Le troisième millénaire - guerres, dictat de la finance et grogne populaire

Les États-Unis veulent rester le chien de garde du monde, peu importe si ce chien, aujourd'hui galeux et aveugle, n'est plus à la hauteur.

IIIe Guerre mondiale

Le troisième millénaire : guerres, dictat de la finance et grogne populaire
Les États-Unis veulent rester le chien de garde du monde, peu importe si ce chien, aujourd'hui galeux et aveugle, n'est plus à la hauteur. Parfois, la sagesse et l'intelligence veulent qu'on se replie, mais l’Administration états-unienne, sous la houlette des industries de la finance et militaire, continue de prétendre dominer la planète.
Il suffit cependant d’un peu de perspicacité et de bon sens pour constater que cette puissance moribonde ne fait plus trembler le monde. En Europe, le couple Merkel-Sarkozy mène la danse. À croire que l’Union européenne se limite à eux deux. Les États-Unis n'y sont plus considérés comme le modèle du succès. Au mieux, ils y sont vus comme un grand frère souffreteux qu'on plaint à l'occasion et dont on utilise les dernières forces dissuasives dans des intérêts bien européens face au Moyen-Orient et à la montée de la Chine. Contrairement aux États-Unis, l’Europe n’est pas (encore) épuisée par plusieurs décennies de guerre menées sur plusieurs fronts.
Après avoir décapité et mis à genoux la Libye, dans le but de fragiliser la région et d’isoler l’Iran, force est de constater que l’Occident est en très mauvaise position. Nous le savions déjà. Les pays membres de l’OTAN sont pris à la gorge. Leur économie subit les conséquences d’une crise savamment orchestrée par le monde de la finance. Et le symbole du monde des finances demeure encore à ce jour les États-Unis, à tort ou à raison… L’économie américaine va mal, l’Europe « tient encore le coup » sous la houlette d’Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, mais le chien de garde moribond ne s’avoue pas vaincu et menace de mordre : l’agence de notation américaine Standard & Poor’s menace de baisser la note de six pays de la zone euro notés AAA, dont la France et l’Allemagne. Les populations manifestent leur mécontentement en organisant une série de manifestations pacifiques connue sous le nom de mouvement des indignés. Nous nous devons de constater un ras-le-bol populaire généralisé de payer pour les frasques du monde de la finance, mais aussi une prise de conscience de ces mêmes populations que l’avenir du monde est désormais entre les mains de quelques milliers de financiers qui font l’ordre et la loi. L’intervention armée est certes utilisée, mais la véritable guerre se joue dans le monde de la finance. La menace de Standard & Poor’s en est la preuve flagrante. Et les populations sont les otages et les principales victimes de cette guerre.
La situation économique et géopolitique actuelle est le résultat d'intérêts uniquement financiers. Les peuples ne comptent pas. La preuve en est l'intervention massive de l’OTAN en Libye, qualifiée d’humanitaire… qui n’est pas sans rappeler les bombardements du Kosovo par l'OTAN de mars à juin 1999. Après la Libye, l’OTAN a un œil sur la Syrie. Cela lui permettra d’isoler davantage l’Iran. Mais la République islamique d’Iran est une cible beaucoup plus difficile. En s’attaquant à cette dernière, l’Occident se mettra à dos les pays de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), créée en 2001 par les présidents de cinq pays eurasiatiques : la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, auxquels s’est joint l’Iran en 2005. L’OCS représente clairement une volonté de ces pays de s’unir face à l’Occident. Cela peut être interprété comme un nouveau bloc de l’Est. Et cela représente un avantage indéniable : le retour à un équilibre après la chute du bloc de l’Est qui a permis une « dictature » mondiale des États-Unis.
Dans leur volonté de mettre l’Iran à genoux, les États-Unis et l’Europe ne tiennent pas compte de cet aspect. Même un embargo sur le pétrole iranien n’y suffira pas, car l’essentiel des exportations pétrolières va vers l’Asie (22 % pour la Chine, 14 % pour le Japon, 13 % pour l'Inde). Le prétexte allégué est que l’on soupçonne l’Iran de vouloir se doter de l’arme nucléaire. Une fois de plus, les pays dominants appliquent deux poids deux mesures : Israël (soutenue par Washington) a le droit de menacer l’Iran avec son arme nucléaire, mais Téhéran n’a pas le droit à cette arme sous prétexte que cela serait une menace pour la sécurité d’Israël… et du monde dit civilisé.
Le chien galeux veut encore mordre, toutefois la démence sénile le pousse à frapper à l’aveuglette.
***
Claude Jacqueline Herdhuin
Auteure, réalisatrice, scénariste, doctorante en études et pratique des arts à l’UQAM


Laissez un commentaire



4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 décembre 2011

    Dans le numéro de Déc. 2011-Janv. 2012 de L’aut’Journal, Michel Rioux commente l’article d’abord paru dans Le Monde : « Méfiez-vous des hommes de Goldman Sachs ». « C’est la plus grande banque d’affaires au monde, et au même titre que les agences de notation comme Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch, ce sont eux qui « câllent les shots » dans le monde. Ces grandes organisations fonctionnent dans l’ombre, à l’instar de l’Opus Dei et la franc-maçonnerie; elles se spécialisent dans l’allumage d’incendies en amont pour qu’ensuite on les appelle en désespoir de cause pour les éteindre en aval. La banque d’affaires américaine a récemment placé ses hommes à la tête de l’Italie et de la Grèce en plus de la Banque centrale européenne. »
    Si le chien aboie moins, il dévore hardiment dans l’ombre. L’auteur ajoute que même notre propre gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a fait partie du club durant 13 ans. Il vient maintenant de remplacer Mario Draghi (Banque centrale européenne) à la présidence de la banque de stabilité financière.
    Et le Québec sait faire, lui aussi : le Lieutenant-général Charles Bouchard est maintenant décoré par les Forces Armées Canadiennes pour son ardeur à bombarder les populations civiles de Libye, au service de l’OTAN, comme nous l’a si bien décrit Bernard Desgagné, chroniqueur sur Vigile.net

  • @ Richard Le Hir Répondre

    8 décembre 2011

    Bravo pour cet article. Et la situation est encore pire que vous la décrivez. Lorsque l'histoire sera connue, et elle le sera inévitablement tôt ou tard, l'humanité découvrira avec effarement toutes les infamies commises au nom de l'hégémonisme américain. Celles que l'on connaît déjà ne sont que la pointe de l'iceberg.
    Richard Le Hir

  • Archives de Vigile Répondre

    7 décembre 2011

    Bien sûr chère dame que les peuples ne comptent pas. C'est l'idéologie du Gestell qui domine les États-Unis et tout l'Occident.
    Cette idéologie totalement basée sur l'utilitaire suppose également la négation de l'être faisant de l'homme un producteur-consommateur.
    Je vous envoie vers un article très intéressant de monsieur Yvan Blot à ce sujet:
    http://www.polemia.com/article.php?id=1793

  • Archives de Vigile Répondre

    7 décembre 2011

    Parlez-moi d’un texte clair, d’un résumé ‘’clarissime’’ (pléonasme dans cette acceptation) de la situation internationale dont nous faisons partie bien sûr et loin des maroisienneries réductrices. J’ai beaucoup de difficulté à comprendre comment il se fait que dans quelques bureaux de New York, certaines petites compagnies, qui ne produisent rien, font danser tout le monde avec les soi-disant annotations. À l’évidence, elles sont au service des banquiers véreux et décident quelle nation va engraisser davantage certains gros bonnets de la finance qui n’ont rien à cirer des populations affamées et massacrées en autant que leurs poches se remplissent davantage. Ce qui est incroyable dans tout ça, c’est que si tous les pays endettés frauduleusement décidaient de ne plus payer, que c’est assez ce genre d’exploitation éhontée, que pourraient faire les banquiers? En définitive, RIEN. Le système capitaliste tel que pratiqué actuellement tomberait comme un château de cartes. On ne peut pas envoyer l’armée partout en même temps! Tout ne fonctionne que par la peur et le mensonge, TOUT. Au Québec, sauf pour le café, les oranges et autres fruits tropicaux, nous sommes tout à fait autonomes. Nous pourrions demain matin nous auto suffire. Nous serions extrêmement bien placés pour le faire. Lors du premier référendum, pour ceux qui l’ont vécu, vous vous souvenez sans doute de la ‘’piasse à Lévesque’’. On faisait peur au monde en leur disant que si on était indépendant notre argent ne vaudrait plus rien. Nous ne sommes pas indépendants, du moins pas encore et l’argent dans peu de temps ne vaudra effectivement plus rien, sans vouloir jouer à l’oiseau de malheur. Il faudrait que les émissions de monnaies reviennent aux gouvernements au lieu des banques privées. N’oubliez pas que la Banque du Canada est une entreprise privée dont la charte a été émise en 1934 si ma mémoire ne me fait pas défaut. Comme j’en ai déjà parlé ici sur Vigile, prenez par exemple le billet de un dollar américain et vous verrez en haut, vers la gauche, un avis disant que ce billet a été émis par la banque de Chicago, non pas par le gouvernement américain. Ce sont les entreprises privées de la finance et de l’armement qui veulent s’approprier le monde actuellement en se servant de leurs pions, les politiciens véreux à la Charest et Harper et les médias aussi à leur service.
    Bravo encore Mme. HERDHUIN.
    Ivan Parent