Le repli britannique

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Selon Denise Bombardier, les souverainistes québécois auraient tort de se réjouir que les britanniques aient voté en faveur de la liberté, la démocratie, l’indépendance, l’autodétermination et la souveraineté !






Ce référendum au Royaume-Uni gagné jeudi dernier par les anti-européens et qui annonce des bouleversements au sein de l’Union européenne n’était donc pas une façon, pour les Britanniques, d’exprimer un humour qui n’appartient qu’à eux.




Ce résultat réjouit fortement les populistes européens qui nagent dans des eaux troubles et polluantes. Les tenants de l’extrême droite étaient euphoriques vendredi matin lorsque les résultats ont été connus. Et les militants d’extrême gauche qui usent des mêmes arguments ont trouvé dans le vote l’expression du «vrai peuple», une expression répétée ad nauseam par Nigel Farage, le chef du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni.




Ce résultat juge aussi la bureaucratie européenne de Bruxelles, arrogante et suffisante, celle qui, en caricaturant un peu, considère l’État-nation comme une vieillerie à offrir aux brocanteurs.




Mais ce résultat est avant tout la confirmation que le populisme teinte désormais toutes nos démocraties.




Populisme occidental




Ce populisme explique aussi l’incroyable et inquiétant phénomène Trump aux États-Unis, dont la reconnaissance populaire est déjà une énorme victoire. Le populisme sévit en Espagne, en Autriche, au Danemark, en Italie, en Hongrie et en France, ce pays attaqué par ses ennemis extérieurs et intérieurs. Cela n’annonce rien qui vaille.




Une grande idée a présidé à la création de l’Union européenne. Les Européens déchirés par les deux guerres mondiales du XXe siècle ont souhaité éviter que l’apocalypse ne se reproduise. L’Union européenne devenait donc le rempart contre la terreur du nazisme qui a mis l’Europe à feu et à sang. Le prix à payer a été une perte de souveraineté par les pays concernés.




Les Britanniques devront assumer les conséquences de leur vote, qui pourrait amorcer le démantèlement éventuel du Royaume-Uni, entraînant ainsi son affaiblissement économique et politique.




Immigration en cause




Les partis d’extrême droite et d’extrême gauche recueillent manifestement les frustrations et les inquiétudes de tous les citoyens de ces pays déstabilisés, donc préoccupés, par les récentes migrations des réfugiés du Moyen-Orient




Cette immigration pose d’énormes problèmes de l’ordre d’un choc civilisationnel qui s’ajoute à la guerre que mènent les djihadistes dans tous nos pays. Les dirigeants politiques n’ont pas su, hélas! rassurer leurs citoyens.




Les indépendantistes québécois ne devraient pas se réjouir si rapidement de ce vote, car il n’y a pas de comparaison à faire entre un retrait de l’Union européenne par un pays souverain et la sécession du Québec du Canada.




Le Royaume-Uni est la plus grande place financière du monde. Le Québec a statut de province sans réel contrôle sur son économie. Il est fallacieux de comparer les deux. Une sortie du Canada serait infiniment plus risquée, que cela plaise ou non.




Le prix que paiera le Royaume-Uni pour ce vote démocratique nous éclairera sur les retombées d’une volonté populiste manipulée par des politiciens, carriéristes comme le successeur plausible de David Cameron, Boris Johnson, qui n’est là que pour servir ses propres ambitions.




Le lyrisme de certains commentateurs québécois est touchant, mais les Britanniques, ce peuple sans complexe d’infériorité, ne sauraient servir de modèle aux Québécois en quête d’indépendance.



 




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