Le talon d'Achille d'Option nationale ?

Tribune libre

Un mois jour pour jour après la tenue du premier congrès d’Option nationale les 2 et 3 mars 2013, André Lamy et Denis Monière cosignaient un article sur cette tribune le 2 avril sous le titre
« Pour redresser la barre d’Option nationale et construire un parti efficace ». En relisant cet article dernièrement, je me suis arrêté tout particulièrement à ce passage :
« En effet, pourquoi se donner la peine de mettre en place toute une structure organisationnelle cohérente et fonctionnelle, si le but du parti est de se fondre dans une autre formation à la première occasion. Cette situation en porte-à-faux n’est pas sans conséquence. Elle induit une démobilisation des militants onistes se traduisant par une incapacité à attirer et à retenir des organisateurs de talents s’inscrivant dans la durée. Il s’agit d’une perspective des plus préoccupantes pour l’avenir du parti.
Option nationale, son chef, ses instances, ses membres et militants doivent redresser la barre du parti avant qu’il ne soit trop tard. Nous devons d’abord cesser de croire que le salut viendra de l’extérieur. D’un ailleurs politique, au PQ ou à QS, qui retrouverait comme par magie leur vertu souverainiste et leur marche en avant. Car il faut d’abord compter sur soi, se construire et s’organiser avant de penser imprimer sa marque dans une alliance ou un mariage avec un autre parti. Il faut être fort chez-soi avant d’envisager de faire un pas au dehors. Il faut être costaud à l’intérieur de soi si l’on veut se faire respecter chez les autres. Cette force qu’ON saurait se donner ne pourrait que constituer un atout supplémentaire appréciable rendant toute alliance incontournable entre forces politiques partageant le même idéal souverainiste que lui. Il faut malheureusement reconnaître qu’Option nationale se situe à mille lieux d’un tel résultat. Les signataires du présent manifeste demandent donc que des mesures soient prises afin qu’ON reprenne l’initiative politique au Québec. »
Un passage qui, à mon sens, porte son lot de lourdes conséquences sur l’avenir, voire la survie d’ON. À cet effet, je me permets de revenir sur un extrait de l’argumentaire des auteurs : «… pourquoi se donner la peine de mettre en place toute une structure organisationnelle cohérente et fonctionnelle, si le but du parti est de se fondre dans une autre formation à la première occasion. »
En réalité, l’ouverture manifeste de Jean-Martin Aussant, même s’il l’encadre dans certaines conditions, face à une fusion avec un autre parti souverainiste, n’est-elle pas le talon d’Achille du parti ? N’est-elle pas en train de créer « une démobilisation des militants onistes » ? Ne vaudrait-il pas mieux « compter sur soi, se construire et s’organiser avant de penser imprimer sa marque dans une alliance ou un mariage avec un autre parti » ?
Des interrogations qui soulèvent chez moi une sérieuse réflexion sur la stratégie d’ouverture de JMA qui, en théorie semble bien fondée mais qui, en pratique, risque de se retourner contre la mobilisation de la base militante de son parti.
« Cette force qu’ON saurait se donner [de l’intérieur] avant de penser imprimer sa marque dans une alliance ou un mariage avec un autre parti, ne pourrait que constituer un atout supplémentaire appréciable rendant toute alliance incontournable entre forces politiques partageant le même idéal souverainiste que lui. » De fait, Option nationale ne devrait-il pas mobiliser sa base à sa cause avant de zieuter ailleurs ? J’en suis rendu là dans ma réflexion !…
En terminant, je vous laisse à cette réflexion de Montesquieu qui a paru ce matin en haut de page de la tribune libre de Vigile et qui pourrait fort bien, dans les circonstances, s’appliquer au chef d’Option nationale: « Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être un si grand génie ; il ne faut pas être au-dessus des hommes ; il faut être avec eux. »
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juin 2013

    "Votre recette ne fonctionne pas, vos idées ne pognent pas et votre acharnement démobilise." Emilie Bouchard, merci pour cette phrase lapidaire qui s'adresse à Pierre Cloutier.

    Dans un message à Marcel Haché, Pierre Cloutier écrit:

    "La dernière fois qu’on a mis le pays à l’ordre du jour, en 1995, on a failli réussir - n’eut été des fraudes dont a été victimes + l’argent et le vote ethnique, grâce au courage de Jacques Parizeau que ne s’est pas accroché au petit pouvoir provincial de merde comme Pauline."
    Puisque vous aimez la politique fiction monsieur Cloutier, voici. Moi aussi j'aime ça.
    Jacques Parizeau, le soir du référendum volé, au lieu de faire le discours qu'il a fait aurait dû dire:
    "Les résultats du référendum sont tellement serrés que je ne peux, ce soir, déclarer que les forces du NON ont gagné. Nous allons réfléchir avant de concéder la victoire. Nos informations sont à l'effet que la loi québécoise des référendums n'a pas été respectée surtout au chapitre de la limite des dépenses permises. Nous n'irons pas jusqu'à dire que ce référendum a été volé mais plusieurs indices penchent dans cette direction. Nous allons dormir là-dessus et nous vous reviendrons. Nous pensons qu'une commission d'enquête sur les irrégularités commises par le camp du NON pourrait nous permettre de contester le résultat. Paraît-il qu'il y a même eu une organisation clandestine nommée Option Canada qui a dépensé un million de dollars pour le NON. Nous ne sommes pas une république de bananes où on peut faire n'importe quoi. Il y a des lois au Québec que certains vont apprendre à devoir respecter.
    Une chose est certaine: je ne démissionnerai pas de mon poste de premier ministre. L'Etat québécois existe et il peut agir. Nous agirons. Bonne nuit."
    Cela aurait été LA position vraiment courageuse à prendre qui aurait changé l'histoire du Québec. Quand vous parlez monsieur Cloutier de "s'accrocher au petit pouvoir provincial de merde comme Pauline", vous êtes tellement dans l'erreur que je ne trouve pas de mots pour vous exprimer mon total désaccord. C'en est ridicule tellement ça ne tient pas debout et c'est incohérent. Je préfère le point de vue de Marcel Haché et d'Emilie Bouchard.
    Que pensez-vous de petit discours que Jacques Parizeau aurait pu faire le soir du référendum? Ça mon vieux c'est de la politique mais hélas c'est de la politique fiction. Nous n'en serions pas là aujourd'hui à discuter d'Option nationale.
    robert barberis-gervais

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juin 2013

    Réponse à M. Cloutier
    À vous lire on dirait que tout pourrait se faire facilement par votre seule volonté et avec une seule recette : «changer la cheffe».
    Mais il y a un mais, la politique agit dans un cadre général bien défini avec une structure qui agit avec une collectivité.
    Coup d'État, révolution et actes violents ne font pas partie de notre culture. Notre action indépendantiste est un mouvement de décolonisation et une sécession est un passage obligé, mais à l'intérieur d'un système de droit et démocratique. Autant le PLQ ne peut signer la Constitution Canadienne sans notre acceptation, autant le PQ ne peut faire de facto l'indépendance sans le consentement de la population.
    La notion d'indépendance est délicate dans notre cas parce que notre nation s'est formée à l'intérieur d'une autre nation par renonciation de la France et par assimilation croisée. Dans ces circonstances la séparation se fait plus lentement, plus progressivement et souvent plus tardivement.
    Certains pays se sont formés par la violence, certains par des traités de paix, d'autres par la restauration des frontières coloniales et d'autres par référendum comme l'Afrique avec la France etc. De nos jours ça se passe différemment surtout par des mouvements de population en tout ou en partie (50% +1) sur une base démocratique et de droit.
    Dire que le PQ une fois élu peut déclarer l'indépendance n'est pas réaliste. Faire comme JMA de ON en disant aussitôt élu on fait l'indépendance n'a rien donné si on se fie aux résultats de ce procédé avec un vote de 2%. Comme les Québécois sont divisés sur la question et que les indépendantistes le sont aussi, comment voulez-vous que la population vous prenne au sérieux?
    Je laisse réfléchir là dessus et surtout regarder la réalité en face avec réalisme et objectivité. Votre recette ne fonctionne pas, vos idées ne pognent pas et votre acharnement démobilise.
    N.B. Il y a de nombreux mouvements indépendantiste en activité dans le monde depuis les années 40 et presque tous sont encore actifs. Le PQ date de 1968 et il est parmi les plus jeunes formés.

  • Pierre Cloutier Répondre

    10 juin 2013

    Message à Marcel Haché
    On voit bien en vous lisant que vous ne connaisses absolument rien de l'histoire du Parti Québécois, de ses divers programmes depuis sa fondation et de ses statuts et il est raisonnable de penser que vous n'y avez pas milité une seule seconde.
    La dernière fois qu'on a mis le pays à l'ordre du jour, en 1995, on a failli réussir - n'eut été des fraudes dont a été victimes + l'argent et le vote ethnique, grâce au courage de jacques Parizeau que ne s'est pas accroché au petit pouvoir provincial de merde comme Pauline.
    Quand on veut un pays, il faut avoir le courage minimal de le mettre sur la table au lieu de fuckailler avec le puck avant d'aller s'écraser sur la bande comme le PQMarois.
    Avec votre recette, on aura le temps vous et moi de passer l'arme à gauche et manger les pissenlits par la racine, avant qu'il se passe quelque chose.
    Quelle tristesse de lire des choses semblables par des gens qui se disent "souverainistes" la main sur le coeur. C'est navrant et décourageant.
    Pierre Cloutier

  • Pierre Cloutier Répondre

    10 juin 2013

    Message à Émilie Bouchard
    Commencez par changer de chef et de doctrine et vous allez voir que les militants vont revenir au PQ, si on a le courage minimal de mettre un projet de pays sur la table.
    Avec la Cheffe actuelle - la mal aimée des québécois - et la doctrine de gouvernance provinciale déguisée frauduleusement en gouvernance souverainiste, le PQMarois s'en va directement dans le mur.
    Si ça prend cela pour changer, alors tant mieux. Vous allez boive le calice jusqu'à la lie.
    Amen
    Pierre Cloutier

  • Éric Lévesque Répondre

    10 juin 2013

    @ Miss Beaulieu;
    Je suis d'accord mais à l'heure actuelle ON représente bien le meilleur parti pour la cause, la structure c'est QS qui gagne, l'électorat c'est le PQ. Il faut juste faire le bon mélange pour la recette. Comme Parizeau là dit, ON est le levain de la pâte et malheureusement, plusieurs points négatifs ressortent d'ON présentement.
    Pour JMA, je le connais mieux que vous et il n'est pas seul à être frustré. Il disent certaines choses qui sont fausses et ceci est désastreux nous en conviendrons. Toutefois, il n'était pas seul, Curzi, Lapointe sont partis eux aussi et JMA était réticent à fonder un parti et un parti n'est pas un seul homme comme l'ex-adq. ON croit et le PQ décroit, pourquoi pensez-vous, avec les 27 % des votes au dernier sondage (quand même un sondage mais quand même).
    Si on compile les % des trois partis ont obtient 42 % soit 3 % de plus que la dernier élection, une croissance favorable, même si tout le monde capote si le PQ est en chute libre. Y'ont juste à tenir leurs promesses et arrêter de sortir des arguments comme diviseur du votes comme si la gauche ou l'indépendance leur appartenait inclusivement, elle appartient au peuple, pas à un parti politique... Ou encore un argument de voter contre un parti et non une cause, c'est anti-démocratique.
    Pour les 40 ans de voir l'indépendance, sa m'étonnerait, elle est redevenue d'actualité et la cause va battre de l'aile à la prochaine campagne électorale. Je ne suis pas contre une collaboration, mais contre une fusion car c'est revenir au point de départ et en plus, il pourrait y avoir au moins un semblant de respect en politique québécoise par après.

  • Marcel Haché Répondre

    10 juin 2013

    La mouvance indépendantiste ne pardonnera pas de sitôt à JMA les résultats du 4 septembre. Quoi qu'il en dise ou fasse, quoi qu'il arrive dans l'avenir, les choses ne se passseront par l'aval ou le désavoeu de JMA, qui perd son temps s'il croit que sa politique d'admonester alternativement le P.Q. et d'espérer ensuite son alliance le serviront. Le P.Q. ne changera pas de sitôt sa stratégie, qui ne consiste pas à promouvoir la souveraineté, mais plutôt à établir un rapport de force en faveur de la souveraineté.La gouvernance souverainiste est critiquable et l'est critiquée, mais elle apparaîtra comme un passage obligé,très désagréable, mais obligé.
    La promotion de la souveraineté comme stratégie n'est pas plus adéquate que le référendisme.Ce front-là a été défoncé.Le ballon est crevé.Bien libre à JMA de souffler dedans,il perd son temps s'il espère que le P.Q. souffle un jour dedans avec le lui.
    Tout cela n'enlève pas un millimètre de légitimité à O.N.C'est précisément pour cette raison qu'O.N. est légitime qu'il pourrait passer son tour à la prochaine élection plutôt que de retourner(encore) ses candidats à l'abattoir.
    Si le P.Q. est susceptible d'en manger une maudite à la prochaine élection, il n'est pas nécessaire qu'O.N. participe à cette opération qu'il prévoit par ailleurs, ce qui lui donnerait l'apparence d'être juge et partie.
    Si le P.Q. n'a pas le monopole de l'indépendantisme, soit, mais c'est aussi la situation d'O.N.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juin 2013

    Le problème c'est que les indépendantistes ont vu en JMA un sauveur, alors qu'il n'était qu'un homme frustré qui voulait une meilleure place au PQ.
    Le jour où les indépendantistes auront l'idée de ramer dans le même sens, on l'aura notre pays. C'est la division le problème et non le PQ. Compter sur ON pour aboutir au pays c'est dire qu'on devra attendre encore 40 ans et il sera trop tard. Faisons avec ce qu'on a déjà bâtit avec peine et misère et arrêtons de se contenter de vivre dans la misère et de la perpétuer avec un autre parti.

  • Éric Lévesque Répondre

    10 juin 2013

    Très bon point de vue, je n'avais pas remarqué les choses sous cet angle, mais c'est écrit dans nos statuts et sa ne changera pas avant un an par le prochain congrès. ON est en voie de collaborer avec n'importe qui mais pour ce faire, il faut être reconnu plus de 2 % des voix. Le dernier sondage nous à monter à 5 % (dû l'incompétence du PQ et sa trahison nationale comme électorale). Votre point de vue est fondé mais sur le court terme, à long terme, la collaboration prend tout son sens, et non la fusion. Il démontre seulement que le parti est ouvert à la négociation et n'est pas fermé comme d'autres partis indépendantistes (comme on l'a vu à la convergence nationale).
    Sur ce, bonne journée M. Marineau, vos essais valent toujours leur pesant d'or.
    Éric Lévesque
    Président On - Rimouski