Le vote stratégique, nouvelle version

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Le poison de la vieille gauche ML

C'est étrange. Lorsque les militants indépendantistes recommandaient de «voter stratégique» aux dernières élections provinciales, pour barrer la route au parti de la corruption, le PLQ, avec le mot d'ordre de tous voter pour le Parti québécois, ils étaient nombreux, parmi la gauche regroupée surtout dans Québec solidaire, à les accuser de ne pas favoriser l'expression démocratique. Selon eux, ce mot d'ordre, bloquer la route au parti de la corruption, c'était nier l'existence et la nécessité des tiers partis. La gauche jusqu'auboutiste voulait à tout prix compter ses forces, poser fièrement pour la postérité avec son 8 ou 9 % de l'électorat, même si cela signifiait que dans de nombreuses circonscriptions, la division du vote progressiste allait favoriser l'élection des candidats libéraux et donc du parti de la corruption à Québec pour les quatre prochaines années. Et c'est ce triste et lamentable scénario qui s'est réalisé: le régime Couillard pour les quatre prochaines années. Où elle était Francine Pelletier à ce moment-là?
Voilà maintenant qu'un même mouvement est en train de se dessiner à l'approche des élections fédérales de l'automne, mais dans le sens contraire, avec, cette fois-ci aux commandes, les mêmes forces de la gauche jusqu'auboutiste. Ces purs et durs lancent le mot d'ordre de bloquer la route aux conservateurs de Harper en votant pour le NDP/NPD, ce parti du n'importe quoi, qui souffle le chaud et le froid, ayant à sa direction un ex-dirigeant d'Alliance Québec, Tom Mulcair, qui a voté, en d'autres temps, contre la Loi 101, qui a favorisé le passage du conservateur Jean Charest chez les libéraux du Québec parce que c'était l'homme du moment pour pouvoir remettre le Québec à sa place et qui fut un chaud partisan du camp du NON lors du référendum de 1995.
La nuisance publique serait maintenant le Bloc québécois. Et on voudrait le voir disparaître de la scène fédérale sous prétexte que le parti de Tom Mulcair peut faire la job, défendre les intérêts du Québec à Ottawa. Sous prétexte également que le Bloc québécois va favoriser l'élection d'un gouvernement de droite à Ottawa. Faut être drôlement culoté pour prétendre cela.
Que font les millions d'électeurs du ROC? Dorment-ils à ce point au gaz? Ne sont-ils pas préoccupés, eux aussi, par les politiques droitistes du gouvernement Harper? Pourquoi incomberait-il au Québec de «sauver» le Canada? C'est une mission qui ne nous incombe pas, mais pas du tout. Un peu plus et on va accuser le Bloc québécois, du temps qu'il était dominant au Québec, d'être responsable de tous les maux qui accablent le Canada aujourd'hui.
C'est plus ou moins ce qu'affirme Francine Pelletier, toujours prête à casser du sucre sur le dos des souverainistes québécois, dans sa dernière chronique publiée dans Le Devoir. En prétendant faire la leçon à Gilles Duceppe, elle livre plutôt une vraie leçon de bêtise et de pédanterie. On se demande sur quelle planète elle vit. Si le gouvernement conservateur a autorisé la torture, c'est la faute au Bloc. Si Harper a détruit le registre des armes à feu, c'est la faute au Bloc. Si ce gouvernement fédéral a fermé des organismes qui voient à la protection de l'environnement, de la nourriture et de l'eau, c'est la faute au Bloc. Et la liste continue...
On se demande alors pourquoi l'axe gauche-droite sur lequel nous demande de voter Francine Pelletier ne fonctionnerait pas dans le ROC? La chroniqueuse ferait mieux de s'adresser en anglais à ces millions d'électeurs hors Québec pour les supplier de défaire le tant honni gouvernement Harper. On croit entendre les vieux discours des ML (marxistes-léninistes) des années soixante-dix qui recommandaient de ne pas voter pour le Parti québécois parce que cela ne ferait que diviser «la classe ouvrière canadienne». À quand la grande union des opprimés d'Amérique du Nord, tant qu'à y être?
Il est clair que si le Bloc québécois retrouve la place qu'il avait occupée auparavant, avant cette vague orange, cela se fera nécessairement au détriment du très bilingue NDP/NPD qui va reculer au Québec. Qu'adviendra-t-il si la victoire du Bloc au Québec favorise un gouvernement minoritaire à Ottawa, quelle que soit sa couleur? Cela ne peut qu'être bon pour le Québec parce que le Bloc détiendra alors une sorte de balance du pouvoir, parce qu'il pourra négocier ses appuis contre des avantages pour le Québec.
Tiens, avec un Bloc québécois fort à Ottawa, Duceppe réussira sûrement à faire reculer le gouvernement fédéral dans sa nouvelle politique d'obliger les éditeurs québécois à mentionner dans toutes leurs publications l'aide du gouvernement canadien en français... et en anglais, au mépris de la Loi 101, ce que vient de dénoncer publiquement l'éditeur et écrivain Victor-Lévy Beaulieu. Des mesures rétrogrades comme celles-ci et des plus graves également, il y en aura plein à dénoncer mais ce n'est sûrement pas le NDP/NPD qui va prendre la défense de nos intérêts, car il ne voudra jamais s'aliéner le ROC qui l'aura élu majoritairement, si cela advenait.
Ce n'est donc pas à la politique du pire que nous convoque le Bloc québécois, mais bien à la défense de notre culture et de notre pays à naître.


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