qu’aux extrêmes privilégiés et qu’incarnent à leurs yeux les Clinton aux États-Unis.


Donald Trump accède au pouvoir suprême cette semaine grâce aux déclassés de la classe moyenne, qui n’accède plus à la richesse promise. Ils croient n’avoir rien à perdre en basculant dans la révolte.


Ils rêvent à leur tour de mettre les exploi­teurs au banc des accusés, c’est-à-dire ceux qui les dirigent et qui sont acoquinés aux milliardaires sans cœur et sans morale. Et paradoxalement, ils misent sur Donald, l’adorateur du veau d’or, et tous les populistes aux recettes miracles sont leurs nouveaux amis.


Trop de citoyens sont au bord de la crise de nerfs et les jappements de Trump les réjouissent. Désormais, les défenseurs des droits et libertés et les journalistes sérieux risquent d’être assimilés aux exploiteurs du peuple. La tentation des tribunaux populaires s’installe ainsi dans les esprits enflammés.




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