CHEFFERIE DU PQ

Le vrai défi des souverainistes

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Contrairement à ce qui croit Martineau, l'air du temps est surtout au national-populisme


J’ai reçu le livre de Paul St-Pierre Plamondon, Rebâtir le camp du Oui, publié chez VLB éditeur. 


Comme les autres candidats à la chefferie du PQ (Sylvain Gaudreault, Frédéric Bastien et Guy Nantel), monsieur St-Pierre Plamondon ne manque pas d’idées pour relancer son parti.


Et en bon avocat, il ne manque pas d’arguments pour «vendre» la souveraineté et démontrer à quel point cette idée demeure plus pertinente et plus actuelle que jamais.


Le hic est qu’en 2020, le principal adversaire des souverainistes n’est ni le carcan fédéraliste ni la charte des droits de Trudeau père, le multiculturalisme imposé de force par son fils ou l’indécision des Québécois, qui ne semblent «ni pour le Oui ni pour le Non, bien au contraire».


C’est l’air du temps.


AUTRES TEMPS, AUTRES MœURS


Dans les années 1970, les souverainistes surfaient sur une vague géante qui déferlait partout sur la planète.


C’était l’époque de la décolonisation, des guerres d’indépendance et des revendications nationales.


La jeunesse rêvait de révolution, d’émancipation et de liberté. 












Ferland pourfendait le messianisme américain, Charlebois chantait les louanges du Che et Ginette encourageait les Québécois à aller «un peu plus haut, un peu plus loin».


Pas un événement culturel, pas un rassemblement de jeunes sans un océan de drapeaux bleu et blanc. 


Cinquante ans plus tard, le vent a viré de bord.


Nationalisme rime avec racisme, la défense de la langue française est de plus en plus perçue comme un manque d’ouverture et les jeunes ne s’identifient plus à leur nation, mais à leur communauté.


On n’est pas québécois, on est «musulmane racisée», «homme cisgenre bisexuel» ou «féministe queer non binaire».  


Preuve que les paradigmes ne sont plus les mêmes : on a même eu une Saint-Jean sans drapeau !


Et aucun artiste présent, aucun des organisateurs n’a remarqué cette absence ! 


Cela aurait été impensable dans les années 1970. Impossible. 


DE «IN» À «OUT»


Se battre contre un parti, une idéologie ou un gouvernement est une chose.


C’est concret. 


Mais se battre contre une culture ? Une mode ? Un air du temps ? Une époque ?


C’est comme se battre contre des moulins à vent. 


On fait ça comment ?


On parle ici d’une vague titanesque, colossale, qui déferle sur toutes les démocraties libérales. 


Se battre contre le communautarisme, le mondialisme et le multiculturalisme, aujourd’hui, c’est comme se battre contre les hippies à la fin des années 1960.


Tu pars avec deux prises car tu as 90 % des jeunes, des médias et des artistes contre toi. 


C’est triste, mais c’est la réalité : la nation n’est plus «in». 


Elle le redeviendra peut-être un jour, dans quelques années, mais aujourd’hui, elle est une valeur en baisse, pour ne pas dire un concept honni.


CHANGEMENT D’ÉPOQUE


Alors, oui, c’est bien beau, présenter des faits, dévoiler un programme et proposer des idées.


Et Dieu sait qu’il y en a, des idées, dans l’actuelle course à la chefferie du PQ, et des bonnes !


Mais la seule chose qui pourrait changer la donne, pour les souverainistes, est un changement de mentalité. 


Or, ce ne sont pas des individus qui changent les mentalités, ce sont les époques. 


Et ça, ça prend du temps.


Tu as beau tirer sur la fleur, elle ne poussera pas plus vite. 




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