DÉCÈS DE JACQUES PARIZEAU

Le Québec salue un géant

Cc2c64c9c0df595e1f0a7923ebb07cba

Des mots de Jacques Parizeau

Un professeur, un combattant, grand bâtisseur: le milieu politique québécois — toute allégeance confondue — réagit avec émotion ce mardi matin à la suite du décès de l’ancien premier ministre Jacques Parizeau.
Le drapeau du Québec flottant au sommet de la tour du Parlement a été immédiatement mis en berne afin d’honorer la mémoire de l’homme.
Depuis le milieu de la nuit, les réactions s’accumulent. Tôt ce matin, le premier ministre québécois, Philippe Couillard, a offert ses condoléances à la famille Parizeau sur le réseau social Twitter, tout en saluant «un homme de talent, respecté et passionné».
«Au nom de tous les Canadiens», le premier ministre fédéral, Stephen Harper, a adressé ses «plus sincères condoléances à la famille et aux amis de l’ancien PM Jacques Parizeau».
Pierre Karl Péladeau, cinquième successeur de M. Parizeau à la tête du Parti québécois, a écrit que le «Québec est en deuil». Le chef du PQ a décrit M. Parizeau comme «un des grands bâtisseurs de notre modernité». «Il a propulsé le Québec dans sa modernité. La liste de ses réalisations est impressionnante», a-t-il déclaré lors d’un point de presse. L’ancien premier ministre n’a d’ailleurs pas été étranger à la décision de l’actionnaire de contrôle de Québecor de sauter dans l’arène politique. M. Parizeau l’a «encouragé» à faire le choix du «service public», a indiqué M. Péladeau.
Le Chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a évoqué «un grand homme d’État avec qui [il a eu] le privilège de discuter souvent de l’économie du Québec». «Il a bâti évidemment une partie du Québec moderne. […] C’est un jour triste. Il faut lui dire merci d’avoir si bien servi le Québec durant toutes ces années», a affirmé l’ancien ministre péquiste.
Pour Mario Beaulieu, chef du Bloc québécois, «Jacques Parizeau a été un des grands bâtisseurs du Québec moderne, un libérateur de peuple». Il s’est dit habité par «une profonde tristesse, un sentiment de vide, de perte et une immense gratitude». Son prédécesseur à la tête du Bloc, Gilles Duceppe, estime que M. Parizeau était «un homme d’exception, un homme d’État, un grand bâtisseur du Québec moderne».
L’ex-premier ministre libéral Jean Charest a salué un «homme hors de l’ordinaire, de par sa formation et son intelligence», qui se distinguait de ses pairs par sa grande détermination. «M. Parizeau était très respecté de ses adversaires. Il était pris au sérieux. Il avait une qualité qui est déterminante en politique: il était déterminé. Ce n’est pas tout en politique d’être tacticien, d’être intelligent, d’avoir de l’instinct. L’ingrédient qui distingue ceux qui réussissent, qui font des projets, c’est leur volonté, leur détermination», a-t-il fait valoir.
Comme bien d’autres, Bernard Landry a rappelé le combat «de la vie» de M. Parizeau. «Il ne s’en est jamais caché, c’est la poursuite de notre indépendance nationale. Il n’a jamais accepté que la nation québécoise qui est l’une des 30 plus prospères au monde soit une simple province d’une autre nation», a affirmé l’ancien premier ministre. «On voyait la profondeur de ses convictions.»
À RDI, M. Landry a indiqué avoir rendu visite à Jacques Parizeau il y a une dizaine de jours: il l’a trouvé physiquement «affligé» mais intellectuellement aussi lucide que toujours.
L’ex-première ministre Pauline Marois garde de son ancien patron le souvenir d’un «homme de conviction qui a consacré sa vie à la construction d’une nation québécoise forte, une nation vraiment libre de ses choix et de son destin». «Fidèle à son engagement de servir les Québécoises et les Québécois, il n’a jamais cessé de réfléchir aux voies de passage pour nous permettre d’occuper une place à la hauteur des aspirations légitimes auxquelles nous pouvons prétendre», a-t-elle affirmé par voie de communiqué.
Depuis Londres où il travaille désormais, l’ancien chef d’Option nationale, Jean-Martin Aussant, a publié un long texte sur sa page Facebook, dans lequel il salue bien bas celui qui fut son mentor souverainiste. «Je suis infiniment reconnaissant envers la vie d’avoir pu le côtoyer, même si j’en aurais pris bien davantage», écrit-il.
«Si on voyage un peu partout dans le monde, on se rend compte que plusieurs grands monuments sont dédiés à des généraux et des présidents qu’un hasard de l’Histoire a impliqués dans de grandes guerres. Jacques Parizeau méritera son monument non pas pour avoir envoyé des hommes et des femmes à l’abattoir, mais bien pour avoir construit du beau. Pour avoir inscrit dans la modernité la société québécoise et avoir donné confiance en eux à des millions de gens. C’était un révolutionnaire dans le plus pur et le plus pacifique sens du terme. Et s’il était général, il était aussi le premier soldat à se présenter sur la ligne de front. Un vrai.»
Des idées pour l’avenir
Il était «toujours intéressant de débattre avec lui», a pour sa part fait valoir l’ex-premier ministre libéral Daniel Johnson. M. Parizeau fut «un des grands de notre histoire», a renchéri John Parisella (ex-conseiller de Robert Bourassa et Jean Charest).
Jean-François Lisée, ancien conseiller de M. Parizeau lorsqu’il était premier ministre, parle d’un «immense deuil» qui vient de s’ouvrir. «Un géant s’est éteint. Ses idées éclairent l’avenir», a souligné le député de Rosemont.
«Il nous laisse un pays à terminer», selon la députée péquiste de Vachon, Martine Ouellet. «Nous poursuivrons votre héritage», a promis son collègue de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier. Le doyen de l’Assemblée nationale, François Gendron, s’est dit peiné d’apprendre la «perte d’un grand, grand homme d’État».
«Il nous manquera cruellement», a souligné l’élu solidaire Amir Khadir «Nous partageons le chagrin de sa compagne de vie et de route, Lisette Lapointe, ses enfants, ses proches», a-t-il ajouté.
Le maire de Montréal, Denis Coderre, dit avoir «toujours respecté l’homme public et l’homme de conviction qu’il était». M. Parizeau fut selon lui «un des grands serviteurs du Québec».
Le décès de M. Parizeau bouleverse les activités du gouvernement libéral. Le cabinet de M. Couillard a notamment annulé le dévoilement de la Stratégie maritime, prévu aujourd’hui à Montréal.
«Le combattant est allé se reposer», a résumé le biographe de M. Parizeau, l’ancien journaliste et député Pierre Duchesne.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->