La raison pour laquelle nous demandons un moratoire est simple: le gouvernement Charest n'a tenu aucun compte des faits scientifiques, économiques, de santé et écologiques avant de nous lancer dans leur stratégie énergétique absurde. Et le rapport du BAPE vient de le souligner à gros traits.
PHOTO: STEVE DESCHENES, ARCHIVES LE SOLEIL
Claude Béland, Gérald Larose, Réjean Parent, Daniel Breton*
* Les auteurs réagissent au blogue d'André Pratte intitulé «Gaz: le dérapage», mis en ligne dimanche dernier, et à la chronique d'Alain Dubuc intitulée [«Le club des ex»->35748], publiée vendredi dernier.
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1) Notre groupe de signataires n'a pas employé un langage excessif pour dire que nous avons été spoliés de nos ressources énergétiques. Notre énergie a été progressivement prise sous contrôle du gouvernement... jusqu'à celui de Jean Charest, retournant à une gestion duplessiste. Si vous êtes heureux de vous contenter d'emplois, nous considérons que de donner nos ressources non renouvelables pour des broutilles est un retour à un modèle colonial extraordinairement dépassé dont nous nous étions sortis. Ce gouvernement a décidé de nous y retourner, à notre insu, sans notre consentement et en parfaite contradiction avec le «Maîtres chez nous» dont le PLQ se réclamait aussi récemment qu'en mai 2009 au conseil de l'énergie du PLQ à Laval.
2) Nous n'avons jamais dit que nous devions tout nationaliser. Si vous aviez pris la peine de nous le demander, nous aurions pu vous le dire comme nous l'avons dit à tous ceux et celles qui nous l'ont demandé. Nous exigeons cependant que le contrôle principal soit étatique (5% par exemple).
3) Affirmer que les claims ne valaient rien et que c'est la raison pour laquelle les entreprises n'ont pas payé que 10 cents l'hectare est tout aussi faux. L'émission Découvertes du 11 janvier 2004 prouve qu'Hydro-Québec gaz et pétrole avait fait ses devoirs et comptait exploiter sous peu entre autres sur l'île d'Anticosti après avoir trouvé le potentiel intéressant. Ainsi, c'est la société d'État qui a pris les risques et une fois que le gouvernement de Jean Charest a pris le pouvoir, il a forcé le démantèlement d'Hydro gaz et pétrole et la cession des droits d'exploration en vertu de notre régime minier antédiluvien.
4) S'il y a bien un système passéiste, c'est ce fameux système minier. Le Vérificateur général du Québec l'a prouvé. Outre le fait que la très grande majorité des droits d'exploration ont été cédés à vitesse grand V juste après le démantèlement d'Hydro gaz et pétrole pour des grenailles, les redevances, en vertu du système actuel sont inacceptables. Entre 2002 et 2008, ils n'ont rien rapporté à l'État! Sur plus de 15 milliards de dollars de revenus des minières, nous avons perdu plus de 300 millions! Ajoutons à cela que le seul endroit en Amérique du Nord où les entreprises n'ont pas à payer de loyer est le Québec. Comment se fait-il que le gouvernement ait tout cédé avant et décidé de réécrire cette loi après? De plus, ignorez-vous que lorsque Mme Normandeau a dit aux minières que son gouvernement changerait la loi des mines, ce n'était que dans le but de faciliter la vie à ces entreprises... Donc, les passéistes ne sont pas nous, mais bien ceux qui se contentent d'un tel système...
5) La raison pour laquelle nous demandons un moratoire est simple: ce gouvernement n'a tenu aucun compte des faits scientifiques, économiques, de santé et écologique avant de nous lancer dans leur stratégie énergétique absurde. Et le rapport du BAPE vient de le souligner à gros traits. Nous devons retourner aux résultats du débat national sur l'énergie qui ont été l'objet d'un large consensus, mais ont été mis aux orties par MM. Bouchard, Caillé, Charest et Vandal. Nous devons refaire ce débat afin que notre avenir économique et écologique soit clair et solide pour tous.
6) Finalement, oui, nous sommes nostalgiques. Nostalgiques du temps où la parole d'un homme d'État tel que MM. Godbout, Lesage ou Lévesque était crédible. Au même moment où M. Charest disait en 2009 qu'il ferait du Québec «le leader mondial des énergies vertes», il approuvait douce l'exploitation des hydrocarbures et de l'uranium. Nous sommes face à des cachotteries de la part du gouvernement, au silence de l'industrie qui refuse de nous donner des faits tels que l'entente entre Pétrolia et Hydro-Québec ou la teneur des produits toxiques injectés dans le sol pour la fracturation.
Voilà pourquoi nous voulons, comme Québécois, reprendre le contrôle de notre avenir énergétique. Pour que nous décidions collectivement de notre avenir.
Et nous n'accepterons jamais le retour au statut de colonie énergétique.
Le Québec ne doit pas redevenir une colonie énergétique
Et nous n'accepterons jamais le retour au statut de colonie énergétique.
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