Les chiens de garde de La Meute

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Sophie Desrochers dénonce le parti-pris partisan de ses collègues journalistes

Samedi, à Québec, La Meute manifestera contre le gouvernement Couillard et contre la burqa et le niqab. On nous annonce aussi une contre-manifestation de groupes « antiracistes ».


Le 20 août, à Québec, une manifestation semblable avait dégénéré : actes de vandalisme, projectiles lancés vers des policiers et violence envers des journalistes. Ça ne venait pas de La Meute, mais des militants antifascistes, masqués, venus en bus de Montréal. Jaggi Singh avait été arrêté.


J’ai très hâte de voir comment, cette fois-ci, les médias vont couvrir cette « confrontation » entre la gauche et la droite.


LES DEUX EXTRÊMES


En fin de semaine, les journalistes membres de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQJ) étaient réunis à Sherbrooke en congrès. Dans l’atelier intitulé L’effet de Meute, on s’est demandé : « Comment aborder les groupes d’extrême droite et les couvrir en toute impartialité sans tomber dans le piège de leur faire de la publicité ? ».


C’est bizarre, moi qui pensais que le mandat des journalistes était de couvrir tous les sujets « en toute impartialité », peu importe que ça les passionne (comme la couleur des bobettes de GND) ou que ça leur répugne (comme la couleur des casquettes de La Meute).


Pour certains journalistes, toute personne qui se situe à droite de Québec solidaire est d’extrême droite.


Regardez comment le PQ est encore traité, avec sa charte des valeurs, comme si c’était un projet raciste.


Regardez comment certains commentateurs ont parlé des discours de François Legault sur l’immigration comme si c’étaient des propos fascistes.


Regardez comment Catherine Perrin a traité mon collègue Mathieu Bock-Côté en entrevue, comme s’il était un diabolique démagogue aux idées dangereuses qui avait besoin d’être envoyé dans un camp de rééducation Gauchiste.


Pour certains, quiconque refuse d’ânonner le discours de rectitude politique de « diversité/multiculturalisme/vive la burqa/accueillons tous les éclopés de la terre » est une graine de facho.


Ça devient un petit peu agaçant.


L’EFFET DE MEUTE


Voici quelques-unes des questions qui ont été soulevées lors de cet atelier de la FPJQ avec, entre parenthèses, ce que j’aurais souhaité leur répondre.


« Comment va-t-on couvrir les groupes d’extrême droite s’ils deviennent des partis politiques ? » (Hum, exactement comme vous couvrez tous les autres partis, incluant ceux aux idées très très à gauche.)


« On ne peut pas traiter un groupe d’extrême droite comme un groupe banal, car il ne l’est pas. Sinon, on devient un mégaphone. » (Hum, pourquoi certains médias servent-ils de mégaphone des idées extrêmes... quand elles viennent de la gauche ?)


« Je crains d’avoir trop donné de visibilité à La Meute lors de la manifestation à Québec, a dit un journaliste. Cette journée-là, ils ont gagné la guerre des relations publiques. » (Hum, peut-être parce qu’ils ont été pacifiques pendant que des antifas lançaient des bouteilles, frappaient des passants, attaquaient le caméraman de Global Jean-Vincent Verville et détruisaient sa caméra.)


DEUX POIDS, DEUX MESURES ?


Quand j’entends un militant radical comme Jaggi Singh, en entrevue avec Benoît Dutrizac aux Francs-Tireurs, faire l’apologie de la violence, ça me fait capoter au moins autant que des bozos qui mettent des banderoles encourageant la « remigration ».


Tous les extrêmes doivent être confrontés.


J’aimerais bien qu’au Québec on soit aussi vigilant avec l’extrême gauche qu’avec la supposée « montée de l’extrême droite ».