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De Madrid à New York, en passant par Montréal et Toronto, le mouvement des «indignés» qui dénonce la main-mise de la finance sur l'économie et l'attitude du 1% de la population qui représente les plus riches s'étend désormais à l'échelle planétaire. »
Près de 10 000 manifestants de tous âges réunis au centre-ville ont marché vers le port d'Oakland, hier.
Photo Jim Wilson, The New York Times,
Nicolas Bérubé, envoyé spécial La Presse (Oakland) Le mouvement Occupy Oakland a gagné en intensité, hier, en organisant une « grève générale » dans la ville, de même qu'une marche qui a provoqué l'arrêt des activités du cinquième port en importance des États-Unis.
En fin d'après-midi, près de 10 000 manifestants de tous âges réunis au centre-ville ont marché vers le port d'Oakland, où le syndicat des débardeurs avait prévu la cessation des activités à 16 h, pour le reste de la nuit. Les manifestants ont formé de longues files pour bloquer l'accès au port.
L'atmosphère généralement festive a été ternie par des actes de vandalisme quand un petit groupe a fracassé les vitres d'une succursale de la banque Wells Fargo. Le groupe « ne faisait pas partie de la manifestation, qui s'est déroulée dans le calme », a dit le directeur de la police d'Oakland, Howard Jordan.
Les policiers d'Oakland, qui étaient tous en service hier, étaient bien visibles. Au moment de mettre sous presse, aucun incident violent n'avait été signalé.
Des professeurs et des élèves du primaire et du secondaire, de même que des étudiants des universités de la région, ont pris part à la manifestation au centre-ville et à la marche vers le port.
Todd Koons, de Berkeley, a participé à la marche avec ses jumeaux de 5 ans. « Nous essayons de contribuer, nous avons apporté de la nourriture pour les gens. Notre pays est sur la mauvaise voie, et il faut que ça change », a-t-il dit.
Tout près, Sarah Clark, originaire d'Oakland, brandissait une pancarte revendiquant une hausse des impôts pour les riches. « Le mouvement Occupy Wall Street prend de l'ampleur, on le voit bien aujourd'hui », dit-elle.
Le mouvement d'occupation, qui touche l'ensemble des grandes villes des États-Unis et a inspiré des manifestations partout dans le monde, aurait-il atteint un stade décisif ? « Je ne sais pas si c'est un stade décisif, mais c'est un premier pas, dit-elle. Nous avons réussi à attirer l'attention et à changer la teneur du discours à Washington. C'est déjà quelque chose. »
La semaine dernière, le mouvement Occupy Oakland a voté pour la tenue d'une grève générale dans la ville, décrétée le 2 novembre. C'est la première fois qu'une telle grève a lieu dans une ville américaine depuis 1946. Hier, des commerces situés au centre-ville ont décidé de fermer pour la journée. Ailleurs à Oakland, la vaste majorité des bureaux et des commerces étaient ouverts.
Ras-le-bol
Depuis le début du mois d'octobre, des centaines de manifestants campent dans un petit parc situé en face de la mairie d'Oakland. Hier, les manifestants se sont dits heureux de recevoir des renforts.
Marty Steiger, professeur dans une école secondaire d'Oakland, tenait une affiche réclamant la démission de la mairesse, Jean Quan. Il la tient responsable de la répression policière survenue la semaine dernière, durant laquelle un marine vétéran de la guerre d'Irak, Scott Olsen, a eu le crâne fracturé après avoir été frappé au-dessus de l'oeil.
« Nous manifestons notre ras-le-bol, dit M. Steiger. La ville ne fonctionne pas, l'État ne fonctionne pas, et Washington ne fait rien. Mon salaire n'a pas bougé d'un sou en huit ans. Nos écoles sont sous-financées, et ç'a un impact sur les enfants. Notre pays souffre et les riches ne paient pas leur juste part. »
La manifestation à Oakland est un pas dans la bonne direction, dit-il. « Par contre, j'aimerais voir une vraie grève, une grève où les autobus ne roulent pas, où tout est fermé. »
À quelques rues de là, des employés en complet de la banque Wells Fargo s'affairaient à effacer des graffitis laissés à la craie sur la devanture de l'édifice. Hier, la banque a choisi de fermer la succursale, située près de l'épicentre de la manifestation.
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