Les attaques au Sri Lanka ont été menées en représailles au carnage de Christchurch

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Une sorte de guerre confessionnelle à l'échelle mondiale


La série d'attentats contre des églises chrétiennes qui a fait plus de 320 morts au Sri Lanka dimanche a été commise en représailles au carnage commis dans des mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande, affirment les autorités sri-lankaises.




Selon le secrétaire d’État sri-lankais à la Défense, Ruwan Wijewardene, qui s’adressait mardi au Parlement, les premiers éléments de l’enquête montrent que les attaques meurtrières de dimanche contre trois hôtels et trois églises chrétiennes du pays sont un acte de vengeance.



Les premiers éléments de l'enquête ont montré qu'il s'agit de représailles à l'attaque contre les mosquées en Nouvelle-Zélande.


Ruwan Wijewardene, secrétaire d’État à la Défense du Sri Lanka


Le 15 mars dernier, 50 personnes ont été abattues et 50 autres ont été blessées lors d’un carnage commis par un suprémaciste blanc dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. L’Australien de 28 ans avait ajouté à l’horreur en diffusant la tuerie en direct sur Facebook.


Deux groupes islamistes dans la mire de la police


D’après le secrétaire d’État Wijewardene, un groupe islamiste local nommé National Thowheeth Jama'ath (NTJ), accusé par les autorités d'être à l'origine des attentats, serait lié à un groupe islamiste radical indien baptisé Jamaat-ul-Mujahideen India (JMI).



Il a maintenant été révélé que ce groupe National Thowheeth Jama'ath qui a commis les attentats avait des liens étroits avec le JMI.


Ruwan Wijewardene, secrétaire d’État à la Défense du Sri Lanka


Le JMI, qui aurait été créé l’an dernier en Inde, aurait également des ramifications au Bangladesh. Le secrétaire d’État a ajouté que les autorités sont assistées dans cette enquête par d’autres pays, sans toutefois préciser lesquels.



Les enquêteurs sri-lankais cherchent à déterminer si le groupe a pu bénéficier d'un soutien logistique étranger plus vaste. « [Nous avons] du mal à voir comment une petite organisation dans ce pays peut faire tout cela », a expliqué Rajitha Senaratne, un porte-parole du gouvernement.


« Nous enquêtons sur une éventuelle aide étrangère et leurs autres liens, comment ils forment des kamikazes, comment ils ont produit ces bombes », a-t-il poursuivi.


Mardi matin, le groupe armé État islamique a revendiqué les attentats du Sri Lanka sur Twitter, sans toutefois apporter aucune preuve ni des explications supplémentaires.


Une quarantaine d'arrestations


Un agent de police se tient près d'un véhicule dans une rue envahie de curieux.Un policier surveille un périmètre de sécurité établi dans une rue de Colombo. Photo : Radio-Canada / Jacaudrey Charbonneau

Au moins 40 suspects ont été arrêtés dans le pays depuis dimanche. Le conducteur d'une camionnette utilisée lors des attentats-suicides et le propriétaire d’une maison ayant servi de résidence à certains suspects des attaques sont au nombre des arrestations, a précisé la police.


Parmi les suspects, deux frères d’origine sri-lankaise qui se sont fait exploser au Cinnamon Grand Hotel et au Shangri-La de Colombo sont considérés comme des suspects clés dans cette affaire. Les deux hommes âgés d'une vingtaine d'années dont les noms n'ont pas été révélés opéraient une « cellule terroriste » familiale, selon les enquêteurs.


Lundi, le gouvernement a décrété l’état d’urgence, renforçant ainsi les pouvoirs des forces de l’ordre.


Trois minutes de silence


Des gens sont réunis autour de trois cercueils, les mains en signe de prière. Le bilan des personnes tuées lors des attaques a été revu à la hausse, passant de 290 à 310 victimes. Photo : Reuters / Athit Perawongmetha

Pendant ce temps, le pays panse lentement ses plaies à la suite de ce carnage commis dimanche par sept kamikazes dans trois églises chrétiennes et trois hôtels de Negombo et de la capitale, Colombo, lors des célébrations de Pâques. Selon l’Agence France-Presse qui cite des sources proches de l’enquête, un attentat contre un quatrième hôtel de luxe de Colombo était prévu, mais a échoué à la dernière minute dimanche.


Le dernier bilan émis par les autorités fait état de 321 morts, dont 38 étrangers. Le nombre de blessés demeure pour sa part autour de 500.



Mardi, le Sri Lanka a décrété une journée de deuil national pour rendre hommage aux victimes.


Trois minutes de silence ont été observées mardi matin en hommage aux personnes tuées. Les drapeaux ont été mis en berne et les gens se sont inclinés en signe de respect à partir de 8 h 30 (heure locale), l'heure de la première des attaques commises le jour de Pâques.


Les magasins vendant de l'alcool sont fermés, les drapeaux sont en berne et les réseaux de radio et de télévision doivent adapter leur programmation musicale.



À l'église Saint-Antoine de Colombo, théâtre du premier attentat-suicide dimanche matin, des dizaines de personnes ont prié en silence, des bougies à la main, certains retenant à grand-peine leurs larmes. À l'issue des trois minutes de silence, la foule a entamé une prière à voix haute.


À 30 km de là, à Negombo, une autre messe a eu lieu. L'église Saint-Sébastien, qui a aussi été ciblée lors de l'attentat contre la minorité chrétienne, a accueilli des proches éplorés des victimes, qui sont venus rendre un dernier hommage avant que les cercueils ne soient mis en terre.


« Il y a tellement de corps que nous ne pouvons pas les présenter tous en même temps », a expliqué à l'AFP Anthony Jayakody, évêque auxiliaire de Colombo qui célébrait la messe.


Les ambassades étrangères au Sri Lanka, dont le Canada, ont recommandé à leurs ressortissants d'éviter tout déplacement qui n'est pas nécessaire.




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