Des apparences d'états généraux à la mise à jour de 148 études par 12 personnes

Le souverainisme est une parure

Si vous vous contentez des effets superficiels ne lisez pas ceci

Élection Québec 2012

On assiste présentement à un immense effort de la part du PQ pour tenter de reprendre le contrôle de la situation. Toutes les actions vont dans le bon sens mais elles sont désespérément superficielles.
L'expérience et aussi la thèse récemment publiée de l'ami Pierre Cloutier nous montre qu'il suffit au PQ d'être superficiel - c'est-à-dire souverainiste en paroles et en gestes symboliques pour reprendre le pouvoir. Sans jamais avoir à poser de geste déterminant. Les grands effets nous suffisent. Existons-nous ?
Si tout tournait en faveur du PQ ce qui est aujourd'hui plausible, on aura alors une fois de plus un gouvernement souverainiste qui prendra quelques mesures souverainistes qui vont faire crier le ROC mais qui ne fera jamais l'indépendance. Trop compliqué, trop difficile quand on peut simplement et facilement se contenter de gouverner une province. Plusieurs se satisfont de cela. Mais il leur faut périodiquement leur frisson souverainiste. Si je vous ai bien compris ... à la prochaine fois ! Les grands airs patriotiques suffisent à exprimer l'émotion du Nous. Entre la fierté, la révolte et la peur bleue d'être qui on s'entête à ne pas être.
Ce comité de la souveraineté est tout aussi superficiel car comment demander à 12 personnes, si brillantes soient-elles de réviser 148 études le tout sans moyens alors qu'il faudrait 12 personnes compétentes par étude, soit 1 776 personnes pour y arriver. Et puis de toute façon on ne sait même plus à qui et à quoi serviraient ces études. Et qu'est-ce que ça veut vraiment dire que de réviser, de mettre à jour ? De qui se moque-t-on ?
C'est le même raisonnement lumineux des communicateurs et gestionnaires de crises qui fait la promotion des supposés états généraux qui n'en seront jamais tant on fait tout dès leur conception à les empêcher d'être. On est ici dans un monde d'apparences. Rien à voir avec le réel. Les apparences suffisent à gagner ou perdre les élections.
Ainsi, prenons l'idée des états généraux. Il y en a en France depuis 1000 ans. Mais ici on ne veut qu'emprunter le terme qui fait si chic. Pas le contenu qui est tout autre chose. On ne peut tenir des états généraux réservés uniquement aux indépendantistes. On ne peut même pas penser - si souverain que l'on soit - penser garder le contrôle sur les états généraux. Convoquer de véritables états généraux c'est ouvrir une brèche dans la continuité de la souveraineté des puissants. Parlez-en à Henri III ou à Louis XVI. Les états généraux doivent être ouverts à tous ou ne pas être. La mise en scène qui se prépare où les organisateurs ont tout prévu pour garder le contrôle sur des états généraux est le contraire des états généraux. Les états généraux sont une marmite bouillante. Dans l'eau tiède, ils n'aboutiront à rien d'autre qu'une nouvelle perte de temps, deux articles dans le devoir, deux commentaires ironiques dans La Presse, une panique dans le ROC et 3 minutes au Téléjournal pour montrer une salle vide aux 3/4.
Nous perdons le temps de nos vies qui passent pendant que nous demeurons sous la domination des Autres. Les états généraux s'ils portent ce nom doivent s'adresser à toute la population ou ne pas exister. On abuse encore des mots qui ne trouvent pas de fondement dans la réalité. Le pays demeure au-delà du réel. Une légende, une rumeur lointaine, une vague croyance que peut-être que..., advenant le cas où.., si Robert Bourrassa ou Justin Trudeau nous en donnait la permission...on pourrait être quelque chose comme un grand peuple.
Dans le cas du comité des 12, ce n'est rien d'autre que de la poudre aux yeux de ceux qui ne savent pas ce que c'est que de faire une étude sérieuse. C'est comme si on les envoyait en mission sur Mars dans une soucoupe de porcelaine. Faire des études sérieuses ça demande des moyens qui sont d'abord la liberté d'action et d'expression, les moyens financiers suffisants et des délais raisonnables. Rien de tout cela n'est en place. Nos braves petits soldats bien intentionnés ressemblent trop à nos patriotes armés de fourches et de bâtons qui vont bientôt s'épuiser mais l'important est que cela les tienne au silence.
Un parti politique ne peut s'approprier le projet indépendantiste sans lui porter ombrage. Quand le PQ s'approprie l'idée du Québec libre, vole cette idée au peuple, automatiquement cela écarte tous les membres des autres partis, alors qu'il y a certainement des indépendantistes dans tous les autres partis et encore plus en dehors de tout parti. Comme il y en aurait chez les anglos du Québec et aussi chez les autochtones et les allophones si on s'en occupait. Pourquoi être indépendantiste doit-il supposer qu'il faille se soumettre aux humeurs et aux limites d'un chef de parti ? Ne peut-on pas être indépendantiste pas soi-même, comme un simple citoyen sans être fédéré par un parti ? Il est sans doute là le 40% de Québécois indépendantistes qui ne se retrouve pas dans les partis politiques.
Oui des états généraux mais ouverts à tous les citoyens québécois pour qu'ils se fassent entendre, qu'ils nous parlent de l'abandon des populations, de l'abandon des rêves, de l'abandon des personnes vieilles et malades, des pauvres, des régions, des quartiers défavorisés : il faut pour cela des assemblées locales qui écouteraient les gens, formuleraient des doléances, délégueraient des représentants porteurs de ces messages à des assemblées régionales et ainsi de suite jusqu'à une véritable assemblée nationale, libre de tout parti, de toute influence corporative et associative. À ce moment le pays existerait et serait indépendant de fait.
Cela n'arrivera peut-être jamais parce que les intérêts corporatifs des partis et les ambitions personnelles et narcissiques de trop de politiciens s'y opposent. Le système de représentation démocratique dans lequel nous vivons a été fait pour se nourrir de ces fantasmes qui n'ont rien à voir avec la recherche du bien public. Les partis fonctionnent parce que la république ne fonctionne pas. Bienvenu dans la démocratie britannique. Bienvenue dans le monde des apparences qui servent d'écran au véritable pouvoir pas très beau à voir.
Nous parlons et entendons parler de souveraineté depuis un demi-siècle et nous sommes plus soumis que jamais à la contrainte de gouvernants qui font le contraire de ce que nous voulons. Et nous voulons croire que c'est nous qui avons mal compris, qu'ils ne peuvent pas être comme cela. C'est qu'ils y croient vraiment. Que d'énergie vitale gaspillée.
Que ceux qui veulent tenter le jeu des apparences s'y adonnent librement. Le PQ leur accordera la reconnaissance symbolique et peut-être une médaille, mais ça ne nous avance à rien. Faudra-t-il tous que nous mourrions dans une colonie ? Comme je l'avais dit à M. B. en 2006, rappelez-moi quand vous vous serez décidé à faire l'indépendance, d'ici là je ne n'a plus de temps à vous consacrer.


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 février 2012

    Monsieur McNichols Tétreault
    Excellent texte que j'ai bien apprécié! C'est incroyable comme nos dirigeants politiques québécois sont coupés de la réalité du vrai pays, étant trop absorbés par leurs manigances d'entremetteurs pour les oligarques de ce monde, à commencer par notre mon oncle Paul national. Les études de Marois, ce n'est que de la poudre aux yeux pour endormir les "chouverainistes" qui pourraient finir par se réveiller et poser des questions un peu trop embarrassantes à la direction du parti et le quitter comme ont fait les indépendantistes purs et durs.
    Le pays du Québec existe vraiment et ne demande qu'à être reconnu ou confirmé mais les politiciens québécois le nient. Si ça continue ainsi, nous allons le perdre par défaut, par manque de volonté politique et de couilles de nos politiciens qui souffrent du syndrome de Stockholm, vous connaissez? Ils sont incapables de percevoir, de s'imaginer ce qu'est la liberté, étant enchaînés à leurs bourreaux colonisateurs "canadians" depuis la conquête de 1759. Je me répète: Trudeau a sorti le Québec du Canada, en 1982, avec son rapatriement unilatéral de la constitution canadienne sans l'accord du Québec et sans tenir de référendum.
    Lévesque n'avait qu'à en appeler au peuple québécois et faire une déclaration unilatérale d'indépendance du Québec, faire rédiger une constitution québécoise à être approuvée et votée par le peuple québécois et demander, par la suite, une reconnaissance internationale du nouveau pays. Le Kosovo a été confronté à une situation semblable et ses dirigeants sont allés jusqu'au bout avec les résultats qu'on connaît aujourd'hui; ce pays est maintenant reconnu internationalement et siège aux Nations Unis. Nos politiciens du Québec sont tellement cailles (chickens) et colonisés que jamais ils n'oseront poser le geste que je mentionnais plus haut. C'est désespérant à en mourir! Nous risquons de perdre le pays du Québec par défaut, est-ce assez con à votre goût?
    André Gignac 23/2/12

  • Archives de Vigile Répondre

    23 février 2012

    Vous avez entièrement raison,c'est encore de la poudre aux
    yeux.Ils nous prennent pour des imbéciles.