Pénurie d’enseignants 

Les causes

Tribune libre

Pour l’année scolaire 2021-2022, le nombre d’enseignants embauchés sans brevet en vertu d’une tolérance d’engagement s’est élevé à 4783, un sommet inégalé au cours des cinq dernières années. Par ailleurs, trois mois après la rentrée scolaire 2022-2023, plus de 600 enseignants manquent toujours à l’appel, et la seule façon de pallier cette pénurie est de faire appel à des professeurs non légalement qualifiés. Selon les plus récents chiffres,109 postes réguliers à temps plein et 525 contrats d’enseignants sont toujours vacants.

Cursus du secondaire

Le cursus de cours au secondaire en français met l’accent sur les notions grammaticales, syntaxiques et lexicales au cours des trois premières années si bien que les deux dernières années du secondaire sont laissées pour compte au profit de la littérature.

Si vous ajoutez à cette situation le fait que le cursus collégial n’aborde que superficiellement les notions linguistiques, il n’est donc pas étonnant de constater qu’un grand nombre d’étudiants en sciences de l’éducation échouent le Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE), lequel est obligatoire pour obtenir leur brevet d’enseignement. Or, ce Test comprend deux parties, à savoir une production écrite et un questionnaire à choix multiples portant sur les phénomènes liés à la grammaire, la syntaxe et le lexique, ce questionnaire étant la partie de l’examen qui contient le plus grand nombre d’échecs. Enfin, en cas d’échec au Test, l’étudiant doit reporter son stage d’au moins un an, le temps de réussir l’examen.

Cursus universitaire

Au cours de leur première année de baccalauréat en sciences de l’éducation, les étudiants sont gavés de notions théoriques sur la didactique qui ne sont pas, pour la plupart, d’une grande utilité lorsque le nouvel enseignant se présente devant un groupe d’élèves en début d’année scolaire.

Par contre, les étudiants devraient, à mon sens, pouvoir bénéficier de rencontres avec des enseignants expérimentés au cours desquelles les échanges pourraient porter sur les différentes approches pédagogiques qui facilitent l’apprentissage des élèves et sur les meilleures méthodes pour assurer une saine gestion de classe.

Une note positive, dès leur deuxième année, les étudiants participent à des stages en compagnie d’un maître de stage. L’intégration du stagiaire se fait progressivement, celui-ci agissant d’abord comme observateur et ensuite comme responsable du groupe en présence du maître de stage.

Lourdeur de la tâche

Ce n’est pas d’hier que les enseignants se plaignent de la lourdeur de leur tâche, notamment depuis le phénomène croissant du nombre d’élèves éprouvant des difficultés d’apprentissage, tel le trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité (TDAH). 

Nonobstant le fait que je suis favorable à l’intégration de ces élèves au sein des groupes réguliers, force est de constater qu’on remarque, depuis plusieurs années, une pénurie de personnel spécialisé dans les écoles, tels les psychologues, les travailleurs sociaux, les orthophonistes, les psycho-éducateurs, lesquels apportent un soutien indispensable aux enseignants pour la gestion efficiente de leurs élèves et sans lesquels les enseignants passent un temps précieux qui se répercute sur les autres élèves qui risquent de prendre du recul sur le contenu de la matière.

Valorisation de la tâche

Depuis plusieurs années, la valorisation de la profession d’enseignant est devenu un sujet d’actualité. Or, dans la réalité, quelles solutions ont été effectivement mises de l’avant pour atteindre cet objectif? À mon avis, tant et aussi longtemps que l’enseignement portera le fardeau de tâches extrêmement lourdes, peu d’étudiants issus des cégeps feront le saut en éducation de peur d’être confronté à des situations de gestion de classe qui les rend réticents à plonger dans une profession perçue socialement comme problématique.

Le mot de la fin s’adresse à des parents retraités qui ont fait carrière dans l’enseignement. Si votre adolescent manifeste des intentions de se diriger vers la carrière d’enseignant ou si vous connaissez un jeune intéressé à une carrière d’enseignant, je vous invite fortement à l’encourager à choisir, malgré tout ce qu’on peut entendre, le plus beau métier du monde, à savoir celui de façonner le monde de demain.


Note : J’ai employé le mot « enseignant » au masculin pour éviter d’alourdir le texte.



Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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1 commentaire

  • Normand Bélair Répondre

    7 décembre 2022

    Déjà si nous pouvions couper sur l'immigration, nous pourrions nous concentrer sur les élèves qui sont déjà ici, pas être en perpétuel demande d'ouvrir encore plus de classes! Ça aussi, ça pourrait aider.