Les députés dissidents du Bloc québécois claquent la porte

0e2de81e15db04da76da689d076f8ab5

L'éclatement du Bloc : il ne faut pas subordonner les intérêts du Québec au référendisme

C'est l'implosion du caucus qui aura finalement prévalu : après une rencontre de moins d'une heure avec leur chef, mercredi matin, les sept députés dissidents du Bloc québécois ont indiqué qu'ils quittaient le parti.


Gabriel Ste-Marie, Luc Thériault, Rhéal Fortin, Michel Boudrias, Simon Marcil, Monique Pauzé et Louis Plamondon siègeront dorénavant comme indépendants.


Martine Ouellet, chef du Bloc québécois, entend quant à elle rester en poste.


« Soit Mme Ouellet partait, soit nous partions », a résumé le désormais ex-bloquiste Luc Thériault, mercredi, lors d'une conférence conjointe avec ses six autres collègues.


« Les divergences que nous avons avec notre chef sont maintenant trop grandes pour qu’une paix durable soit envisageable », a pour sa part déclaré le député Louis Plamondon, doyen du parti.


M. Plamondon a rappellé que le noeud de la crise réside dans le choix de Mme Ouellet de « subordonner les intérêts du Québec à la promotion de l'indépendance ».



C'est le coeur meurtri qu'on part aujourd'hui.


Le député Louis Plamondon


Réagissant peu après ses ex-collègues, la chef du Bloc québécois s'est dite déçue de n'avoir pu rétablir la confiance avec la proposition présentée au caucus ce matin.


« Il n'y a pas eu de questions, pas de discussion », a-t-elle déploré. La rencontre aura duré en tout moins d'une heure.


« La porte est encore ouverte, elle restera toujours ouverte », a-t-elle tenu à dire à l'intention des députés démissionnaires.


Elle s'était également dite prête à travailler sur sa personnalité, objet de critiques de la part des dissidents.


Une crise et sa gestation


C'est la démission, dimanche, du leader parlementaire du parti, Gabriel Ste-Marie, qui a provoqué cette nouvelle crise au sein du Bloc, avec sa déclaration selon laquelle il était incapable de communiquer avec Martine Ouellet.


Mercredi, l'aile jeunesse du parti s'est pourtant rangée derrière la chef. « Nous n’avons jamais vu une chef qui collabore autant avec son aile jeunesse », peut-on lire dans une lettre envoyée à Radio-Canada par l'exécutif du Forum jeunesse du parti.


La lettre dénonçait également la sortie des députés dissidents, critiquant leur « entêtement à ne pas vouloir bouger des positions qu’ils ont depuis des années ».


Cette crise n'était par contre que la plus récente en date. En juin dernier, les sept députés qui ont quitté le parti mercredi avaient déjà affirmé que leur lien de confiance avec Martine Ouellet était rompu.


La chef avait alors congédié son chef de cabinet, Louis-Philippe Dubois, après que le Huffington Post eut révélé qu'il s'en était pris au député Rhéal Fortin pour rétablir la situation.


« Moi, je serais parti »


En entrevue à RDI tout de suite après les événements, mercredi, Gilles Duceppe, ex-chef du Bloc, n'a pas mâché ses mots. « Est-ce qu’une chef qui perd 70 % de son caucus doit rester en poste ? Moi, je serais parti », a-t-il lancé d'emblée.


« Il me semble que Mme Ouellet devrait réaliser qu’il y a un problème de leadership dans le parti. Elle peut le nier, mais c’est évident. Est-ce que c’est elle qui a raison, ou ce sont les gens qui ne la comprennent pas ? On pourrait en débattre longtemps. Habituellement, quand un chef fait face à cela, il ou elle en tire les conclusions et se retire. »


M. Duceppe en a profité pour souligner qu'à son avis, la promotion de l'indépendance, que veut prioriser Martine Ouellet, et la défense des intérêts du Québec « vont ensemble ».


« On ne peut pas faire l'un sans faire l'autre », a-t-il résumé, avant de lâcher une pointe en direction de Mme Ouellet. « Il ne s’agit pas seulement de réciter des litanies ou des incantations du type "Je veux un pays, je veux un pays, je veux un pays". C’est plus que ça, faire la promotion de la souveraineté. Les gens s’attendent à plus que ça. Il faut le faire correctement, comme le Bloc le faisait dans le passé. »


Il a ajouté que la crise que vit le Bloc québécois affaiblit la défense des intérêts du Québec à Ottawa. « Il y a un grand vide actuellement. Ce n’est pas M. Trudeau, avec Netflix, par exemple, ou la porte ouverte aux paradis fiscaux, qui va le remplir. Les conservateurs et le NPD sont aussi très tièdes sur ça. »


Pense-t-il que le Bloc va survivre à la crise ? « Ça, on ne le sait jamais. En 1993, les conservateurs n’étaient plus que deux, et ils ont repris le pouvoir quelques années plus tard. On verra. »