Legault occulte la question nationale

La fédération canadienne comporte «des avantages et des désavantages» pour le Québec, dit le chef de la CAQ

CAQ - c'est parti




Québec — La fédération canadienne comporte des «avantages et des désavantages» pour le Québec, mais François Legault estime qu'on ne peut «pas en faire un bilan actuellement». De toute façon, aux yeux du chef du nouveau parti Coalition Avenir Québec (CAQ) lancé hier, la population ne souhaite pas que les politiciens discutent de ce dossier, qui stagne selon lui depuis «40 ans». Dans les 10 ans qu'il compte consacrer à la politique, il promet de ne travailler ni pour le fédéralisme renouvelé ni pour la souveraineté.
Paraissant parfois embarrassé par les questions sur la question nationale et la langue, l'ancien ministre péquiste a soutenu qu'il fallait s'atteler en priorité à «réparer nos systèmes de santé et d'éducation» et à faire un «grand ménage dans la vie publique». Certes, un gouvernement de la CAQ aurait des demandes à formuler à Ottawa, «c'est normal d'en avoir», a noté M. Legault, mais celles-ci «ne viseront pas à signer la Constitution», les Québécois ayant d'autres priorités, a-t-il répété. Le chef de la CAQ a souligné qu'il était en discussion avec des personnalités fédéralistes pour accroître leur nombre même s'il estime que, «pour l'instant, c'est bien équilibré».
Décollage
Se présentant comme un «fils de postier de Sainte-Anne-de-Bellevue», M. Legault s'est dit «impatient» de retourner à l'Assemblée nationale pour «débattre avec M. Charest et Mme Marois», laissant entendre qu'il n'attendrait pas nécessairement une élection générale avant de tenter de se faire élire.
La CAQ ne présentera aucun candidat lors de l'élection partielle du 5 décembre dans Bonaventure. Bien qu'en discussion avec l'Action démocratique du Québec, la CAQ n'y appuiera pas le représentant de l'ADQ, et ce, même si celui-ci, Georges Painchaud, avait appuyé la coalition dans un passé récent. «Je n'ai pas été consulté pour le [choix du] candidat», a noté M. Legault. Ainsi, la CAQ n'aurait pas de présence au Salon bleu avant la reprise des travaux parlementaires cet hiver, soit le 14 février, alors que l'ancien péquiste devenu indépendant, Benoît Charette (Deux-Montagnes), pourrait se déclarer favorable à la nouvelle formation.
M. Legault entamera incessamment des pourparlers avec le chef de l'ADQ, Gérard Deltell, afin d'explorer la possibilité d'une alliance ou une fusion entre les deux formations. «C'est d'abord une discussion sur le contenu», a-t-il insisté avant de s'interroger: «Est-ce qu'on est capable en bonifiant notre programme [de] se mettre d'accord?» M. Legault a paru ouvert à des compromis sur une présence accrue du privé en santé, cheval de bataille de l'ADQ, évoquant des projets-pilotes. Peut-il imaginer une situation où les deux partis participeraient chacun de son côté au prochain scrutin général? «C'est possible», a-t-il répondu.
Plan d'action
Accompagné du cofondateur de la CAQ, l'homme d'affaires Charles Sirois, ainsi que de signataires de son texte du 21 février — comme l'ancien recteur de Sherbrooke, Bruno-Marie Béchard, l'ancien ministre péquiste Jean François Simard et Chantal Longpré, présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissement — M. Legault a déposé un Plan d'action intitulé «Agir pour l'avenir» établi à la suite d'une tournée panquébécoise lancée en septembre et durant laquelle il soutient avoir rencontré 5000 citoyens.
Aux quatre priorités déjà exposées en février — éducation, santé, économie, langue et culture — s'est ajoutée la «lutte à la corruption». Aux yeux de M. Sirois, la «vie publique» québécoise est atteinte d'une maladie développée en raison du «laxisme du gouvernement». Leur plan comprend vingt actions, dont la création d'un poste de «commissaire à l'intégrité de la vie publique» qui regrouperait, en les élargissant, les mandats du Commissaire à l'éthique, du Commissaire au lobbyisme, de l'Unité permanente anticorruption, de l'Unité anticollusion, de l'unité autonome de vérification de la Commission de la construction du Québec, de l'équipe de vérification sur la gestion contractuelle des municipalités du ministère des Affaires municipales et de l'équipe d'enquête sur la malversation et la corruption du ministère du Revenu. M. Legault réclame une procédure rapide afin que «les procès pour collusion et corruption soient tenus dans un délai de six mois après le dépôt des accusations». D'autres propositions sont déjà connues, comme «l'augmentation du salaire des enseignants» moyennant la mise en place d'un «processus d'évaluation». Sur la question linguistique, M. Legault a soutenu qu'il fallait resserrer l'application de la loi 101 et invoquer la clause nonobstant pour contrer les écoles passerelles s'il le fallait: «Il y a des constitutionnalistes qui nous disent que c'est possible de le faire», a-t-il affirmé.
La CAQ tiendra un congrès de fondation dans les prochains mois. Le contenu du programme et le statut du chef seront discutés: «On verra au congrès, mais on va proposer surtout une plateforme. Je pense que pour l'instant, c'est moi qui est le chef, et on va essayer de faire ratifier ça par les membres», a-t-il déclaré.


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