Le syndrome Gomery

Enquête publique - un PM complice?



(Québec) Très mauvaise fin de session pour le gouvernement Charest. Comme s'il fallait en remettre, on a appris jeudi que des élus municipaux et des fonctionnaires des Affaires municipales avaient participé à des voyages de pêche sur le bras de la firme de génie-conseil BPR à la fin des années 90 et au début des années 2000. C'était sous les gouvernements péquistes, mais peu importe : ce genre d'histoire donne encore plus de poids aux demandes d'une enquête publique sur la construction.
Les libéraux ont plié bagage hier avec une question en tête : combien de temps encore pourront-ils refuser de déclencher une telle enquête? Et s'ils doivent le faire, à qui confier un tel mandat, afin d'éviter une réédition de la commission Gomery à l'échelle québécoise? Appelons ça le syndrome Gomery ou Paul Martin, c'est la même chose : le gouvernement Charest craint comme la peste de voir un commissaire-enquêteur venir déterrer des histoires louches sur le financement du Parti libéral du Québec.
Le plus ironique dans cette histoire, c'est que le gouvernement a perdu une belle occasion d'éviter tout cela quand les scandales autour de Montréal ont commencé à faire tache d'huile. Il aurait suffi de demander à la Commission municipale du Québec (CMQ) de faire enquête. Le mandat de la Commission l'aurait forcé à s'en tenir aux irrégularités entachant l'administration montréalaise, tout en fouillant les histoires de collusion entre les entreprises de construction qui font affaire avec la Ville. La Commission aurait pu élargir son mandat aux irrégularités constatées ailleurs comme à Boisbriand.
Le problème, c'est que ce gouvernement n'a guère valorisé le rôle de la CMQ, qu'il voulait même abolir après son élection en 2003. L'organisme a pourtant fait la preuve, dans le passé, de sa capacité à fouiller dans les poubelles des municipalités. Elle en a d'ailleurs le pouvoir : «Aux fins d'une enquête que la Commission est autorisée à faire, chacun de ses membres et tout enquêteur désigné par le président sont investis des pouvoirs et de l'immunité d'un commissaire nommé en vertu de la Loi sur les commissions d'enquête», peut-on lire sur son site Internet. On y apprend également que la CMQ «doit, si demande lui en est faite par le ministre, faire une enquête sur l'administration financière d'une municipalité».
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Les libéraux ont pensé à tout pour éviter une enquête publique pendant que ça brassait à Montréal, sauf à se tourner vers l'organisme dont c'était le mandat. Il est maintenant trop tard. Les situations douteuses se sont tellement multipliées depuis septembre que c'est une enquête de plus grande envergure qui est exigée. Le genre d'enquête qui aurait probablement une cote d'écoute comparable à celle de la commission Gomery.
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Ce qu'il y a de plus surprenant à la fin de cette session parlementaire, c'est que le Parti libéral ne soit pas descendu plus bas dans les intentions de vote et que Jean Charest soit encore perçu comme le meilleur candidat au poste de premier ministre. C'est d'autant plus surprenant que les libéraux ont connu une année de malheurs. Dès le début de 2009, les promesses électorales d'équilibre budgétaire se sont envolées en fumée. Au même moment, la Caisse de dépôt et placement du Québec a confirmé les pertes les plus importantes de son histoire. Simultanément, l'opposition officielle a dévoilé une série d'anomalies dans la gestion des Fonds d'intervention économique régional (FIER). Le ministre du Travail David Whissell s'est retrouvé au coeur d'une controverse qui a mené à sa démission du cabinet en septembre. Comme si ce n'était pas suffisant, les libéraux devront expliquer à leur parenté, autour de la dinde de Noël, pourquoi les propriétaires de garderies privées ont donné autant d'argent à leur caisse électorale. Vivement la nouvelle année!


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