Legault veut «éviter ce qui se passe en France»

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La peur d'une révolte fiscale hante le Québec

«Si on veut éviter ce qui se passe en France avec les gilets jaunes», il faut continuer à réduire le fardeau fiscal des Québécois, croit le premier ministre François Legault, qui est déterminé à respecter ses engagements électoraux.  


Alors que le président français, Emmanuel Macron, vient de décréter «l’état d’urgence économique et social» devant le soulèvement de sa classe moyenne, François Legault se targue d’avoir «été le seul à parler du portefeuille des Québécois» pendant la campagne électorale.   


«Je pense que c’est là qu’il y a un risque : on est les plus taxés en Amérique du Nord», a signalé le premier ministre du Québec, dans une première entrevue de fin d’année accordée à notre Bureau parlementaire.   


Deux mois après avoir été élu aux commandes du gouvernement, M. Legault se considère sur la bonne voie.   


«Je pense qu’on va réussir à éviter qu’il y ait un clash social», a confié M. Legault. Lors de la mise à jour économique, une «allocation famille» bonifiée de 500 $ a été annoncée pour le 2e et le 3e enfant.   


Or, pour l’instant, seules les familles dont les revenus n’excèdent pas 108 000 $ en bénéficieront.   


«Pour toutes» les familles  


Il promet maintenant d’en faire profiter éventuellement toutes les familles. «Ça va être pour tout le monde», assure-t-il.   


Pendant la campagne électorale, la CAQ s’est engagée à remettre annuellement jusqu’à 1200 $ par enfant à compter du 2e enfant. «Ça va être comme promis, mais là, on y va par étape», a dit M. Legault.   


Les aînés et les personnes inaptes au travail ne seront pas en reste. « Il n’y aura pas de nouvelle taxe » non plus, par exemple, sur les gros cylindrés afin de réduire les GES.   


«Les gilets jaunes... Vous avez vu, ç’a beaucoup commencé dans les régions, parce qu’eux autres se disent : “Moi, je n’en ai pas de transport en commun chez nous et [...] puis c’est bien le fun l’environnement, mais je n’arrive plus”... Donc, il faut être prudents.»   


Le premier ministre s’étonne par ailleurs que des gens lui «reprochent de respecter» ses promesses.   


Qu’à cela ne tienne, il entend aller de l’avant en 2019 avec l’interdiction des signes religieux pour les personnes en autorité et le rehaussement de l’âge légal pour l’achat du cannabis à 21 ans.   


Dans les deux cas, il y voit une question de «message». Qu’une enseignante porte le voile, « ce n’est pas idéal pour l’enfant », considère M. Legault. «Qu’est-ce qui passe en premier? L’enseignante ou l’enfant ? Moi, je pense que ça devrait être l’enfant. [...] Je sais très bien que la majorité de ces femmes ne voient pas nécessairement ce signe comme étant un signe où les femmes ne sont pas égales aux hommes, mais ça peut être perçu comme ça», a dit le chef caquiste.   


Le cannabis  


Quant au cannabis, «comme premier ministre du Québec, ma responsabilité, c’est de dire aux jeunes : ce n’est pas une bonne idée de consommer quand vous êtes jeunes».   


M. Legault promet donc «d’intensifier» les efforts publicitaires visant à décourager les jeunes d’en consommer.   


CE QU’IL A DIT À PROPOS DE...   


L’environnement  


«Je pense qu’on va surprendre les Québécois [en environnement]. Le gros morceau, c’est le transport», a expliqué le premier ministre.   


Disant préférer les «actions» aux «discours», François Legault promet d’accélérer d’importants investissements dans «toutes les grandes villes qui ont des projets de transport en commun», comme à Québec, dans le Grand Montréal et à Gatineau.   


Avec les surplus d’électricité du Québec, il croit qu’il est «économiquement très gagnant» de «pousser» sur l’électrification non seulement des automobiles, mais aussi du transport par camion.   


Pour ce qui est des cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES), «a priori, ça semble très difficile d’atteindre les objectifs de 2020, reconnaît M. Legault. Il faut par contre atteindre les objectifs de 2030».   


Québec solidaire, qui «ne fait pas sérieux»  


Ce n’est pas en empruntant un langage vulgaire au Salon bleu ni en attirant l’attention sur leurs vêtements que Québec solidaire deviendra autre chose qu’un parti d’opposition, selon François Legault.   


«Un, ça ne fait pas sérieux. Puis deux, je ne pense pas que c’est comme ça qu’ils vont pouvoir aspirer à gouverner. Donc je ne suis pas sûr qu’ils s’aident tant que ça en faisant ça», a commenté M. Legault lorsque questionné à ce sujet.   


Même si «certaines revendications » pour l’environnement et les plus démunis «passent par Québec solidaire», «est-ce que les gens demain matin seraient prêts à leur confier leur portefeuille? Je ne pense pas», croit le chef caquiste.   


«C’est vrai ce que Jean-François Lisée disait [pendant la campagne électorale] : on n’a peut-être pas concentré nos efforts à mieux expliquer les impacts négatifs des propositions de Québec solidaire. Peut-être que tous les partis vont réajuster le tir en 2022.»   


La France, la Chine et le Mexique  


Les délégations du Québec à l’étranger auront désormais une vocation «plus commerciale», dit François Legault, qui prévoit visiter surtout la France, la Chine et le Mexique.   


«Il faut diversifier nos marchés. On a 70 % [de nos exportations] qui s’en va aux États-Unis, puis avec Trump qui est protectionniste, c’est dangereux.»   


Le premier ministre constate que le Québec ne «profite pas assez» de sa «relation privilégiée» avec la France. «C’est une porte d’entrée en Europe», a-t-il rappelé.   


Il veut aussi s’attaquer au déficit commercial de 8,7 G$ dans les échanges entre le Québec et la Chine et tirer profit du potentiel que représente le Mexique.   


 SES RÉSOLUTIONS POUR 2019      



  •  Rester humble malgré sa «grosse majorité» de 75 députés   

  •  Rester de bonne humeur   

  •  Rester proche des gens