Le temps n'est pas à la docilité

Harper et la culture



Je me désole des déclarations de certains candidats au sujet des coupes du gouvernement fédéral dans le domaine de la culture, ceux-ci ayant laissé entendre que nos artistes étaient des enfants gâtés.
De telles affirmations traduisent un manque de sensibilité et démontrent une méconnaissance flagrante des arts au Québec, où la situation de plusieurs n'est pas toujours rose. Pour ajouter l'insulte à l'injure, le recours à des arguments plutôt populistes pour justifier les coupes de 45 millions dans le soutien au développement de nos créateurs et à la diffusion des oeuvres à l'étranger ne laisse entrevoir rien de bon pour les mois à venir et sur les discussions des prochains mois.
Le soutien de Québec
De son côté, la ministre du Patrimoine canadien en rajoute en affirmant que le gouvernement du Québec n'a qu'à financer les programmes s'il n'est pas satisfait. Le Québec a fait des efforts notables pour assurer un soutien aux arts. Rappelons les législations encadrant le statut de l'artiste, l'intégration d'oeuvres d'art dans les bâtiments gouvernementaux ou la mise en place des Journées de la culture.
En ce qui a trait aux aides financières, le gouvernement québécois contribue à différents programmes, dont certains offrent des aides complémentaires à celle d'Ottawa. Mais est-ce son rôle de compenser pour des choix budgétaires que les représentants du gouvernement fédéral ont beaucoup de difficulté à justifier?
Questionnement
Cet entêtement et cette fermeture au dialogue constructif me laissent perplexe et m'amènent à remettre en question les objectifs derrière ce manque de collaboration entre nos deux gouvernements. Est-ce que cela est une indication qu'il y aura d'autres compressions? Y aura-t-il d'autres victimes, comme l'appui aux nouveaux médias, le Centre culturel canadien à Paris, le Fonds canadien de la télévision, le soutien à l'édition ou aux arts visuels? Assiste-t-on au début d'un désengagement du gouvernement fédéral dans certains secteurs des arts?
Le secteur artistique occupe une place particulière au Québec. Il est tout à la fois une manifestation de notre culture distincte, le reflet de notre identité collective et un moteur économique. Ces coupes visent l'âme de notre nation. Elles empêcheront le déploiement d'artistes de talent. Elles bloqueront le développement de prochaines entreprises qui pourraient être du calibre du Cirque du Soleil. Ainsi, le temps n'est pas à la docilité. Le temps n'est pas à la partisanerie. J'invite l'ensemble des candidats québécois aux élections fédérales à porter un message unique à Ottawa. Non à ces compressions.
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Lise Bacon, Sénateur et ministre des Affaires culturelles du Québec de 1985 à 1989


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