S’il y a un dossier qui nous interpelle, de façon récurrente, c’est bien celui de l’immigration. Son instrumentalisation à des fins électoralistes a atteint un niveau tel que le simple fait de questionner les niveaux d’immigration devient suspect.

Pourtant, il est tout à fait légitime, dans un contexte d’austérité, de les envisager aussi à la lumière de la capacité d’accueil du Québec et des ressources s’y rattachant, sans risquer de se faire traiter de raciste.

Le Québec à l’avant-garde

D’ailleurs, en cette matière, le Québec fait œuvre d’avant-garde, là où l’Europe et les États-Unis ont échoué. Depuis longtemps, la détermination des niveaux d’immigration est encadrée par des consultations publiques en commission parlementaire.

François Legault n’aurait pas été accusé de «souffler sur les braises de l’intolérance», par le premier ministre Couillard, si ce dernier n’avait pas annoncé que le Québec accueillerait 60 000 nouveaux arrivants, par année, cinq mois avant que ne débute la consultation publique et avant même que l’Assemblée nationale n’en dégage un consensus.

C’est dire la surenchère qui empoisonne ce débat dès que la partisanerie politique s’en mêle. Cette polarisation devient encore plus toxique quand les victimaires branchés sur l’islamophobie en font leur cheval de bataille et réclament la mise sur pied d’une commission d’enquête publique sur le racisme et la discrimination systémique.

Il est vrai que de nombreux Québécois issus des communautés culturelles et des nouveaux arrivants rencontrent des difficultés à accéder au marché du travail et à des cours de français adéquats. Le gouvernement doit rendre des comptes à cet effet, mais dire que le Québec est islamophobe et raciste, non.

Nombreux sont les Québécois d’origine maghrébine qui se sont installés ici, après un premier parcours chaotique en Europe. Leur insertion dans la société ne s’est pas faite aisément, mais quand ils entendent les hauts cris des chantres de l’islamophobie, ils disent: «Si vous trouvez que le Québec est raciste, essayez la France!»