Le Québec : Précurseur de la révolution populaire occidentale?
Serait-il si impensable que la révolution populaire occidentale prenne concrètement naissance chez nous, au Québec?
Il serait grand temps que ce vieux complexe de colonisés-mangeux-de-poutine s'éteigne, à jamais. Avec les événements du «printemps érable», nous avons pris conscience de notre force individuelle et collective, sur les réseaux sociaux, dans la rue et de plus en plus dans les médias traditionnels qui n’ont eu d’autres choix que d’accepter l’évidence de la volonté générale. En ce printemps 2012, nous assistons au plus grand soulèvement populaire de l’histoire du Québec (et du Canada, il va sans dire) et ce mouvement ne crie que d’une voix : «Charest, démissionne ! »
L’indice le plus encourageant se lit dans l’appui massif à la cause populaire dans la presse étrangère. À part quelques articles conservateurs dans la presse canadienne (Globe and Mail, National Post), force est de constater que l’écho des contestations du peuple québécois se fait entendre à l’international, et même plus, la musique du changement dans le bruit de nos casseroles inspire nos amis dans tout l’Occident.
Nous ne sommes pas si loin des revendications qui ont vu naître les plus grands changements de société : la Révolution française, la Russe, mai 68, le printemps arabe, pour n’en nommer qu’une fraction. Quand le peuple prend le temps de prendre la rue, à répétition de surcroît, il a bien rarement tort. Le discours despotique du gouvernement est en ce moment tel que même dans la toute dernière représentation de Antigone de Robert Lepage au TNM, le public ne pouvait garder son sérieux tant le discours tout-puissant rappelait celui de nos dirigeants dans la crise actuelle.
Pourquoi serait-ce si inconcevable que le Québec décide par lui-même de se doter d’un autre angle de tir politicoéconomique quant à son avenir?
Évidemment, on nous dira que nous sommes loin d’être à plaindre au Québec, que c’est bien pire ailleurs, que nous sommes ceux qui payent le moins cher nos études, notre santé, etc. En fait, depuis dix ans, ce pacte social québécois durement gagné à la Révolution tranquille s’effrite néo-libéralement à une vitesse folle, une vitesse qui exige deux mains sur le volant... Si on tenait tant à se comparer, on verrait rapidement qu’il y a ailleurs dans le monde d’autres formules tout à fait adaptables à notre société, ici et maintenant.
Et si, en Occident, nous étions ceux qui disent : «Ça suffit !»? (Oui, oui, les Français du Nord-est américain, ceux qui ne disent jamais rien et qui sont en proie à devenir le nouveau cheap labor minier, ceux-là, nous-autres). Tout un peuple qui crie son désaccord avec l’inégalité croissante entre riches et démunis; qui s’insurge contre des profits toujours plus grands des institutions financières parallèlement avec notre pouvoir d’achat toujours décroissant; des hausses dans tous les secteurs et toujours moins de services sociaux au moment où la Commission Charbonneau enquête sur les fuites monumentales d’un gouvernement qui gère comme un Parrain.
Quand je vois jour après jour la colère populaire grimpante qui se manifeste partout dans la Belle Province, mouvement qui a amplement dépassé les revendications de la lutte étudiante, je suis ému, littéralement. Le ras-le-bol est généralisé. Nous avons créé un monstre, un solide et splendide monstre.
Les yeux du monde occidental sont rivés sur notre détermination, ils veulent voir nos espoirs de changement possibles, et ce, même dans l’ombre de la botte corporative. Notre succès fera infiniment plus de bruit que nos casseroles.
Laurent AGLAT
D. Musique composition
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
1 juin 2012« Il serait grand temps que ce vieux complexe de colonisés-mangeux-de-poutine s’éteigne, à jamais ».
Pour se sortir d'un quelconque complexe, il faut tout d'abord en être conscient, ce qui ne semble pas le cas du Québécois moyen, plus préoccupé par le sort d'une bande de gladiateurs en mal de narcissisme que par celui de sa propre langue et par le fait même de sa pensée. Le Québécois moyen ne pense pas, il dépense sa seule chance, le crédit accordé à une langue vivante qu'il laisse mourir faute de secouer sa propre servitude.
Il y a longtemps que je ne m'identifie plus à la culture québécoise, ayant découvert une singularité ailleurs. Les Québécois ne cherchent pas à s'élever en s'éduquant, en voyageant - même en eux par l'entremise de la littérature. Ils abrutissement dans le sport de masse (le hockey, pur nihilisme s'il en est un) et leur activité favorite, la négation d'eux-mêmes par l'entremise de leurs artistes sans culture et discernement intellectuel. Est-ce que la nouvelle génération pourra changer ça? On peut en douter car la masse ne le souhaite pas et les élites le sachant, en abusent.
Un printemps érable? Déjà l'expression sonne populiste et semble porteuse de lynchages carabinés.
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
31 mai 2012Pour faire une révolution, il faut d'abord renverser le gouvernement coupable de ces injustices!
Si la rue fait du bruit, il y a encore une majorité de satisfaits qui attendent les élections en se délectant du sirop que distillait le Joker après l'impasse de sa ministre: "Non, les programmes d'épargne-étude, ça été créé pour les familles de la classe moyenne, pour que leurs enfants puissent aller dans nos universités de qualité... et eux, ils voudraient mettre la main là-dedans?... Non,non, on n'acceptera pas ça!" lance-t-il en tournant les talons avec une moue de dédain...
Comme Michel David avait raison de dire que les négos sont impossibles: les parties se détestent trop!
Un chef d'État qui déteste une grosse partie de sa population, on voit ça ailleurs... des chefs qui tirent sur leur population...
Le prestidigitateur peut endormir quiconque ne se renseigne pas... ou bien cherche des faveurs... Or ces catégories foisonnent dans ce pays corrompu! On en est venu à croire au Plan Nord!...
Seule solution pour ceux qui le voient manoeuvrer: S'UNIR!
Ces élections viendront bien un jour: un Patriote se montrera-t-il pour éclairer le mouvement visant à battre les candidats libéraux? Suffira de donner clairement le mot d'ordre pour ne pas nous diviser entre partis indép: au dernier sondage de la campagne, le plus avancé des anti-libéraux doit être élu!
Martin Lavoie Répondre
31 mai 2012Belle analyse de ce qui se passe Laurent. Je partage ta joie et il est évident qu'on a l'occasion de définir d'autres modèles que ce Néo-Libéralisme dont les tenants auront, je l'espère fortement , à rendre des comptes, surtout ceux de leur effraction et évasion fiscale.
Oscar Fortin Répondre
31 mai 2012Si nous parlons de l'Occident par rapport à l'Orient, il ne faudrait pas oublier tous ces peuples au sud du Rio grande qui sont également de l'Occident. En ce sens, il faut reconnaître que le mouvement amorcé par les pays émergents de l'Amérique latine, tels la Bolivie, l'Équateur, le Venezuela, le Nicaragua et d'une certaine mesure l'Argentine et le Brésil sont plus des phares qui guident vers le devant que des lumières perdues dans le passé.
Il faut également signalé le mouvement étudiant au Chili qui dure depuis plus d'une année et cet autre plus anciens du Mexique qui avait, alors obtenu que l'éducation soit accessible à tous et gratuite.
Ceci dit, je suis bien d'accord avec l'auteur que le mouvement étudiant du Québec canalise des forces et des orientations porteuses de ces changements que l'ensemble de nos sociétés ont besoin de réaliser.