Si on veut un exemple du pourquoi la population devient cynique face à la politique, regardez vers Pierre Moreau.
Le 4 aout dernier, le journaliste Alexandre Shields, un spécialiste des questions environnementales, publiait un article qui en a fait sourciller plus d’un.
Digne successeur de Louis-Gilles Francoeur au Devoir, Shields n’a pas lâché le morceau. Il tenait à faire le suivi sur une promesse faite par le ministre Pierre Moreau; soit celle qu’il serait impossible pour les compagnies pétrolières et gazières de forer dans nos lacs et rivières.
Si vous êtes comme moi, vous pensez que c’est tout simplement indécent de juste songer à permettre les forages dans nos lacs et rivières, que le Québec est riche de ses ressources hydriques, que notre eau devrait être une ressource sacrée et que ceux qui mettrait ce trésor en danger, notamment en la livrant aux compagnies pétrolières et gazières, devraient être disqualifiés de nous gouverner.
C’est probablement pour ça que le journaliste Shields a dû insister en baptême pour avoir des réponses auprès du ministère de Pierre Moreau.
Ce gouvernement « qui sera le plus transparent de l’histoire » tel que le promettait Philippe Couillard en 2014 – quelle farce que celle-là -, s’est employé par tous les moyens afin d’avoir à répondre aux questions du journaliste du Devoir. Et jusqu’à la dernière minute. Extrait de son texte :
« Depuis le mois de juin, Le Devoir a demandé à plusieurs reprises au ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) de préciser si la Loi sur les hydrocarbures autorisera les forages dans les lacs et les rivières du Québec. C’est finalement vendredi après-midi, au moment où se terminaient les 45 jours de consultation sur les projets de règlements de la future législation, que le MERN a répondu à nos questions. »
Un classique des communications de ceux qui espèrent passer sous le radar, répondre à la limite du temps dévolu, un vendredi après-midi en plein été.
J’imagine qu’on espérait que cette réponse passe inaperçue.
C’est que le 8 juin dernier, le ministre Moreau avait piqué une sainte colère contre Le Devoir qu’il accusait de colporter des faussetés sur ce dossier :
« Le ministre de l’Énergie assure qu’il ne sera jamais possible de réaliser des forages pétroliers ou gaziers dans des lacs ou des rivières du Québec. Le gouvernement a néanmoins publié un projet de règlement dans le but d’encadrer les activités d’exploration et de production « en milieu hydrique », en vertu de la Loi sur les hydrocarbures. Une situation décriée par des groupes écologistes.
« Il n’y aura pas de forages dans les lacs et les rivières », a affirmé jeudi le ministre Moreau, en entrevue au Devoir. »
Pierre Moreau mentait. Effrontément. Et il espérait passer tout ça en douce, pendant la période estivale. C’est dégueulasse.
Autre angle à cette histoire, Alexandre Shields nous apprend que « plus de 70 % du territoire québécois sous permis d’exploration pétrolière et gazière est contrôlé par des entreprises de l’extérieur du Québec, majoritairement albertaines. Avant le passage de Junex et de Pétrolia à des intérêts albertains, plus de 70 % des permis étaient contrôlés par des entreprises québécoises. En Gaspésie, à peine 7 % des permis sont désormais détenus par des intérêts québécois. »
Que savaient les acquéreurs de Junex et Pétrolia ? Du moins tout ça est bien inquiétant. Cette question devra être discutée pendant la prochaine campagne électorale. Une majorité claire de Québécois rejetait la construction de l’oléoduc Énergie Est au nom de la protection de nos cours d’eau.
On devra dès lors inclure cette question au nom des dossiers sur lesquels les Québécois devront trancher.
Il est impératif de savoir ce qu’en pense la CAQ de François Legault. Il y a au sein de son parti des fervents partisans de l’exploitation pétrolière. En 2016, la CAQ et le PLQ avaient refusé d’appuyer une motion du Parti québécois pour s’opposer à la construction d’Énergie Est.
La CAQ compte parmi son équipe économique, un certain Youri Chassin de l’Institut économique de Montréal, think tank de la droite fiscale radicale. Et pour comprendre comment ce « candidat vedette » de la CAQ, destiné à un poste de ministre si François Legault est élu, envisage les projets pétroliers, je vous invite à faire l’écoute de ce débat à Bazzo.Tv entre lui et Denis Coderre sur la question d’Énergie Est.
On ne badine pas avec nos ressources. Cette question est fondamentale. Dans le passé, la CAQ a penché du côté du PLQ (cela surprend quelqu’un ?) en matière d’exploitation pétrolière.
Que François Legault réponde aux questions. Oui ou non les forages dans nos lacs et rivières ?