Un souffle nouveau sur notre démocratie

Le Programme d'Option nationale

Tribune libre

Dès ses débuts en tant que « A » de la tournée de « l’ABCD de la souveraineté », je m’étais rangé dans le camp de Jean-Martin Aussant, député de Nicolet-Yamaska. Les quelques vidéos de la tournée qui sont disponibles sur des sites comme Youtube me servent d’ailleurs régulièrement à expliquer l’indépendance à des gens du Canada anglais ou, à plus forte raison, à des Québécois.
C’est pourquoi, lorsque l’annonce fut faite en août de la création d’un nouveau parti, j’étais loin de prendre part au discours péquistisant qui avançait que, loin d’aider la cause, ce parti nous diviserait. M. Aussant, en dévoilant sa plateforme, hier, a répondu à toutes les attentes – et bien davantage - d’un parti neuf, d’un parti du renouveau et de la jeunesse, et ce, avec clarté et éloquence.
Car c’est ce qui fait cruellement défaut au PQ, selon moi : l’honnêteté d’assumer pleinement la révolution que serait la création d’un nouveau pays. Raymond Archambault soulignait que le parti désirait placer la souveraino-indépendance en filigrane de toute action du parti ; or ce n’est pas en teignant ses idées dans un bain de souverainisme mièvre qu’on porte l’idée à bout de bras.
Option nationale pallie brillamment à cela. L’indépendance n’y est certainement pas en filigrane : le programme EST l’indépendance. Au lieu de demander à Ottawa pour des vétilles, et croiser les doigts pour qu’ils refusent en espérant que ça crée une crise propice à l’indépendance, j’appelle ça de l’hypocrisie. Option nationale ne propose rien de cela : le parti n’en est pas un d’affrontement et de querelle. À laisser entendre, comme Marois et Duceppe, qu’il y a une stratégie « secrète » (« ne faisons pas de stratégie ouverte sur la place publique »), ce n’est rien pour donner confiance aux électeurs. ON propose plutôt une affirmation de la souveraineté de fait du Québec, entre autre à l’aide d’une Constitution du Québec, et avance que celle-ci servira à la reconnaissance politique de l’indépendance du Québec. Avouer qu’en plus d’être davantage frondeur, ce programme inspire davantage confiance que n’importe quelle « gouvernance souverainisme » à laquelle nous a habitué le PQ de l’étapisme.
Le Programme

1. Des Gestes de reprise en main pour l’avenir du Québec

Le programme d’ON laisse une place de choix aux jeunes, aux citoyens et aux régions. Que ce soit au plan de l’éducation, de la santé ou des transports, c’est une réelle révolution des mœurs politiques qu’il propose, sans toutefois délaisser l’économie. Au plan de l’indépendance, il ne sera pas question de déblatérer sur les fameux « cent jours après un OUI », puisque la table sera déjà mise pour l’indépendance – le peuple n’aura qu’à faire un pas pour entrer dans la salle à dîner.
C’est dans cet optique que la première section de la proposition de plateforme, « Des Gestes de reprise en main pour l’avenir du Québec » propose de rapatrier Lois, Impôts et Taxes, question de faire le L.I.T. du Québec. Il en est de même avec les traités internationaux. Quant à la question d’une Constitution, j’en ai parlé plus haut ; l’idée est dans le vent depuis quelques temps, aussi il allait de soi que celle-ci serait élaborer par la populace accompagné par des experts, et serait en elle-même une déclaration de souveraineté de notre état.

2. Pour une économie du Québec qui enrichit les Québécois

Par rapport à l’économie, on pouvait s’attendre, de la part d’un économiste tel que Jean-Martin Aussant, à ce que la section « Pour une économie du Québec qui enrichit les Québécois » soit exhaustive. En effet, constituée de 17 articles, elle est la plus longue des six sections du document de travail. Au plan des ressources naturelles, il y a tout pour charmer les Verts : il y est question de nationalisation de ressources naturelles, de moratoire sur l’hydro-fracturation du schiste, d’une Charte du bois, et, je le souligne, d’une déclaration de l’eau et des terres agricoles en tant que « patrimoine national. » Voilà une des propositions qui m’enchante le plus, personnellement, et qui fait vibrer le nationaliste en moi qui sent, pour la nouvelle génération, un besoin criant d’établir de nouveaux symboles. La protection de l’eau et de l’agriculture s’en trouveraient ainsi, d’une main de maître, conservés, protégés et gratifiés.
Sur les blogues, l’idée qu’incruste ON dans sa proposition de lancer le fameux grand chantier d’un monorail électrique suspendu est probablement celle qui a le plus fait jaser. Ce projet circule depuis longtemps dans les régions, particulièrement dans le Bas-du-Fleuve, puisque le projet, je crois, serait de suivre la 20 de Montréal jusqu’à Rimouski. L’Aut’journal avait d’ailleurs, de mémoire, dédié un dossier à ce sujet dans un numéro de l’an passé. Cette idée, comme celle de faire de l’eau et de l’agriculture des parties d’un patrimoine national, est forte en symbole, particulièrement dans un Québec dans lequel les médias semblent prendre un malin plaisir à monter chacun contre tous. La symbolique, encore une fois, y est très forte, je dirais même puissante : étant une idée citoyenne, elle serait notre grand tronc, celle qui pourrait unir le Québec dans un grand chantier novateur (suis-je en train de paraphraser Charest dévoilant son Plan Nord ? ah-heum…). Si vous voulez plus d’information à ce sujet, le site est assez bien rodé :
http://www.trensquebec.qc.ca/index.php .
Autrement, Réforme de la fiscalité, révision du mandat de la Caisse de Dépôt et de Placement, Banque du Québec, « éco-fiscalité » et « économie sociale » sont au rendez-vous. C’est de cela que je voulais parler, entre autres, quand je parlais de révolution des mœurs économiques. Constatons d’ailleurs qu’ON réussit là où QS a lamentablement échouer : allier valeurs de gauche et de droite pour enrichir les Québécois globalement plutôt que d’entretenir une guerre de classes.
Parmi d’autres mesures novatrices, mentionnons l’établissement d’internet haute-vitesse sur tout le territoire québécois. Le marché québécois est l’un des plus lucratifs pour les magnats des technologies, puisque nous nous laissons marcher sur le dos en acceptant que les frais soient parmi les plus élevés en Amérique. On pallierait ainsi à un cruel manque à gagner en faveur des Québécois, tout en prenant une longueur d’avance sur nos voisins. Je sais que d’autres pays, comme le Japon, ont efficacement mis cette politique en œuvre. Dans tous les cas, voici une autre mesure qui parlent à tous, partisans ou non, et qui est forte en symbole.
Les mesures de décentralisations vers les régions sont également en soi des révolutions de mœurs. Nous avons été habitués à ce que les partis souveraino-indépendancetemps concertent leurs actions autour de la métropole pour des visées électoralistes bien évidentes. Ce qu’ON propose, c’est de créer des Conseils régionaux, à qui l’état délègueraient certains pouvoirs, donnant aux régions une plus grande latitude dans l’épanouissement de leur caractère propre. Conseils qui regrouperaient agences de santé, commissions scolaires conférences régionales.
Autrement, l’article 2.16, « Fera de Gatineau un pôle majeur de l’administration publique, avec Québec et Montréal » tient, selon moi, du sublime : enfin, on ne se met pas la tête dans le sable face aux erreurs du référendum de 1995. Oui, il faut dire aux gens de la rivière des Outaouais ce qui les attend, advenant l’indépendance. Oui, il y a de la place pour eux à la table des grands centres urbains.

3. Pour le meilleur système d’éducation et de formation

Avec cette section, un des publics-cible d’Option nationale est clairement identifié. Tout y passe : gratuité scolaire de la maternelle au doctorat, histoire nationale obligatoire au cégep, nouvel ordre professionnel, davantage d’éducation physique, deuxième langue internationale (fini le monopole de l’anglais au secondaire !), alléger les structures administratives, sans aller jusqu’à centraliser à outrance… La seule mesure qui me laisse tiède est celle de faire passer l’âge de l’instruction obligatoire de 16 à 18 ans. Autrement, d’aucuns conviendront que, s’adressant ainsi à la jeune génération, ON est définitivement tourné vers l’avenir au lieu de scruter nos poches.

4. Pour une nation en santé

Dans cette section, sauf peut-être l’idée de confier plus de pouvoir aux pharmaciens, et créant Pharma-Québec, qui gérera les prix des médicaments, il y a beaucoup d’idées dans l’ère du temps, qui ne feront sursauter personne. Élargir le rôle des infirmières, caractère du public du système de santé, médecins de famille, rémunération des médecins…

5. Pour une langue et une culture nationale

Ici, l’article m’ayant plu davantage que les autres est celui sur les langues et cultures autochtones, affirmant, considérant l’indissociable parenté de nos cultures, l’importance de dégager des fonds et de mettre un place une stratégie effective afin de revaloriser langues et cultures autochtones. Lévesque n’aurait pas fait mieux.
Interdiction des écoles passerelles, évidemment, puis immigration en région, Charte de la langue française à toutes les entreprises sont au menu. Rien de moins, bien entendu.

6. Pour des institutions et un État moderne fiables

Parmi mes points favoris, qui donneront, j’en suis sûr, un souffle nouveau sur le débat qui fait rage, il faudra mentionner l’abolition du poste de lieutenant-gouverneur, la mise sur pieds d’une commission sur la concentration des médias (le PQ n’oserait jamais !), la restriction de l’accès aux lobbys ainsi que l’introduction de composantes de proportionnalité lors des scrutins, de quoi satisfaire les plus voraces comme les plus mous.
Le dévoilement de cette proposition de plateforme sera, pour moi et je l’espère pour d’autres, providentiel. Je ne savais plus du tout où j’en étais avec mon militantisme. Me fermer les yeux et garder mon respire pour faire passer un PQ que je juge sclérosé, qui marche sur mes valeurs à tour de bras ? Plus besoin, maintenant. On ne fera plus bouffer de couleuvres à personne. Cette proposition de programme étant tout à fait en phase avec ce que je suis et ce que j’espère de la politique, c’est avec une immense fierté et beaucoup d’espoir que je me joins aujourd’hui à Option nationale.


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