Legault est prêt pour les élections fédérales

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Réfugiés : « En vertu de l’Accord Canada-Québec sur l’immigration, le Québec doit en prendre en charge environ 20 %. »


François Legault a perdu tout espoir d’obtenir le feu vert du gouvernement Trudeau pour soumettre les immigrants au Québec à un test de valeurs et à un test de français.


« La Chambre ne siège plus. Ils sont déjà en mode “campagne électorale”. Je pense qu’il faut être réaliste », a déclaré le premier ministre québécois dans un entretien avec Le Devoir.


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À moins de quatre moins du scrutin fédéral, M. Legault demande aux chefs des partis politiques à Ottawa de s’engager à approuver l’ajout d’une nouvelle condition à l’obtention de la résidence permanente canadienne pour tout immigrant s’établissant au Québec : la réussite d’un test de valeurs et d’un test de français au plus tard trois ans après son arrivée. Il a déjà une question en tête à leur poser durant la campagne électorale : « Est-ce que vous nous permettez de mettre en place notre test de français et notre test des valeurs, puis que le certificat soit temporaire jusqu’à la réussite de ces deux tests-là ? »



Est-ce que vous nous permettez de mettre en place notre test de français et notre test des valeurs [...] ?




« Moi, je pense que ça va être l’un des sujets les plus importants dans nos demandes aux différents partis pour les élections », poursuit le chef de gouvernement. « Il y a une élection fédérale. Donc, il y a comme un bon moment. »


Mais l’affaire n’est pas dans le sac, convient François Legault 10 jours après l’adoption de la loi modifiant le processus québécois de sélection des immigrants. « Ça ne sera pas facile avec le gouvernement fédéral. »


Selon l’homme politique nationaliste, « il y a beaucoup à faire » afin de franciser les immigrants qui s’établissent au Québec. « Des cours de français, il va y en avoir plus », promet-il, avant de rappeler la proposition de la députée d’Iberville, Claire Samson, de multiplier les initiatives de francisation en entreprise.


L’instauration de tests de valeurs et de français n’est pas la seule pomme de discorde entre Québec et Ottawa en matière d’immigration. En effet, M. Legault n’est toujours pas parvenu à s’entendre avec M. Trudeau sur des cibles d’immigration pour le Québec des trois prochaines années (2020-2022).


Le gouvernement caquiste compte faire passer l’immigration économique — travailleurs qualifiés et gens d’affaires — de 59 % en 2020 à 65 % en 2022 en gelant le nombre de réfugiés et en n’augmentant que légèrement le nombre de personnes admises en fonction du programme fédéral de regroupement familial au Québec.


De son côté, le gouvernement fédéral compte admettre 5250 réfugiés supplémentaires d’un bout à l’autre du pays entre 2019 et 2021. En vertu de l’Accord Canada-Québec sur l’immigration, le Québec doit en prendre en charge environ 20 %.


Aux yeux de M. Legault, les réfugiés constituent un obstacle à l’atteinte de la promesse phare de la Coalition avenir Québec de relever le salaire moyen des Québécois. « Honnêtement, si je veux augmenter le salaire moyen de 49 000 à 53 000 dollars, si demain matin je rentre 10 000 nouvelles personnes qui gagnent 20 000 dollars par année, je n’aide pas à ce qu’on fasse un rattrapage pour avoir moins de péréquation éventuellement du reste du Canada », plaide-t-il au Devoir, tout en prenant soin de rappeler que le Québec recevra plus de 13 milliards en paiements de péréquation en 2019-2020. « Créer de la richesse au Québec, ce n’est pas une fin en soi, mais il y a une certaine urgence pour l’autonomie [du Québec] », poursuit-il.


D’autre part, le gouvernement québécois n’a « pas à être gêné » de réclamer une baisse relative du nombre de réfugiés et de personnes inscrites au programme de regroupement familial pour les prochaines années puisqu’il accueille déjà un nombre « énorme » d’immigrants « non économiques ».


En revanche, M. Legault ouvre toutes grandes les portes du Québec aux candidats à l’immigration dont le profil est recherché par les entreprises québécoises. Des ingénieurs, par exemple ? « Ces personnes-là, je ne veux pas en refuser une », lâche-t-il, décrivant la rareté de main-d’oeuvre comme un « gros, gros, gros sujet » de ses huit premiers mois à la tête de l’État québécois.


Puisque l’immigration comble bon an mal an 20 % des besoins de main-d’oeuvre, le gouvernement québécois se doit, selon François Legault, de « mieux informer les jeunes » sur les perspectives d’emploi, et ce, « dès le secondaire ». Le chef du gouvernement veut voir les inscriptions grimper dans les programmes d’études professionnelles et techniques, dans les programmes en technologies de l’information, en intelligence artificielle, ainsi que de génie. « C’est une culture à changer », fait valoir l’ancien titulaire des ministères de l’Éducation (1998-2002) et de la Santé (2002-2003). Il n’est toutefois pas question de contingenter les programmes d’études aux débouchés incertains, comme le journalisme. « Je veux que les gens continuent de choisir, mais je veux mieux les informer », précise-t-il.


Enfin, M. Legault s’engage à épauler les adultes se sentant largués par les changements technologiques bouleversant le monde du travail québécois. « On va aider aussi les personnes aussi qui n’ont pas la formation pour être capables de prendre des emplois avec plus de valeur ajoutée, mais d’aller chercher cette formation-là. On n’exclut rien. Il pourrait y avoir des incitatifs financiers ou un soutien financier pendant une transition », annonce-t-il.


S’agira-t-il de bourses d’études ou de droits de scolarité réduits ? « Ça peut être des choses comme cela », répond-il.


François Legault consacrera, au cours des prochains mois, ses énergies à mener à bien le « gros chantier en économie » qu’il promet… et à régler ses différends avec Ottawa.

 









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