Les controverses de Michael Ignatieff

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Ignatieff - le PLC et le Québec

L'actualité du 1er mars 2009

Irak
En janvier 2003, dans un texte d’appui à l’invasion de l’Irak par les Américains, publié dans le New York Times, il affirme que les États-Unis représentent un « impérialisme doux », qui fait la promotion « du libre marché, des droits de la personne et de la démocratie », grâce à un pouvoir militaire extraordinaire. En août 2007, il soutient que le politicien Ignatieff n’aurait pas pris la même décision : « À l’université, une idée fausse est simplement fausse. En politique, une idée fausse peut gâcher la vie de millions de personnes. »
Torture
En 2004, dans son essai The Lesser Evil : Political Ethics in an Age of Terror (Princeton University Press), Ignatieff laisse entendre que le recours aux techniques musclées pour interroger de présumés terroristes, notamment la privation de sommeil et la désinformation, peut être justifié. « Il y a une différence entre la torture et les interrogatoires musclés, dit-il aujourd’hui. Je n’appuie pas la torture. Il faut respecter la loi. C’est aussi pour ça que les démocraties gagnent. On garde notre légitimité. »
Référendum au Québec
Pendant la course au leadership de 2006, il affirme que la loi sur la clarté pourrait empêcher le Québec de sombrer dans une « guerre civile » si un référendum sur la souveraineté n’obtenait qu’une faible majorité. Il est rabroué par les souverainistes, mais aussi par le premier ministre du Québec, Jean Charest.
Loi 101 et minorité au Québec
En 1995, il dénonce la loi 101 dans le collectif Le déchirement des nations (Seuil). Selon lui, cette loi empiète de façon excessive sur les droits individuels des anglophones du Québec. En 2001, il corrige le tir. Dans La révolution des droits (Boréal), il écrit que la loi 101 est « essentielle à la survie du groupe » francophone, minoritaire en Amérique du Nord.
Guerre contre le Hezbollah
En 2006, pendant la guerre qu’Israël livre contre le Hezbollah au Liban, il affirme d’abord que les bombardements de l’État hébreu ne « l’empêchent pas de dormir ». Puis que l’attaque israélienne qui tue de nombreux enfants dans un immeuble de Cana est un « crime de guerre ». Une volte-face qui lui coûte l’appui de nombre de membres de la communauté juive canadienne. En décembre dernier, quand le conflit éclate dans la bande de Gaza, il se range derrière Israël.
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Ignatieff et la langue

Ce n’est pas à l’école mais dans sa famille que Michael Ignatieff a appris le français. Jeune, il partageait ses étés entre Aix-en-Provence, en France, où les Ignatieff avaient une maison de campagne, et le Québec, auprès de ses grands-parents russes. Aujour-d’hui, son vocabulaire est riche, ses mots précis. « Le français reste une deuxième langue pour moi, mais j’ai beaucoup de plaisir à le parler. J’ai grandi dans une maison qui parlait le français », dit-il. Son père, diplomate, maîtrisait d’ailleurs très bien cette langue.
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Ignatieff et la religion

Le père de Michael Ignatieff a toujours tenu sa famille à l’écart des exilés russes. Sans être honteux de leur passé, les Ignatieff ont fait un choix aussi clair que brutal, explique le chef libéral. « Mon père et ses frères ont épousé des Canadiennes. Les Ignatieff ont pris la décision de sortir de la colonie russe, de se détacher et de devenir canadiens. L’anglais est devenu la langue de leurs enfants. »
Michael Ignatieff regrette de ne pas avoir appris le russe. « Je dis toujours aux groupes ethniques de garder leur langue vivante. Il faut que les parents l’enseignent à leurs enfants. Je suis en faveur de la loi 101 au Québec, mais je veux aussi qu’à la maison les enfants parlent la langue de leurs parents. C’est une richesse pour le pays. »
Michael Ignatieff va-t-il encore à l’église orthodoxe russe, comme à l’époque où il y accompagnait son père ? Pour une rare fois, le chef libéral détourne le regard, mal à l’aise. Son père, décédé en 1989, était très croyant, et son frère, Andrew, est un fidèle orthodoxe qui va à l’église régulièrement. « Je ne suis pas du tout athée, finit-il par dire. Il y a eu des moments dans ma vie où j’ai trouvé beaucoup de consolation dans les églises, mais je ne peux pas dire que je suis croyant. »


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