Montréal déshonorée

Les élus doivent démissionner en bloc

Une modification de la charte s'impose pour restaurer la démocratie

Tribune libre


S’il reste encore quelques citoyens de Montréal, c’est à eux que je m’adresse. Ce qui s’est passé ce soir du 19 février 2013 est l'évènement le plus déshonorant de l’histoire de notre ville. L’hôtel de ville de Montréal est un parlement. Aucun élu montréalais n’a semblé comprendre qu’un parlement élu démocratiquement a été aujourd’hui assiégé par les forces policières d’un autre gouvernement. Ils doivent en prendre la responsabilité.
C’était d’abord à ces élus qu’il convenait de surveiller les agissements des administrations municipales successives qui ont fermé les yeux ou refusé de voir que l’administration de notre ville a été abandonnée au crime organisé, que des fonctionnaires ont obéi sciemment, par contrainte ou dépit à des politiciens qui ont détourné l’intérêt général au profit d’intérêts particuliers. Combien d'entre eux savent des choses qu'ils n'osent pas révéler tant la hiérarchie municipale est écrasante.
Les manifestations de la décadence s’est manifestée par le trafic des accommodements particuliers de zonage, par le trucage des appels d’offres, par l’espionnage des communications, par le financement des partis politiques, par l’infiltration de représentants du crime organisé à des postes clés. Les symptômes en sont la malpropreté, les nids de poule, l'état des infrastructures, l'établissement d'une gouvernance clientéliste où les montréalais charriés dans des autobus non climatisés, privés de leur métro transformé et système régional de transport ont vu leurs taxes augmenter de façon abusive.
Au-delà de tout cela il s’agit d’une corruption des esprits qui a entraîné la disparition du jugement critique et de la liberté de parole. Les partis politiques et leurs lignes de parti ont rendu possible cette démission morale et politique collective, les élus loyaux aux oligarques étant relégués au rôle de pions et de collecteurs de fonds. Les choix de priorités sont aux mains d'une clique de privilégiés proches du pouvoir et qui orientent le développement sans rendre de compte aux citoyens qui subissent et consomment des prestations qu'ils n'ont pas demandées quand l'essentiel fait défaut.
Quel politicien municipal s'inquiète du scandale de la pauvreté, de l'exclusion et de l'abandon à la rue des populations les plus vulnérables.
Les faibles taux de participation aux dernières élections ont permis le maintien en place d’un système corrompu malgré le fait que des allégations de corruption étaient déjà apparues au moment de ces élections. En ce sens, chaque citoyen montréalais est aussi responsable de la situation.
Depuis que les portes du parlement montréalais ont été franchies par la police de l'état québécois, c'est l'ensemble des Montréalais qui est humilié. Les élus et le système des partis ont perdu leur crédibilité. La récente tentative de sauver les meubles par la création d’un gouvernement municipal de coalition en jouant à l'autruche, n’a pas permis de nettoyer l’administration, ni permis la reddition de compte qui aurait permis de sauver la dignité du parlement montréalais.
Il importe donc de rétablir l’honneur, la dignité et la confiance en notre ville "si belle et si éprouvée".
En ce sens, et vu l’outrage sans précédent causé au sanctuaire de la démocratie montréalaise qui vient d'être profané, je suis d’avis qu’il y a lieu d'exiger des élus actuels et du gouvernement du Québec les actions suivantes :
• que l’ensemble des élus de Montréal démissionnent sur le champ, que la ville soit provisoirement mise sous tutelle et qu’une élection générale soit organisée après que la charte de la ville ait été amendée à la suite d'un référendum montréalais et d'une loi du gouvernement du Québec.
• qu’un amendement à la charte de la ville de Montréal soit adopté par le gouvernement du Québec à la suite d’un référendum montréalais portant sur les mesures suivantes :
o que tous les candidats désirant se présenter à toute élection ne puissent le faire qu’à titre de citoyen libre de toute formation de parti politique
o que soit interdits toute dépense et financement électoraux, la ville prenant à charge un site internet d’information et des encarts dans les journaux afin que chaque candidat ait droit au même espace de présentation de son curriculum et de sa motivation.
o que pour chaque poste électif à combler un débat public entre les candidats ait lieu en présence du public et avec retransmission par internet et à la télévision
o qu’aucun élu ne puisse remplir plus de deux mandats consécutifs
o que dans l’avenir, tout changement de zonage et tout règlement d’emprunt soient automatiquement soumis à un référendum
o que tous les appels d’offre, les processus d’embauche et de sélection des entreprises et consultants soient rendus publics et justifiés
o que les recommandations des services municipaux au Comité exécutif de même que toutes les décisions de ce Comité soient rendues publiques
o qu’une grande consultation référendaire (et non pas une consultation manipulée ou un sommet sous contrôle d’experts en communication) soient tenue auprès des Montréalais afin de déterminer les priorités de l’administration pour les quatre prochaines années
Il faudra de plus que la nouvelle administration élue mette sur pied une commission d’enquête indépendante sur la nature et les causes des dysfonctionnements de l’institution municipale; que tous les élus reçoivent une formation en éthique; que les auteurs de malversation ou de négligence aient à répondre de leurs actes et manquements.


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13 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    22 février 2013

    On voit maintenant l’absurdité de Charest qui souhaitait qu’on laisse les policiers faire leur travail, supposément parce que c’est en prison qu’il voulait voir les corrompus et non pas à la télévision.
    Maintenant qu’on voit les crapules à la télévision, y a-t-il des gens sérieux pour croire que les témoins les plus récalcitrants qui défilent à la Commission C. s’en iront bientôt en prison ?
    Nous n’avons pas besoin que les policiers de l’U.P.A.C. mettent leurs gros sabots dans la politique, et s’arrogent le crédit de vidéos qu’ils n’ont pas été capables de produire eux-mêmes. Et Nous n’avons surtout pas besoin de tous ces ex-policiers à la retraite qui encombrent et ternissent le paysage. Et cela commence comme par hasard avec les « polices » qui sévissent au P.L.Q. et à Montréal-Nord…

  • Gérald McNichols Tétreault Répondre

    21 février 2013


    Le fait est que toutes les formules mises de l’avant par les partis politiques, ont en commun d’être des exposés faciles (accessibles aux nuls et formatées par des experts en communication que les campagnes de financement servent à payer) qui inventent et défendent les en-lieux de contenu pour le compte de partis politiques qui doivent vendre du prêt-à-penser, des idées à la mode, pour convaincre de grandes quantités d’électeurs de voter en leur faveur et surtout de retourner chez eux ensuite.
    Qu’ils prêchent l’enrichissement ou la vertu, ces partis ont tous la certitude qu’ils doivent prendre le pouvoir pour nous imposer de force leurs idéaux. Idéaux, au mieux, aussi vite oubliés le lendemain de l’élection lorsqu’on découvre le déficit laissé par le gouvernement sortant et remplacés alors par la gestion quotidienne improvisée, et au pire, appliqués de façon tyrannique par des convulsionnaires. Le passé récent et la file d’attente pour les sièges électifs municipaux à pourvoir dans un prochain avenir sont de cet ordre et font craindre le pire si rien n’est fait pour modifier le régime politique montréalais.
    Lorsque je m’attaque à l’idée même de parti politique, c’est parce que j’estime qu’ils constituent un frein à la pensée libre, à la discussion libre et à l’élaboration de solutions complexes mais satisfaisantes. Ils coûtent cher et n’offrent rien en retour que le détournement de l’intérêt public vers l’intérêt de parti. Ils encouragent ce qu’il y a de pire en l’être humain : la partisannerie qui paralyse la pensée libre. Les partis n’aiment pas les solutions complexes parce qu’elles sont trop difficiles à expliquer et à vendre et que pour cette raison elles les rendent vulnérables devant les partis adverses. Le spectacle des batailles partisanes font vivre les entreprises de presse mais détruit la cité.
    Cela explique pourquoi les citoyens de Montréal démobilisés n’ont même pas réagi à la profanation de leur parlement. Ce n’est donc pas d’avoir dérangé les élus que je reproche à l’invasion de l’hôtel de ville de mardi le 19 février 2013 mais bien d’avoir forcé la porte du siège de la démocratie montréalaise et violé le seul établissement à la fois symbolique et espace de démocratie des montréalais.
    C’est la raison pour laquelle j’ai demandé la démission de tous les élus montréalais et la tenue de nouvelles élections libres de tout parti politiques puisque siégeant à l’hôtel de ville, ils n’ont pas su remplir leur fonction de protecteur de l’intérêt public depuis de nombreuses années, mandat qui leur avait été confié par les montréalais. Ce faisant ils portent la responsabilité du déshonneur de la profanation de notre parlement municipal et doivent démissionner à cause de la honte que cela représente. Ne pas oublier que cet affront a été effectué après que l’ensemble des élus se soient repartagé entre eux le pouvoir en fermant les yeux et blanchissant toutes les dérives passées.
    Que les nouveaux candidats reviennent en tant que citoyens à titre individuels dans une élection où chacun devra montrer ses compétences et ses idées, qu’on abolisse les partis pour une période d’essai de 12 ans - par exemple, et nous verrons comment des hommes et des femmes élues pour un maximum de deux mandats, sur la base de qualités personnelles et non de partis, accompagnées de d’autres citoyens choisis par tirage au sort comme le propose Pierre Cloutier et que les anciens Athéniens le faisaient dans leur république, tenant des consultations et des référendums, choisissant les meilleurs consultants pour diriger les projets, pour lesquels ils devaient rendre des comptes, afin de définir les priorités et les budgets, et nous verrons comment, une telle formule forçant les uns et les autres à prendre le temps de se respecter, de s’écouter et de trouver les meilleures solutions, à collaborer au lieu de s’opposer, saura restaurer la citoyenneté montréalaise et faire en sorte que Montréal redevienne un modèle pour la société québécoise.

  • Gérald McNichols Tétreault Répondre

    21 février 2013

    Merci à tous de vos commentaires, il faudrait tous vous réunir pour organiser un séminaire tant les questions soulevées mériteraient d’être discutées.
    Je voudrais d’abord faire un point d’ordre général en vous faisant remarquer à quel point la perspective historique et théorique permet de combattre l’amnésie collective des origines de notre ville qui règne dans notre ville et même de notre hôtel de ville. Montréal a eu des maires qui ne connaissaient même pas son histoire et qui n’avaient encore moins d’idées sur ce que devait être son destin.
    D’un côté on a ceux qui considèrent la ville comme une machine à créer de la richesse et rien d’autre. Ceux-là combattent tout ce qu’ils ne comprennent pas, ne leur rapporte pas immédiatement des profits et nuisent à leurs projets individuels. Ils pensent que les services municipaux doivent être mis au service du développement immobilier. Ils sont prêts à tout raser : la géographie, les cours d’eau, les forêts, les cimetières, les quartiers pittoresques et agréables, le patrimoine, les monuments pour construire des empilades de condos avec vue sur ce qu’ils n’ont pas encore détruit (dépêchez-vous d’acheter).
    De l’autre côté, il y a les vertueux, qui veulent prendre possession de la ville pour y appliquer leurs modèles théoriques et qui tombent parfois dans le radicalisme doctrinaire. Montréal a connu sous le maire Doré une époque où tout projet ne servait qu’à alimenter les consultations publiques interminables débouchant sur des intentions si parfaites que jamais la réalité ne pouvait les égaler. Ces protecteurs du patrimoine et de la consultation ont rasé les vestiges de l’expo 67 parce qu’ils haïssaient Jean Drapeau. Il y a aussi des partis de théoriciens qui souhaiteraient empêcher qu’on lave les rues pour économiser l’eau et placer toutes les embuches possibles à la circulation automobile alors que tous leurs supporteurs stationnent leur voiture personnelles devant leur porte. Il y a les adeptes du déficit zéro qui gèrent sans imagination avec leur calculatrice au lieu de leur tête, ceux-là vous diront que le tramway coûterait trop cher à Montréal alors que des villes bien plus pauvres y ont trouvé leur relance culturelle, marchande et touristique.
    Il y a aussi les technocrates qui veulent que tout le monde habite dans des Transport Oriented Development qui s’apprêtent à détruire la majorité des forêts du territoire de la Communauté urbaine de Montréal comme si l’être humain n’avait pas d’autre but dans son existence que métro-boulot-dodo. Nous avons eu un maire jardinier sympathique qui plantait des arbres mais haïssait le patrimoine dont il n’avait aucune compréhension. C’est lui qui a ouvert par sa nonchalance, l’infiltration des intérêts privés dans l’administration publique.
    1/2

  • Archives de Vigile Répondre

    21 février 2013

    "Là où il y a de l'homme il y a de l'hommerie!"
    J'ai bien aimé Jean Doré hier aux nouvelles de R-C qui a répondu franchement ce qu'il pensait de la future élection possible de Denis Coderre, comme maire de Montréal. Le mec a le crachoir pendant 15 minutes à la télé afin d'expliquer sa pensée et incapable d'énoncer une seule vision intéressante pour Montréal. Vous croyez vraiment qu'on en soit sorti? Que tout est derrière nous? Le gars Coderre comme maire, vous voyez ça d'ici? Doré a bien résumé je trouve ce qui cloche dans cette "non-ville".
    Personnellement je pense que la mafia a le bras long et la justice est une vertu et un mot vide de sens, de nos jours. Les avocats ont du boulot mais la justice est loin derrière. Les gens honnêtes sont les vrais condamnés.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 février 2013

    À tous,
    Quels excellents textes et combien inspirants! Ils devraient circuler dans toutes les boîtes aux lettres, dans tous les journaux, et sur tous les réseaux. Ils enseignent et encore plus développés,ils deviennent sacrés. Parce que c'est ainsi que devrait vivre le pays du Québec. Dans l'honneur, la fierté et la fraternité.
    Montréal déshonorée doit se guérir de ses blessures.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 février 2013

    Je ne suis pas d'accord avec l'idée d'abolir les partis municipaux. Certes, un parti peut s'avérer clientéliste et sans vision. Mais des partis comme feu le RCM ou Projet Montréal ont leur raison d'être.
    Quant à la démission des élus, je ne suis pas d'accord itou. Cela dit, vos autres points méritent attention et sont plutôt inspirants.
    Quant à votre commentaire dans ce fil, il est tout simplement superbe. Bonne connaissance historique, bonne compréhension du rôle de Montréal et, malheureusement, des causes de son déclin.
    En tant que "montréaliste" moi-même, je juge votre contribution pertinente, bien que quelques points mériteraient d'être débatus.

  • Jean Lespérance Répondre

    20 février 2013

    Sans aller jusqu'à démissionner, je crois que les élus qui étaient en réunion n'étaient pas en cavale et méritaient d'être traités avec plus de respect. Le feu n'était pas pris à l'hôtel de ville et ce coup d'éclat qui ressemblait à un coup d'état aurait pu être évité.
    Ceux et celles qui étaient présents ont été surpris et ne pouvaient pas réagir autrement par la force des choses.
    Cette perquisition m'est apparue baucoup plus comme un acte de diversion qu'une pêche aux documents compromettants. Il n'y a eu aucune arrestation et il n'y avait aucun mandat pour arrêter qui que ce soit. Où était l'urgence d'une telle démonstration?
    Du papier, des preuves, ils en ont déjà. Mais comme je l'ai mentionné dans un (des) commentaire sur le site de Radio-Canada, la descente de l'UPAC arrive en même temps que la sortie du nom d'un collecteur de fonds qui a oeuvré pour le compte du parti Union Montréal et aussi pour le compte du Parti libéral. Par ce lien, Bernard Trépanier, monsieur 3%,la corruption monte d'un niveau. Si on fait de la corruption dans un parti, pourquoi se priverait-on d'en faire dans un autre?
    Pour soustraire l'attention du public sur le lien entre les deux partis, il fallait y aller d'un coup d'éclat. Du moins, c'est ce que je pense. Si Line Beauchamp est assignée à la Commission Charbonneau pour avoir empoché un petit $2000 de M.Trépanier et qu'elle dit à qui elle a remis l'argent reçu, j'aurai foi en l'UPAC, mais jusqu'à ce que ça arrive, je reste sur mes doutes.
    Après tout, qui a choisi le chef de l'UPAC sinon Jean Charest. Ai-je raison d'avoir des doutes sur l'UPAC bien que Jean Charest ne soit plus dans le paysage? J'attends la suite.
    Je n'arrive pas à expliquer un outrage aussi grave à l'institution qui m'apparaît être sur la voie de la réhabilitation autant qu'un manque de respect aussi grave envers tous ceux et celles qui ont été évincés de l'hôtel de ville.
    Était-ce si pressé? On ne pouvait pas attendre à la fin de la réunion ou procéder avant? Je refuse de le croire.

  • Alain Maronani Répondre

    20 février 2013

    Il faudrait aussi que Québec, la capitale..., et ses fonctionnaires cessent de considérer Montréal, simplement, comme la "région administrative 06"....
    Authentique...

  • Gérald McNichols Tétreault Répondre

    20 février 2013

    @Pierre Cloutier
    Cher ami,
    Effectivement je partage entièrement les idées que vous formulez. Vous les retrouverez en partie dans le texte que j'ai publié il y a quelques jours à peine sur Vigile qui vous a probablement échappé et qui s'appuie sur le paradigme de la démocratie directe expérimentée par les étudiants du printemps érable au grand dam des politiciens traditionnels que cette pratique rend obsolètes. http://www.vigile.net/Ecoutez-la-jeunesse-du-printemps J'aurais dû ajouter qu'en plus des partis, les dérives inévitables de la démocratie représentative sont aussi responsable de ce qui nous arrive à Montréal. La raison pour laquelle je n'ai pas été plus exhaustif, c'est justement parce que je crois qu'en démocratie directe il ne serait pas demandé à un seul de détenir l'entièreté d'une solution mais qu'il faut savoir construire ensemble des projets. Les échanges d'idées que nous avons eu au cours de l'été 2011 m'en ont convaincu. J'aime votre idée de mêler des citoyens tirés au sort parmi les élus. À voir le peu de réaction à Montréal sur ce qui s'est passé hier, on constate à quel point il n'y a plus qu'apparence de démocratie à Montréal, que les gens ne savent même plus que la politique pourrait être autre. Enfin je crois qu'il serait tout-à-fait possible et fortement souhaitable d'éliminer le fléau des partis qui sont toujours en conflit d'intérêt avec le bien public et les contributions financières ainsi que les caisses électorales puisque leur objectif est de durer et de prendre le pouvoir. À l'heure de l'Internet, il n'est plus nécessaire de remplir l'espace urbain de pancartes dont le nombre et les dimensions toujours croissants harcèlent le public au lieu de l'informer.

  • Gérald McNichols Tétreault Répondre

    20 février 2013

    Jean-Pierre
    Je ne suis pas sans ignorer la précisions que vous apportez concernant le statut légal des cités et villes du Québec qui ne sont considérées que comme des créatures de l'état Québécois.
    C'est en toute connaissance de cause que j'ai volontairement adopté un point-de-vue historique. D'après moi, le statut politique légal de Montréal est tout-à-fait réducteur et sans doute l'une des causes du désintérêt des Montréalais pour la cité à l'exception des impacts directs sur leur vie soient l'eau, les déchets, le déneigement, l'entretien des rues, le transport etc.
    Il n'en fut pas toujours ainsi puisque Montréal s'est développée de façon indépendante de la ville de Québec et a une existence beaucoup plus ancienne que la "province" de Québec (j'emploie ici le terme détestable de "province" afin de me coller aux textes légaux).
    Il y a toujours eu un mouvement montréaliste à Montréal, de Monsieur de Maisonneuve à Jean Drapeau qui disait : "À quoi bon être premier ministre du Québec quand on peut être maire de Montréal ?" C'est de Montréal que partirent les conquérants du Mississipi et de l'Ouest Canadien.
    Il y eut aussi au milieu du 19e siècle un effort de faire de la cité nouvellement incorporée de Montréal la capitale et la métropole du Canada et nous savons comment les Orangistes décimèrent par des actes terroristes ces velléités au profit de l'Ontario.
    L'esprit colonial britannique domine toujours la culture politique du Canada, lequel domine le Québec comme Québec domine Montréal et c'est le monde à l'envers, parce que ce sont les villes qui créent les états et non l'inverse.
    Les villes sont aussi le moteur culturel et économique des états et non pas l'inverse. Voilà pourquoi aussi c'est Montréal qui a été le berceau du Printemps Érable. L'urbaniste Jane Jacobs a pourtant démontré que l'abandon du projet indépendantiste québécois entraînera l'accélération du déclin de Montréal.
    Il en fut ainsi du parlement de Paris qui fut le contrepoids du pouvoir royal en France.
    La ville de Québec est une création royale française puis britannique. Elle en conserve l'ordre et l'apparence. Montréal une force issue de la géographie et du caractère métissé et aventureux des montréalais. En ce sens, la situation politique que vous décrivez est exacte mais constitue une anomalie historique.
    Cela explique aussi pourquoi l'administration québécoise maintient depuis des lustres Montréal dans une position exsangue, lui soutirant ses ressources et l'empêchant de poser les choix qui lui permettraient de croître selon ses aspirations. Depuis des décennies, Montréal attend une liaison ferroviaire rapide qui le relierait à New York. Les Montréalais ne rêvent même plus d'un réseau de tramway alors que celui qui s'y trouvait dans les années 1940 était l'un des plus développé en Amérique du Nord.
    Les récents maires possédant une culture urbanistique et urbaine déficiente, soumis par Québec à une fiscalité de type d'économie provinciale, occupés à combattre les déficits ont mis leur énergie à satisfaire les attentes d'une clientèle partisane qui impose ses choix du progressisme au néolibéralisme. Le territoire Montréalais est développé comme une mine à ciel ouvert au service d'actionnaires dont les objectifs n'ont rien à voir avec le bien public.
    Une récente affiche pour le poste de direction du Service de l'aménagement urbain de la ville mentionnait comme qualité requise "une approche clientéliste".
    Malheureusement, le statut politique et juridique actuel de Montréal que vous décrivez ainsi que le détournement vers l'Ontario des activités portuaires, aéroportuaires, économiques et dans certains cas culturelles contribuent au déclin de Montréal sauvée jusqu'à ce jour par sa culture et sa mémoire. Ce faisant elle constitue une pâture de choix pour les politiciens opportunistes.
    Une réflexion collective est nécessaire. Elle ne doit plus être limitée aux sujets et aux invités habituels qui acceptent les formats et conclusions préétablis des sommets économique ou chacun repart avec son petit morceau en guise de compromis. Il reste à rétablir une citoyenneté montréalaise.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 février 2013

    Excellent texte de réflexion. Très bonne base de discussion sur la "démocratie", mais il faudrait l'élargir pour y inclure des éléments de démocratie directe et participative, comme le tirage au sort, la surveillance et le contrôle des èlus, au début, pendant et après le mandat, les référendums législatif, abrogatoire, révocatoire et concernant la charte de la Ville.
    Pourquoi ne pas mettre le citoyen au centre des institutions décisionnelles de la Ville?
    L'élection n'est pas gage non plus de démocratie. La démocratie n'est pas nécessairement et exclusivement l'élection.
    Pourquoi pas une assemblée composée à moitié d'élus et à moitié de personnes tirées au sort avec des mandats courts et non renouvelables?
    Pourquoi ne pas constituer des jurys citoyens pour évaluer et proposer des projets, comme cela se fait dans certaines villes européennes, comme Berlin?
    Pourquoi ne pas donner carrément le pouvoir aux citoyens au lieu de toujours passer par des "représentants" élus?
    Pourquoi ne pas sortir du dogme de l'élection qui est à la source de tous les maux?
    Il ne faut jamais avoir peur de faire preuve d'audace. La vie est trop courte pour cela. Et le loup est très vorace et il a faim.
    Pierre Cloutier

  • Alain Maronani Répondre

    20 février 2013

    Mettre la hache dans les mairies d'arrondissements...
    Une île, une ville...

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    20 février 2013

    Excellent texte, faisant preuve d'un grande clairvoyance et dont les propositions sont d'inspiration profondément démocratique.
    Permettez-moi cependant de croire que le "sanctuaire de la démocratie montréalaise" était de fait profané depuis des décennies par tous les magouilleurs qui gardaient les portes du temple. Je suis même d'avis que l'entrée en force des policiers de l'État est probablement perçu par les citoyens conscients beaucoup plus comme une libération qu'une humiliation.
    Les cités et villes sont une création de l'État provincial et, en vertu de la Loi sur les Affaires municipales (... M-22.1), la responsabilité première échoit au ministre responsable de ce ministère de promouvoir l'exercice de la démocratie municipale, de s'assurer que l'administration municipale gère sainement les deniers publics et de surveiller l'administration et l'exécution des lois concernant le système municipal.
    Il revient ainsi en tout premier lieu à tous et chacun des ministres des affaires municipales qui se sont succédés ainsi qu'à leur Premier ministes respectifs, d'éprouver la honte à laquelle vous faites allusion.
    Mais je peux aussi sentir une odeur de présage politique dans ce type d'opérations policières : si elles devaient s'étendre un jour au niveau supérieur de l'administration publique (et je n'ose pas ici parler de l'Assemblée nationale), elles constitueront alors une prise en charge 'historique' de l'État par la police ou les forces armées.
    Appelez cette "prise en charge" par un autre terme si cela convient mieux. Camilien Houde en a su quelque chose, mutatis mutandis.
    JPB